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Intimité et sexualité: 3 raisons de croire que 2020 sera une bonne année

L'année qui s'en vient est flambant neuve.

Par
Rose-Aimée Automne T. Morin
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2019 n’a pas été une année reposante, au rayon de l’intime. Partout dans le monde, des personnes ont été punies pour leur orientation sexuelle, d’autres assassinées après avoir milité pour qu’on reconnaisse la légitimité de toutes les identités de genre. Dans notre propre pays. Et disons qu’après des années de vives blessures, on n’est toujours pas parvenu à faire régner le consentement. Heureusement, il y a de l’espoir pour 2020. Ce n’est pas moi qui le dis, ce sont des expert.e.s de ce champ important de notre vie. Voici en quoi, à leur avis, l’année qui s’en vient est flambant neuve…

Un début d’envie d’écoute

«#MeToo nous a secoué l’intimité solide et continue de le faire. On se questionne davantage sur comment faire les choses, comment séduire, comment ramener la légèreté », pense Myriam Daguzan Bernier, conférencière, étudiante en sexologie et autrice de Tout nu ! Le dictionnaire bienveillant de la sexualité.

2020 s’ouvre sur une société qui a besoin de shaker solide ses préjugés et ses idées préconçues sur la sexualité. Et ça commence à bouger!

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« L’année dernière, j’ai été marquée par ce texte de la chroniqueuse et autrice française Maïa Mazaurette qui expliquait qu’on est désormais un peu désenchanté.es de la sexualité et des rapports intimes. J’avoue que c’est venu me chercher. On a comme une lourde chape de plomb sur les épaules, surtout si on est moindrement féministe et allumé.e sur les questions de genre, d’identité, d’inégalités, de violences sexuelles, etc. En plus, 2019 est une année rough en sale, avec plus d’une centaine de femmes tuées sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint, en France. Il y en a eu ici aussi. Bon, je sais! On n’est pas dans la joie, mais c’est souvent par des événements souffrants comme ça que se font les prises de conscience. Alors 2020 s’ouvre sur une société qui a besoin de shaker solide ses préjugés et ses idées préconçues sur la sexualité. Et ça commence à bouger! Les jeunes ont souligné le parcours d’une femme trans en offrant un prix Mammouth à Khate Lessard et ont aussi célébré Roxane Bruneau, qui parle ouvertement de son orientation sexuelle. Il y a peut-être une écoute plus grande, une curiosité, une envie de connaître l’autre qui se distille par-ci, par-là. Doucement, mais sûrement. »

Oser parler de sexualité

Le sexologue et psychothérapeute François Renaud ne veut pas tomber dans l’autopromotion, mais ce qui lui permet de croire que 2020 va nous améliorer l’intimité, c’est la présence croissante de sexologues dans les médias. Un moyen important de parler de sexualité de façon utile et intelligente.

«Je pense à la chronique hebdomadaire plutôt que sporadique tenue à l’émission Pénélope – où on va bientôt parler de pegging –, à l’émission Zone Franche où on a entre autres vu Julie Lemay parler d’éducation sexuelle, à Sylvia Galipeau et ses articles réguliers sur la sexualité, etc. On dirait qu’on sort des articles et émissions sur les meilleures positions sexuelles et la performance pour enfin parler d’enjeux de la sexualité: les réalités trans et LGBTQ, l’intimité sexuelle dans plusieurs sphères, les éléments relationnels de la sexualité, les différents styles de relations, l’égalité homme-femme, les abus, la masculinité toxique, etc. Je sens une ouverture de la part de la population qui veut acquérir ce genre d’informations. Et tout cela n’aura que des bienfaits sur l’intimité sexuelle de notre société. »

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La parole des femmes

Parlant de la sexologue et autrice Julie Lemay, je lui ai aussi demandé ce qui la rendait enthousiaste, en 2020. Elle m’a répondu que c’était un choix difficile à faire, mais qu’elle avait finalement envie de souligner la multitude d’initiatives de femmes qui luttent pour remettre en question l’ordre établi à grands coups de paroles et d’initiatives inspirantes.

2019 nous a quand même offert des modèles kick-ass, comme cette merveilleuse leader environnementale neuroatypique (Greta Thunberg, précis-je pour toute personne ayant passé l’année dans une grotte lointaine), Sanna Marin (qui, à 34 ans, est devenue la plus jeune cheffe de gouvernement du monde en étant élue première ministre de la Finlande) et plus près d’ici, je m’en voudrais de ne pas souligner la force, l’éloquence et la résilience de Catherine Dorion.

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« Oui, à long terme, tout ça aura un impact sur l’intimité, inévitablement rattachée à la notion d’égalité! Pensons-y : 2019 nous a quand même offert des modèles kick-ass, comme cette merveilleuse leader environnementale neuroatypique (Greta Thunberg, précis-je pour toute personne ayant passé l’année dans une grotte lointaine), Sanna Marin (qui, à 34 ans, est devenue la plus jeune cheffe de gouvernement du monde en étant élue première ministre de la Finlande) et plus près d’ici, je m’en voudrais de ne pas souligner la force, l’éloquence et la résilience de Catherine Dorion. On pourrait également penser à l’actrice Emma Watson qui a mis en lumière le concept de « self partnership » plutôt que célibat (ça c’est oui! développons-le, ce vocabulaire!), au travail génial d’Édith Bernier avec la création du blogue de référence grossophobie.ca, Safia Nolin et son magnifique clip pour Lesbian Break Up Song, Martine Delvaux et la publication de l’essai Le Boys Club. Bref, les exemples ne manquent pas et personnellement ça m’émeut. Ça me rend fière. Je crois au pouvoir de leurs actions, au pouvoir de nos actions. Je crois au pouvoir de déconstruire des idéologies toxiques pour arriver à reconstruire sur des bases saines et tendre, oui, vers un monde meilleur! »

On le fait? ON LE FAIT!

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