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Fumer, manger ou vaporiser en réduisant les risques

Des conseils pour éviter les risques liés aux différentes méthodes de consommation du cannabis.

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URBANIA et le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec sont fiers de s’associer pour sensibiliser les jeunes de manière décomplexée à la consommation sécuritaire de cannabis.

Finie l’époque où on devait choisir entre des cocottes trop sèches, des plombs de haschich ou des muffins maison : le cannabis existe aujourd’hui sous tant de formes et peut être consommé de tellement de façons qu’il peut parfois être difficile de s’y retrouver. Quelle méthode de consommation est la moins nocive pour les poumons? Est-ce que certaines formes posent un risque accru de dépendance ou d’intoxication?

Consommer ou non du cannabis est un choix personnel qui vous revient. Si vous décidez de le faire, afin de vous aider à faire des choix éclairés et à consommer en toute connaissance de cause, nous vous présentons aujourd’hui les différentes formes de cannabis offertes sur le marché et leurs méthodes de consommation respectives ainsi que toute l’information dont vous aurez besoin pour choisir adéquatement celle qui vous convient. Myriam Laventure, professeure titulaire et directrice du certificat en toxicomanie de l’Université de Sherbrooke, vous donne aussi quelques conseils pour éviter les risques liés à la consommation.

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Fumer les fleurs séchées : la méthode old school

Pot, cocottes, buds : tous ces mots désignent les fleurs séchées de la plante, la forme de cannabis la plus commune au Canada. Roulées dans un joint ou fumées à la pipe ou au bong, elles livrent leurs effets psychotropes en quelques instants. Selon le niveau d’expérience de l’utilisateur et du contexte, ces effets peuvent durer jusqu’à deux heures.

Comme c’est le cas avec le tabac, la fumée générée peut irriter les voies respiratoires et causer de fortes toux après l’inhalation. Elle comporte aussi certains éléments toxiques pouvant favoriser l’apparition de problèmes pulmonaires tels que la bronchite chronique.

Certains consommateurs pourraient croire que l’utilisation d’un bong est moins nocive pour les poumons, mais ce n’est qu’un mythe.

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Certains consommateurs pourraient croire que l’utilisation d’un bong est moins nocive pour les poumons puisque la fumée circule dans l’eau avant l’inhalation, mais ce n’est qu’un mythe. L’eau ne filtre pas les sous-produits toxiques, elle sert simplement à refroidir la fumée, pour une puff qui vous prendra moins à la gorge.

Le conseil de Myriam : avec le cannabis, c’est important de savoir ce qu’on fume! Elle vient d’où, votre cocotte? Est-ce que vous savez ce qu’il y a dedans? Idéalement, il faut connaître les taux de THC (le principal composé psychoactif) et de CBD (un composé qui module l’effet du THC de diverses façons) du cannabis qu’on s’apprête à fumer pour éviter les mauvaises surprises, même si son effet n’est pas toujours prévisible. Sinon, il faut s’assurer de consommer seulement dans un contexte sécuritaire. Dans les contextes où garder toute sa tête est nécessaire, vaut mieux s’abstenir. Évidemment, les personnes qui fument depuis longtemps et qui sont habituées à fumer ont tendance à mieux connaître leurs propres réactions au cannabis, mais pour les débutants, il est préférable de consommer de plus petites quantités pour commencer et d’éviter de fumer seul.

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Un dernier point : le cannabis n’est pas une béquille. Fumer quand on se sent triste, déprimé.e ou en colère, ça peut faire un peu de bien sur le coup, mais ça devient rapidement une pente glissante vers un trouble de l’usage. Surtout, ça peut faire l’effet inverse et empirer l’émotion négative.

Vaporisation et vapotage : deux méthodes différentes, des risques distincts

La vaporisation consiste à chauffer la fleur ou un extrait à une température inférieure à sa température de combustion, ce qui libère les principaux composés actifs du cannabis sans produire de fumée. Pour ce faire, on utilise généralement un vaporisateur stationnaire ou portatif, un appareil électronique conçu à cet effet.

certaines personnes pourraient avoir tendance à trouver que l’effet est plus subtil, ce qui peut les encourager à consommer davantage… jusqu’à ce que ce soit trop.

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Cette méthode de consommation génère moins de sous-produits toxiques que le cannabis fumé, mais les données sont encore insuffisantes pour pouvoir déclarer hors de tout doute qu’elle est à privilégier. Des risques encore inconnus pourraient être révélés au fur et à mesure que la recherche à ce sujet progresse.

Le conseil de Myriam : avec la vaporisation, certaines personnes pourraient avoir tendance à trouver que l’effet est plus subtil, ce qui peut les encourager à consommer davantage… jusqu’à ce que ce soit trop. Assurez-vous de toujours attendre un peu avant de reprendre une bouffée pour éviter d’être submergé.e par l’effet.

Le vapotage, quant à lui, désigne une pratique différente et beaucoup plus risquée. On parle ici des cigarettes électroniques (oil pens, vape pens, etc.) qui contiennent un extrait liquide de cannabinoïdes combiné à un diluant, comme la glycérine végétale ou le glycérol. Le vapotage de produits du cannabis est associé à une maladie pulmonaire grave dont les causes sont à ce jour inconnues. Pour cette raison, on recommande fortement d’éviter cette méthode de consommation. Il est aussi important de mentionner que les produits de cannabis à vapoter ont souvent un taux très élevé de THC, ce qui peut augmenter les risques de mauvaises expériences, surtout chez les consommateur.trice.s inexpérimenté.e.s.

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Un autre risque associé au vapotage touche particulièrement les appareils du marché noir. Ces derniers ont déjà explosé dans les mains de consommateurs, causant parfois des blessures graves au visage. Il est difficile de prévoir le mauvais fonctionnement d’un appareil, mais si le vôtre provient du marché noir et qu’il ne semble pas fonctionner parfaitement, il vaut mieux ne plus y toucher.

Le tamponnage d’extraits de cannabis : pour un taux de THC plus élevé

De plus en plus populaire, le tamponnage (aussi appelé dabbing) consiste à vaporiser un extrait de cannabis en le plaçant contre une surface en cristal ou en titanium (banger) qui a préalablement été chauffée à très haute température. Ces extraits se trouvent sous une variété de formes : shatter, crumble, rosin, wax, budder… Ils ont tous une texture différente, mais ont en commun un taux de THC extrêmement haut, qui dépasse souvent 90 %. Le haschich fait aussi partie de la famille des extraits, mais son taux de THC est beaucoup plus bas (de 10 % à 30 %) et il est généralement fumé au lieu d’être vaporisé.

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Les températures employées avec le tamponnage sont beaucoup plus hautes que celles des vaporisateurs électroniques, ce qui peut libérer quelques sous-produits nocifs pour la santé des poumons. De plus, le tamponnage a quelquefois été associé à une maladie pulmonaire grave, bien que ce soit beaucoup plus rare qu’avec le vapotage d’extraits liquides.

la proportion de consommateur.trice.s de cannabis qui rapportent des symptômes de dépendance est plus grande chez ceux et celles qui tamponnent.

Le principal risque provient toutefois du haut taux de THC des extraits tamponnés, qui peuvent causer de l’anxiété, de la paranoïa, des étourdissements ou des nausées beaucoup plus facilement que les autres formes de cannabis. Puisque ces fortes doses de THC sont administrées en seulement quelques secondes, il est possible que le tamponnage soit plus susceptible de causer une tolérance ou une dépendance chez l’usager.ère. D’ailleurs, la proportion de consommateur.trice.s de cannabis qui rapportent des symptômes de dépendance est plus grande chez ceux et celles qui tamponnent. Pour toutes ces raisons, le tamponnage est déconseillé aux personnes qui ont peu d’expérience avec le cannabis.

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Un dernier risque à prendre en compte : le tamponnage nécessite souvent l’utilisation d’un chalumeau. En cas d’inadvertance (ce qui peut arriver après une dab), le risque de brûlure est réel, surtout considérant que le banger prend un bon moment avant de refroidir après avoir été chauffé.

Les produits comestibles : jusqu’à 10 heures de buzz

Le marché actuel du cannabis regorge de produits comestibles variés : bonbons, pâtisseries, barres de chocolat, eaux pétillantes et autres boissons infusées au cannabis permettent d’éviter la fumée et ses composantes irritantes. La plupart de ces produits ne sont pas en vente légale à la SQDC, mais on peut en trouver sur le marché noir ou en magasin dans d’autres provinces canadiennes. C’est sans compter la vaste gamme de produits maison qu’il est possible de confectionner soi-même.

Les effets durent beaucoup plus longtemps : ça peut aller de 4 à 10 heures selon la dose et votre niveau d’expérience.

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L’ingestion de produits comestibles est accompagnée de risques qui lui sont propres. Premièrement, il faut savoir que les effets commencent à se développer beaucoup plus graduellement qu’avec les produits inhalés. Au lieu d’apparaître en quelques secondes, ils peuvent prendre de 30 minutes à une heure et demie avant de se faire sentir. Ils durent aussi beaucoup plus longtemps : ça peut aller de 4 à 10 heures selon la dose et votre niveau d’expérience.

Cette longue durée peut surprendre certain.e.s consommateur.trice.s, tout comme la nature graduelle des effets. Avec les produits inhalés, l’intensité du buzz est à son paroxysme dès les premiers instants : vient ensuite une descente graduelle. Avec les produits comestibles, l’intensité ne cesse de grimper durant les premières heures, ce qui peut générer un sentiment de panique par moments, surtout si l’effet s’avère trop intense ou désagréable.

Rappelons aussi que l’apparence des produits de cannabis comestibles ne diffère pas de celle de leurs homologues sans THC. Le risque d’ingestion accidentelle peut être assez grand si le produit n’est pas convenablement entreposé et étiqueté. Évidemment, les enfants et même les animaux sont particulièrement à risque. La prudence est de mise lorsque des membres de la famille sont vulnérables.

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Le conseil de Myriam : avec les produits comestibles, le plus important, c’est d’être patient, d’attendre que l’effet se soit complètement installé avant d’en reprendre. Ça peut être tentant de manger un autre biscuit après une heure et demie si on ne ressent pas grand-chose, mais c’est mieux d’être prudent pour éviter de faire une surdose et d’être malade.

c’est extrêmement important de connaître la puissance de son produit comestible.

De plus, il faut faire attention au mélange manger-fumer, c’est-à-dire fumer avant l’effet du produit comestible par impatience, parce que ça peut aussi être un facteur de risque pour une surdose. Finalement, c’est extrêmement important de connaître la puissance de son produit comestible. Avec les produits achetés sur le marché légal, ce n’est généralement pas un problème puisqu’ils sont étiquetés clairement selon les normes en vigueur. Par contre, quand on fabrique ses propres produits, le risque est plus élevé : on peut faire une erreur de calcul dans la recette et produire quelque chose de plus fort que prévu, ou simplement un produit comestible inégal. Par exemple, certains des biscuits d’une batch pourraient être plus forts que d’autres parce que le corps gras infusé n’est pas réparti équitablement dans la recette.

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Les produits pour usage topique : un effet local

Crèmes pour les mains, lotions pour le corps, baumes à lèvres et sels de bain au cannabis sont tous des produits pour usage topique. Ils exercent rarement un effet sur le cerveau et servent surtout à traiter une douleur ou à hydrater la peau.

Outre le risque de réaction allergique ou d’ingestion accidentelle par un enfant ou un animal, on connaît très peu les risques de cette méthode de consommation. On estime toutefois qu’ils sont généralement minimes puisque cette forme de consommation ne génère pas d’effet psychoactif.

La dépendance, un risque commun à toutes les méthodes de consommation

Le cannabis a souvent la réputation d’être une substance non addictive aux conséquences moins dramatiques que d’autres substances psychoactives. Pourtant, environ 11 % des consommateur.trice.s développeront une dépendance au cannabis. Bien que ce pourcentage puisse sembler faible, personne n’est à l’abri si aucune précaution n’est prise, et ce, peu importe la méthode de consommation, bien que certaines formes pourraient être plus risquées que d’autres sur ce point (le tamponnage d’extraits à haut taux de THC, par exemple).

«Quand une personne est incapable de cesser de consommer malgré ses bonnes intentions et que sa vie se retrouve affectée négativement sur le plan social, on sait qu’elle a un problème.»

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Pour éviter de tomber dans un cycle de dépendance au cannabis, il suffit d’être vigilant et de savoir reconnaître les premiers signes. Sandra Juneau, professeure responsable de la formation pratique en travail social à l’Université du Québec à Chicoutimi, est la personne parfaite pour vous outiller à ce sujet. « La dépendance au cannabis commence souvent par une augmentation graduelle de la fréquence de consommation et de la quantité ingérée sur une longue période, généralement quelques mois », explique-t-elle. Toujours selon Sandra, une envie irrésistible de consommer peut généralement se faire sentir : « Quand une personne est incapable de cesser de consommer malgré ses bonnes intentions et que sa vie se retrouve affectée négativement sur le plan social, on sait qu’elle a un problème. »

Une foule de symptômes variés peuvent alors apparaître si cette personne réussit à s’abstenir de consommer : « Irritabilité, colère ou agressivité, nervosité ou anxiété, difficulté à dormir (insomnie, rêves troublants), diminution de l’appétit ou perte de poids, agitation, humeur dépressive, douleurs abdominales, tremblements, transpiration, fièvre ou frissons, maux de tête… la liste est longue! ». D’ailleurs, un de nos rédacteurs en a déjà fait l’expérience pour un article, et il a été surpris par les difficultés contre lesquelles il s’est buté.

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Évidemment, tous ces symptômes dépendent de la gravité du trouble de dépendance qui affecte le consommateur ou la consommatrice. Ceux d’ordre physique ont tendance à être rapportés par des individus qui consomment d’énormes quantités chaque jour pendant plusieurs années, et sont plus rares que les symptômes psychologiques.

Quelles sont les pistes de solution qui s’offrent à vous si vous avez un problème de consommation? Pour Sandra, ça commence par la prise de conscience : « L’individu doit commencer par arrêter de nier son problème et se rendre compte qu’il est aux prises avec un trouble de l’usage. À ce moment, un processus d’introspection peut être entrepris pour déterminer le besoin qu’il essaie de satisfaire avec le cannabis. Il s’agit alors de trouver le problème à la base de la consommation; cette étape peut être réalisée avec l’aide d’un professionnel ». Autrement, on peut aussi tenter de réduire ou d’arrêter sa consommation et tenir un journal dans lequel on note ce qu’on ressent lors de l’abstention. C’est une méthode qui peut faciliter l’introspection, et ainsi aider à retrouver une relation saine avec le cannabis.

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