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François Arnaud danse avec Orville Peck et Noah Cyrus
« Ça s’est passé très rapidement et c’est encore un peu mystérieux pour moi », affirme François Arnaud par visioconférence en direct de Los Angeles. « J’ai été contacté quelques jours avant le tournage pour me demander si j’étais intéressé. Ils avaient besoin d’un acteur. Quelqu’un capable d’exprimer des sentiments de manière non verbale. »
On peut compter sur les doigts d’une main les talents québécois qui réussissent à s’épanouir devant les caméras hollywoodiennes. Sophie Nélisse, Théodore Pellerin, Jay Baruchel et François Arnaud (et d’autres que j’oublie peut-être) font partie de cette liste sélecte d’acteurs faisant rayonner la Belle Province sur les écrans américains et internationaux. Dernièrement, ce dernier a fait une apparition surprise dans le clip pour la chanson How Far Will We Take It? du chanteur country Orville Peck, interprétée en duo avec Noah Cyrus.
Le clip est débarqué sur les réseaux sociaux sans avertissements le 10 mai dernier, au grand plaisir des admirateurs d’Arnaud qui s’était fait assez tranquille depuis son rôle dans la deuxième saison de Yellowjackets, l’année dernière. Comment est-ce qu’on se retrouve dans le clip d’un artiste aussi en vue?
J’en ai discuté avec le principal intéressé.
Choix spontané, rencontre créative
François n’a aucune idée si son coming out bisexuel fait en 2020 a joué dans la balance lorsqu’est venu de choisir qui allait incarner l’amant élusif d’Orville et Noah qui se métamorphose au rythme de leurs désirs, mais il s’imagine que oui. Il avait rencontré Orville dans le passé (sans masque!), mais pas au-delà du stade des simples présentations et poignées de main d’usage. C’est quelqu’un qui travaillait sur le design du clip qui l’a contacté pour sonder son intérêt.
« On a tourné le clip au début du mois de mai en une journée seulement dans un entrepôt au sud de Los Angeles. »
« Le résultat final est très beau, mais on a fait ça sur un budget assez minimaliste. Personne n’a participé à ce projet pour faire de l’argent », m’explique-t-il en riant.
« Ça m’intéressait parce que le timing était bon pour moi et que je suis toujours ouvert à faire de nouvelles rencontres artistiques », continue-t-il en précisant qu’il n’était pas du tout familier avec la musique de Noah Cyrus, avant le tournage. « J’aime beaucoup l’univers créatif d’Orville Peck, ça me tentait d’en faire partie. La connexion avec le réalisateur Austin Peters, Noah et lui s’est faite presque instantanément. C’était une idée ambitieuse et un beau défi de faire ça en si peu de temps sur 35 mm, mais le résultat parle de lui-même. »
Représenter la communauté
L’amant d’Orville et Noah n’est pas le premier personnage LGBTQ+ qu’incarne François Arnaud. Il a interprété (entre autres) Paul, le copain idéalisé de l’entraîneur Ben, dans la deuxième saison de Yellowjackets l’an dernier, Sebastien Raine, l’ex à la tête enflée de David (Dan Levy) dans la série culte Schitt’s Creek et Antonin Rimbaud, le chum de Xavier Dolan dans J’ai tué ma mère. À la lumière de son coming out en 2020, j’étais curieux de savoir si c’était important pour lui de s’investir auprès de la communauté sur le plan artistique.
« Oui et non », réplique François Arnaud après plusieurs secondes. « Les enjeux de représentation sont actuellement au cœur d’une foule de débats à Hollywood. Je trouve que c’est important d’en parler et de ne pas avoir honte. Les personnes bisexuelles ont longtemps été invisibles. Le danger, là-dedans, c’est aussi de réduire une personne à son orientation sexuelle. On n’est pas juste ça non plus, et on ne mérite pas nos rôles juste à cause de notre orientation sexuelle. On ne veut pas se limiter à des rôles LGBTQ+, non plus. »
En ce qui concerne le clip pour la chanson How Far Will We Take It?, c’est clair que sa sensibilité face à l’enjeu exploré par le clip (la bisexualité) faisait de lui un choix naturel pour en illustrer toutes les nuances. « J’aime beaucoup qu’il n’y ait pas de gagnants ou de perdants. De bons ou de méchants. À la fin du clip, Orville et Noah s’en vont et laissent mon personnage seul sans trop qu’on sache pourquoi. Ça laisse beaucoup de place à l’interprétation, et c’est important pour que l’audience se l’approprie. »
Jouer dans un clip était une première pour François Arnaud, mais il recommencerait volontiers l’expérience.
« Si Mitski m’appelle pour jouer dans un de ses clips, c’est sûr que je ne dirai pas non. Je l’ai vue en spectacle il n’y a pas longtemps et son univers, sa façon de bouger qui me rappelle le théâtre japonais et son talent naturel pour captiver une foule m’ont beaucoup plu. C’était rempli de gens de 22 ans et moins, et après quelques chansons, il n’y avait plus un téléphone d’allumé! »
Il ne dirait pas non à étendre sa collaboration avec Orville Peck, non plus « J’aimerais avoir l’occasion de chanter avec lui un jour! »
Un duo Orville Peck et François Arnaud? Qui dirait non?