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Est-ce que les cours en ligne « MasterClass » en valent la dépense?

Les vedettes, ces « bons » pédagogues.

Par
Pierre-Luc Racine
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J’ai déjà suivi mon lot de cours en ligne.

Alors que j’étais actuaire, j’ai dû compléter Validation by Education Experience afin de joindre la Society of Actuaries. J’effectuais cette démarche en parallèle de mes autres examens postuniversitaires que je complétais aussi sur internet. Plus tard, je suis passé au travers de quelques cours à la TELUQ, l’université en ligne affiliée au réseau de l’Université du Québec. Bien évidemment, tout ceci était très formel.

Mais qu’en est-il de ces « autres » formations « officielles » qui existent en ligne? Plusieurs cours « récréatifs » et « pratiques » sont offerts dans tous les formats possibles et imaginables et ce n’est pas les plateformes qui manquent. Reste qu’une plateforme semble tirer son épingle du jeu dans le domaine : MasterClass. Comme moi, vous êtes probablement nombreux à avoir vu passer les publications commanditées de l’entreprise en vous questionnant sur le concept et la pertinence des formations.

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D’abord, cette plateforme est caractérisée par ses professeurs qui sont, pour la plupart, des vedettes. Oui, des vedettes. Par exemple, vous pourriez croiser Gordon Ramsay qui offre des cours de cuisine ou même Margaret Atwood qui enseigne l’écriture créative.

Curieux, des amis et moi avons partagé un abonnement annuel à 175$ qui nous donnait accès à tous les cours durant un an. Aujourd’hui, le tarif est de 240$ pour le même type d’abonnement.

J’ai donc suivi plusieurs de ses classes, mais en valaient-elles vraiment la peine?

Des styles d’enseignements variés

D’entrée de jeu, je dois dire qu’une différence m’a vraiment marqué entre mon parcours universitaire en mathématique actuarielle et mon chemin à l’École nationale de l’humour. Enseigner l’art et enseigner la science sont deux choses totalement différentes.

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En mathématique, 2+2=4 peu importe le professeur. En art, une joke peut être excellente selon un enseignant et être absolument mauvaise pour un autre.

En gardant en tête que les cours d’art dépendent énormément du tuteur, j’ai commencé mon expérience par le cours d’Aaron Sorkin, gagnant de l’Oscar du meilleur scénario adapté pour The Social Network et auteur des séries The West Wing et The Newsroom.

Sorkin a une approche très méthodique face au partage de son art. Un détail que j’ai apprécié. Il peut creuser dans son sujet parce qu’il parle d’une seule chose : l’écriture scénaristique. Ce qui n’est pas le cas de tous.

Trop de sujets pour son propre bien

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Comment enseigner l’art de la performance? Ce n’est pas un sujet particulièrement simple étant donné que la performance, c’est pas une romance. Comme ses leçons vidéo totalisent entre trois et quatre heures, Usher aurait eu le temps d’approfondir la psychologie de la scène, mais il ne le fait pas vraiment.

Au cours de ses 16 cours (incluant l’introduction et la conclusion) d’une douzaine de minutes chacune, on reçoit plutôt une suite de capsules qui restent en surface. Par exemple, on apprend ses techniques de danse, de chants, de branding personnel, et d’acting entre autres.

Ce genre de MasterClass ressemble à un très long TED Talk.

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C’est ce qui se produit aussi dans la MasterClass de Judd Apatow. Il veut nous enseigner l’humour. Ses leçons s’éparpillent encore plus qu’un enfant qui trébuche avec les mains pleines de billes.

Il aborde l’écriture et la performance du stand-up pour ensuite se concentrer sur l’écriture de films, pour changer de direction et discuter du choix de casting et conclure avec des techniques sur la réalisation et la direction d’acteurs.

Chacun de ces sujets aurait mérité sa propre MasterClass et on se retrouve avec un traitement superficiel de chaque matière.

Des publics cibles différents

Alors que certains cours s’adressent ouvertement à des novices comme celui de la magie par Penn & Teller, d’autres nécessitent une solide base. Je pense notamment à celui de Daniel Negreanu qui exige d’être à jour dans ses connaissances de la théorie du poker.

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J’ai aussi arrêté assez rapidement le premier MasterClass de Gordon Ramsay puisqu’il introduisait des épices dont je n’avais jamais entendu parler parce que je suis de la marde en cuisine.

Il me faudrait une MasterClass sur comment « arrêter de brûler ses toasts » pour commencer.

Des alternatives gratuites

Mes MasterClass préférées furent celles qui mélangeaient de la théorie appuyée par des expériences personnelles. Je m’étais abonné particulièrement pour celle de Steve Martin et je n’ai pas été déçu.

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En fin de compte, MasterClass reste une plateforme assez légère, généralement en surface et sans réelle supervision. Il y a plusieurs forums de discussion qui accompagnent le contenu de la plateforme, mais comme tout bon forum, n’importe qui est là-dessus. #LesGens

L’affaire, c’est qu’il n’y a rien de mieux pour maîtriser une discipline que de la pratiquer et d’avoir du feed-back pertinent, ce qui manque cruellement ici.

Autrement, le contenu offert est bien souvent disponible ailleurs et gratuitement. Par exemple, la MasterClass de Nathalie Portman, comme plusieurs autres des cours, est bourrée de propos qu’on entend régulièrement dans des podcasts qui ne coûtent rien.

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Certains cours ont carrément des doublons gratuits sur internet comme sur la chaîne YouTube de Gordon Ramsay. On peut aussi trouver en masse d’information sur le poker de la bouche de Daniel Negreanu sur sa chaîne YouTube personnelle.

Alors, est-ce que MasterClass est recommandable? Ça dépend du cours, mais généralement non. Visez les formations avec des titres précis, celles-ci prennent généralement le temps d’approfondir leurs notions.

Sinon, essentiellement, vous payez un montant pour passer 3-4 heures avec une vedette influente de son milieu.