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Entre trottoirs glacés et bancs de neige, comment on aborde l’hiver lorsqu’on est non voyant?
Les personnes aveugles et amblyopes font face à un lot de défis et ce, peu importe la saison. Mais quand le froid, la neige et la glace s’invitent dans le paysage, les choses se compliquent. Comment alors affronter l’hiver? Les mois de décembre, janvier et février ne sont-ils qu’une suite ininterrompue de difficultés ou peuvent-ils aussi être synonymes de plaisir?
Au début 2020, le photographe Drowster a capturé quelques moments dans les parcours hivernaux de Julien, Jean, Carlos, Anne-Marie, Alvin et Serge.
Portraits de réalités multiples, doublées d’histoires de vie jamais banales.
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Marcher l’hiver, ça signifie faire face à des plaques de glace, des bancs de neige, des voitures mal garées. Tout cela s’ajoute à la course à obstacles à laquelle les personnes aveugles et amblyopes doivent déjà s’adonner à longueur d’année, notamment à cause des bacs de recyclage ou aux déchets volumineux qui jalonnent les trottoirs.
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Julien aime bien déneiger les marches menant à son immeuble. Ça lui permet à la fois de passer le temps et de garder la forme. Mais qu’on se comprenne bien : le printemps reste sa saison favorite!
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Jean pratique la musculation depuis longtemps. C’est la façon qu’il a trouvée, à l’adolescence, pour fuir l’intimidation dont il était victime. Aveugle depuis trois ans à peine, il trouve chaque sortie pénible et encore plus en hiver. Pour se faciliter la vie, il s’est installé un coin gym dans le garage de l’immeuble où il habite.
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Carlos a traversé la frontière canadienne illégalement avec son chien guide et un ami. Aussitôt mis en état d’arrestation, il a présenté une demande d’asile. Après 10 ans d’efforts soutenus, il a réussi son examen de citoyenneté canadienne.
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Pourquoi a-t-il choisi Montréal alors que tout le destinait à s’établir en Ontario? Le métro, tout simplement! Il faut dire que Carlos adore marcher et se déplacer par lui-même. Emprunter le transport en commun lui permet donc de combiner autonomie et liberté de mouvement, deux choses auxquelles il est particulièrement attaché.
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Carlos apprécie la réflexion de la lumière sur la neige. Elle éclaire un peu sa vue presque entièrement obscurcie. Il affirme aussi que ses concitoyens sont plus prudents en hiver et moins distraits qu’en été, saison pendant laquelle il a eu quelques accidents.
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Pour Anne-Marie, « hiver » signifie « conditions difficiles ». Elle limite donc ses sorties au maximum.
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Mais pour l’épicerie, pas le choix : il faut mettre le nez dehors. L’aide des commis est essentielle pour l’aider à choisir ses fruits et ses légumes ou pour la guider avec les prix des produits. Elle y va au besoin, mais doit adapter ses sorties en fonction des bordées de neige.
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Afin de garder contact avec le monde extérieur, Anne-Marie se tourne vers son ordinateur. Grande fan d’informations et d’actualité internationale, elle l’utilise aussi pour faire de l’activisme en ligne en communiquant notamment aux salles de nouvelles les politiques gouvernementales qui négligent les personnes non voyantes.
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Anne-Marie vit seule depuis 15 ans, ce qui lui garantit une précieuse indépendance et une liberté dont elle ne se passerait pas.
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Alvin a passé 19 ans dans un orphelinat aux Bahamas. Son quotidien de personne non voyante parsemé d’importantes embûches l’a poussé à s’installer au Canada pour poursuivre ses études. Selon lui les personnes non voyantes ayant immigré sont plus heureuses et actives que celles nées ici : elles ont connu des conditions bien pires dans leur pays d’origine. Aujourd’hui, Alvin célèbre la liberté que lui offre le réseau de transport en commun. Pas un jour ne passe sans qu’il ne prenne le métro ou l’autobus.
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À l’aide de Google Maps, il arrive à se rendre facilement à ses cours. Même s’il préfère l’été pour les festivals, il affectionne l’hiver pour son aspect féérique. Quand la neige tombe, il remarque que la société ralentit et s’apaise. Il s’émerveille du fait que de si petits flocons, insignifiants pour plusieurs, ont pourtant le pouvoir de calmer les gens et de leur donner le temps de contempler le monde.
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Ce ne sont pas les caprices de Dame Nature qui vont arrêter l’énergique Serge. Avec un horaire chargé de conférencier et d’animateur radio, il n’hésite pas à se déplacer en transport adapté pour remplir ses nombreuses obligations. On peut le voir ici retourner à la maison après s’être offert une coupe de cheveux chez Ménick, le barbier des sportifs.
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En hiver, le transport adapté lui permet de profiter d’activités intérieures comme la visite du Musée des beaux-arts de Montréal avec sa compagne Francine, atteinte de myopathie mitochondriale. Ensemble, ils forment une équipe: Serge s’appuie sur le fauteuil roulant de Francine pendant que cette dernière mène le convoi. Francine lit les descriptions des œuvres à Serge, qui écoute attentivement.