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Même si j’assume pas pire mon statut de mère célibataire, ces temps-ci, je suis obsédée par les couples « sains »… Les guillemets sont énormes, parce que je suis consciente qu’on ne connaît jamais vraiment l’intimité des gens. À preuve : le couple d’amis que je trouvais le plus harmonieux s’est séparé l’an dernier (j’en avais parlé ici). Après avoir jasé avec Lucie, du feu couple, j’ai appris qu’il y avait plusieurs éléments de leur vie à deux (entre autres, une jalousie maladive de son ex) que j’aurais jamais supportés.
J’en reviens à mon obsession.
Je suis Janette qui veut savoir (la référence trahit mon âge!) comment ça se passe dans le quotidien des couples dont tout le monde envie la bonne entente. Je veux comprendre pourquoi ça marche pour eux et pas pour la grande majorité des gens… parce que si environ un couple sur deux se sépare, dans le 50 % qui reste ensemble, il y en a une maudite gang que je n’envie pas. Oh que non!
Janette-Brigitte a fait sa petite enquête. J’ai choisi trois couples et jasé avec quatre de leurs membres. Deux couples hétéros avec enfants et un couple homo sans. Tous des couples avec au moins 15 ans de vie commune et qui me redonnent foi en l’amour steady, avec cohabitation, compte conjoint, projets communs et désir de marcher main dans la main jusqu’au CHSLD. Quand je les vois ensemble, il y a toujours une bonne vibe, jamais cette tension sous-jacente qui fait qu’on se met, avec le temps, à éviter certains couples.
Si j’ai encore de la difficulté à définir l’amour (évidemment que ça en prend, mais c’est quoi?), j’ai au moins un début d’idée de ce qui fait qu’un couple fonctionne bien. Plusieurs ingrédients sont nécessaires (estime, confiance, complicité, communication – rien de nouveau ici), mais le premier de tous, selon mon enquête, c’est le R-E-S-P-E-C-T, comme chantait Aretha.
Mais… d’où ça leur est tombé dessus? Y a-t-il des gens qui sont naturellement portés à faire preuve de respect et qui seraient plus doués pour la vie à deux? Ou est-ce que le respect naît de la rencontre de deux personnes bien agencées (je refuse d’utiliser le terme “âme sœur”)? Il y a des deux. Certaines personnes trop contrôlantes, par exemple, ne vivront jamais de relation saine. Et certaines guenilles respectueuses n’ont simplement pas rencontré leur torchon.
Dans le cas de chacun de mes couples modèles, le récit de leur rencontre m’a fait monter les larmes aux yeux. Sans avoir pensé : voici LA bonne personne, ils ont tous eu le sentiment d’avoir fait une rencontre importante, de devoir absolument “aller voir” s’il y avait de quoi là.
Mais si je vous racontais ma rencontre avec le père de mes enfants (un autre jour, OK?), je vous gage que vous seriez émus. Des rencontres magiques, c’est pas rare. Ça fait des étincelles et de beaux débuts, mais pas forcément des couples sains.
Dans mes conversations avec mes enquêtés, certaines images m’ont marquée. Par exemple, lorsque Julie m’a expliqué que quand leurs enfants étaient bébés et qu’ils manquaient les deux cruellement de sommeil, au lieu de dire “Il faut que je me repose”, ils disaient à l’autre : “Va donc te reposer”. Ça évitait la dynamique “chacun tire sur son bord”.
Daniel, le chum de Julie, m’a confié : “Je vois beaucoup de couples qui calculent tout, jusqu’au nombre de matins où chacun se lève pour les enfants. Je trouve ça aberrant.” Ouain. Aberrant, mais pas rare.
Durant mon enquête, un des sujets délicats à aborder, ça a été celui de la fidélité. Je me disais que si l’un d’eux avait eu une aventure secrète, il ne me le conterait pas. J’ai failli laisser tomber. Mais je me suis ressaisie et j’ai bravé la bête.
La fidélité, donc. Mes couples interviewés sont traditionnels de ce côté : la fidélité est non négociable et même pas un sujet de discussion. Ils sont fidèles et font totalement confiance à leur conjoint. Ça m’a fait réaliser que pour moi, la fidélité n’a jamais été à 100 % une évidence. J’ai toujours pensé qu’aller voir ailleurs, ça pouvait arriver (sans être souhaitable) et qu’il fallait envisager ce qu’on ferait alors : on se l’avoue? on se tait et on le cache? Au père des enfants, j’avais dit : je suis capable de vivre avec l’idée que tu aies une aventure, mais le mensonge, ça, pas capable. Finalement, il m’a quittée pour une pitoune (pardon, une jeune femme) avec qui il m’a trompée pendant des mois. Comme quoi…
Revenons à mes couples fétiches.
Julie m’a dit : “On en a jamais parlé, mais c’est clair qu’on est fidèles.”
À la question “Mais si jamais Daniel te trompe, voudrais-tu qu’il te le dise?”, elle répond : “Il ne me trompera pas.” Belle confiance!
Benoît : on est deux personnes pas jalouses du tout. On suppose que l’autre est fidèle, mais on en parle pas vraiment. Moi, j’aime flirter, et ça m’est arrivé de flirter avec d’autres gars, mais j’ai jamais été tenté de tromper mon chum. Et ça m’étonnerait que lui l’ait fait.
Et qu’en est-il des chicanes? Roxane m’a dit : “On ne se chicane pas beaucoup. Notre truc, c’est de ne jamais discuter des tensions sur le coup, d’attendre que ça redescende, pour voir si ça vaut la peine de revenir là-dessus, et qu’il y ait de l’espace pour de l’humour.”
Sa fille était là pendant ce bout de discussion et elle a dit : “Ben franchement, vous vous chicanez souvent!”
Peut-être que je devrais faire une suite à ce billet : Enquête d’amour, part II, les enfants des couples parfaits. Car les enfants ne sont-ils pas les mieux placés pour exposer les petites crottes que leurs parents ne veulent pas voir étaler dans un billet? Ou sur lesquelles ils ferment les yeux?
Ma sœur Hélène prétend qu’il faut une part d’aveuglement pour rester longtemps amoureux. Elle a lu dans une enquête sérieuse (plus que la mienne) sur des bons couples que, quand on compare ce que les amis d’une personne pensent de celle-ci et ce qu’en dit son conjoint, on découvre que le conjoint a une vision beaucoup plus positive.
Et moi, après tout ça? Est-ce que je voudrais être à leur place? Oui et non.
Depuis que je me sens libérée de l’obligation sociétale de vivre en couple (c’est fort en criss, cette affaire-là), je suis bien en solo. Mais je me répète souvent la phrase qu’a dit à Émilie sa gynéco (c’est fou les échanges qu’on peut avoir les deux pieds dans des étriers) : “Quand on n’a pas d’enfants avec une personne, la seule raison d’être en couple avec elle, c’est que ça ajoute du beau à la vie. Si ça en enlève, pas la peine.”
Alors, si un jour, je trouve mon torchon, ben il a intérêt à ajouter du beau à ma vie, sinon, je l’envoie consulter la gynéco d’Émilie. Mais peut-être que je manque de capacité à l’aveuglement.
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Pour lire un autre texte de Brigitte des Rosemomz : “Avoir su”