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Deuxième semaine des élections : la marde commence à pogner

Ça aura pris une semaine pour que les promesses de «campagnes propres» volent en éclat

Par
Pier-Luc Ouellet
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On est déjà à la deuxième semaine des élections (certains diront on est JUSTE à la deuxième), et si les grandes annonces emballantes se font rares, les potins croustillants, eux, pleuvent. On s’y met tout de suite.

Citation de la semaine:

« Je suis très heureux de ne pas faire partie [des élections]. Les Québécois sont très heureux de ne pas me voir dans la campagne.»
-Jean Charest, atteint d’un soudain éclair de lucidité
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Je vous disais depuis le début de cette campagne que le parti sortant avait été placé dans une position défensive, ce qui n’est pas dans ses habitudes. Cette semaine, Philippe Couillard a donc décidé de revenir sur sa promesse de faire une campagne propre (ça augure bien), pour s’attaquer à son adversaire le plus dangereux, François Legault.

Il l’a critiqué sur l’immigration, alors que le chef caquiste veut réduire le nombre d’immigrants que le Québec accueille chaque année. M. Couillard a toutefois souligné qu’une bonne partie de l’immigration est gérée par le fédéral. Autrement dit, va falloir que tu te mettes chum avec Justin, mon Frank.

Couillard, pour sa part, a promis de ne pas diminuer les seuils d’immigration, ni d’imposer de tests de français aux immigrants.

S’approprier le (nécessaire) discours féministe pour empêcher les caquistes de s’attaquer à Mme Bourdon, c’est frustrant.

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De façon complètement délirante, les troupes libérales se sont jetées sur François Legault en disant qu’il était misogyne en s’attaquant à Gertrude Bourdon. Et que même si la CAQ est le parti ayant présenté le plus de femmes de l’histoire du Québec, ce n’est que du féminisme de façade.

Laissez-moi baisser le masque de la neutralité un instant pour vous dire que c’est le genre d’affaires qui me mettent en tabarcul. S’approprier le (nécessaire) discours féministe pour empêcher les caquistes de s’attaquer à Mme Bourdon, c’est frustrant. Non seulement c’est hypocrite venant d’un gouvernement dont les mesures d’austérité ont touché de façon démesurée les femmes, mais c’est en plus extrêmement réducteur pour le discours féministe de le réduire à « pas le droit de rire des filles ».

Comme l’a dit François Legault, « ç’a pas rap ».

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Je sais, vous avez sûrement l’impression que je viens juste de parler de la CAQ. C’est qu’ils ont passé la semaine à se disputer avec les libéraux, ce qui fait que les nouvelles sont un peu entremêlées.

Depuis des années, les libéraux ont réussi à s’approprier l’étiquette de parti de l’économie, à tort ou à raison. Il semble clair que la CAQ tente de la leur ravir… avec plus ou moins de succès.

Mercredi, la CAQ envoyait aux journalistes un communiqué présentant son équipe économique de 6 personnes. Sauf que rendu à la conférence de presse, l’équipe avait gonflé à 35 experts. Si Jésus multipliait le pain, Legault multiplie les comptables.

Mercredi, la CAQ envoyait aux journalistes un communiqué présentant son équipe économique de 6 personnes. Sauf que rendu à la conférence de presse, l’équipe avait gonflé à 35 experts.

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L’autre image que tente de se coller la CAQ est celle de la transparence. On a vu cette semaine qu’ils ont la transparence pas mal embuée. D’une part, le député-vedette Éric Caire a défrayé les manchettes quand on a su que le maire de L’Ancienne-Lorette, dont la ville fait partie de la circonscription de M. Caire, lui avait prêté 55 000$ pour se racheter une maison. Tsé quand on dit « tu m’en dois une », ben le député Caire lui en devait 55 000.

Le président de la CAQ, Stéphane Le Bouyonnec, a également remis sa démission. On avait déjà parlé de son entreprise qui faisait du prêt à taux extrêmes. François Legault avait décidé de lui donner une deuxième chance après qu’il se soit retiré de l’entreprise, mais apparemment pas au point de donner un poste de ministre à notre prêteur. Le Bouyonnec a donc décidé de quitter la CAQ, en pleine campagne électorale.

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Au pire, il pourra toujours se partir une business de prêt avec le maire de l’Ancienne-Lorette.

Le Parti Québécois a lancé sa campagne avec des pancartes-jokes, et depuis, il continue sur le thème une drôle de campagne.

Premièrement, il a suggéré qu’un gouvernement péquiste pourrait financer la production de Kanata de Robert Lepage. Vraiment, que le spectacle soit produit par le parti qui a proposé la Charte des valeurs, je pense que ça va calmer toutes les accusations de racisme.

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Jean-François Lisée a aussi suggéré d’offrir aux élèves de 3e, 4e et 5e secondaire un passeport culturel qui leur donnerait 50$ à dépenser en culture au Québec. Ça pourrait même être pour une pièce où il y a des personnes noires!

Lisée a également proposé ce qu’il appelle le Tinder du covoiturage soit une application qui matcherait les automobilistes afin qu’ils puissent covoiturer à l’heure de pointe. Si la comparaison est un peu weird, ce n’est pas en soi une mauvaise idée. Par contre, on se surprend à rêver d’un véhicule qui pourrait embarquer des dizaines, voir des centaines de personnes de personnes à la fois, afin d’encore plus réduire les gaz à effet de serre. Tout le monde prendrait leur transport ensemble. On pourrait appeler ça le, euuuuh… le transport en tout le monde ensemble.

C’est une idée de même.

En tant qu’experte des médias sociaux, Michelle Blanc a su réagir de manière posée et diplomate. Oups, non, elle a traité Xavier Camus de pédophile.

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Mais surtout, le PQ a dû gérer les éléments plus racistes de son parti. Le blogueur Xavier Camus a révélé les commentaires islamophobes du candidat de Drummond-Bois-Francs, qui comparait les musulmans à des bêtes et qui réclamait l’interdiction de l’islam.

Mais c’est l’ouragan Michelle Blanc qui a volé la vedette. Elle aussi pointée du doigt par Xavier Camus pour ses propos islamophobes et racistes en pointant du doigt un tweet de cette dernière (pour le contexte, Mme Blanc est une femme trans):

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En tant qu’experte des médias sociaux, Michelle Blanc a su réagir de manière posée et diplomate. Oups, non, elle a traité Xavier Camus de pédophile.

Imaginez si elle n’était pas experte.

Québec Solidaire se fait souvent accuser de vivre aux pays des licornes, alors le parti a tenté de répondre à ses critiques cette semaine en dévoilant leur plan budgétaire.

Il s’avère que vivre dans un monde plus égal, ça coûte cher.

Dès 2030, il serait interdit pour les concessionnaires de vendre des voitures à essence. Évidemment, tout le monde a trouvé que ça va beaucoup trop vite. Idéalement, il faudrait attendre qu’il ne reste plus de pétrole ET qu’on soit morts pour se sortir du pétrole.

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C’est donc 12,9 milliards supplémentaires que QS voudrait aller chercher s’ils formaient le gouvernement (les revenus actuels sont de 106 milliards). Comment faire ça? Augmenter les impôts des plus riches et des entreprises, créer une compagnie nationale de médicaments, revoir l’entente avec les médecins, lutte contre l’évasion fiscale, bref, prendre ce que les libéraux ont fait, et faire pas ça.

Bonne fucking chance, comme on dit.

Mais ce n’est pas ça qui a vraiment attiré l’attention des gens. C’est le plan de QS de mettre fin à la vente de véhicules à essence dès 2030. Ce qu’ils proposent, c’est de commencer dès maintenant à offrir des incitatifs financiers à ceux qui achètent des véhicules plus propres, tout en imposant des pénalités sur les voitures à essence (qui seraient ajusté selon la présence de transport en commun dans la région). Puis, dès 2030, il serait interdit pour les concessionnaires de vendre des voitures à essence.

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Évidemment, tout le monde a trouvé que ça va beaucoup trop vite. Idéalement, il faudrait attendre qu’il ne reste plus de pétrole ET qu’on soit morts pour se sortir du pétrole.