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Dans les coulisses d’un musée centenaire
URBANIA et le Musée McCord s’unissent pour célébrer l’histoire sociale de Montréal, d’hier à aujourd’hui!
On dit souvent qu’une image vaut mille mots. Qu’en est-il des objets? Ceux du Musée McCord en valent certainement plus! Ils racontent le récit de ce qui a été et permettent ainsi de mieux comprendre ce qui est. C’est justement la spécialité de ce musée centenaire : l’histoire sociale. Son souhait : « Célébrer la vie à Montréal, d’hier et d’aujourd’hui : son histoire, ses gens, son monde, ses communautés. »
«On vit un tournant où la société veut vivre dans un monde plus juste et équitable, et on se rend compte que, comme musée, on peut vraiment participer à ça.»
Ça fait 100 ans que le musée expose ses objets. « Avoir 100 ans en 2021, ça permet de mettre en avant l’histoire sociale pour tous et comme vecteur de changement », soutient Cynthia Cooper, chef, Collections et recherche, et conservatrice, Costume, mode et textiles. « On vit un tournant où la société veut vivre dans un monde plus juste et équitable, et on se rend compte que, comme musée, on peut vraiment participer à ça. On peut avoir une vision de décolonisation des collections et de nos pratiques muséales. On pense entre autres que nos objets autochtones peuvent aider à faire une grande différence dans la réconciliation. »
Les collections du Musée McCord s’adaptent bien au contexte hybride pandémique, puisqu’il est possible de voir de nombreux objets des collections virtuellement, sur leur site. Il est notamment possible de s’immiscer, par exemple, dans les premiers échanges entre amoureux des années 50. Ces lettres d’amour illustrent une façon de faire la cour bien différente de celles d’aujourd’hui, comme les échanges sur Tinder peuvent en témoigner… « Notre objectif est d’avoir une banque d’objets qui servent de sources pour raconter l’histoire d’un grand nombre de personnes », explique Cynthia Cooper.
Ses grandes collections d’objets, provenant principalement de dons, se déclinent en six collections : Archives, Photographie, Culture matérielle, Costume, mode et textiles, Art documentaire et Cultures autochtones.
Une voix aux autochtones, par les autochtones
La collection Cultures autochtones, qui comprend 16 000 objets représentant près de 12 000 ans d’histoire, est justement mise en valeur dans l’exposition permanente Voix autochtones d’aujourd’hui : savoir, trauma, résilience. Et pour les 100 ans du musée cette année, il est possible d’admirer ses expositions gratuitement jusqu’au 19 janvier.
L’exposition est un exemple frappant de l’utilité du passé – des objets, dans ce cas – pour aborder les enjeux sociétaux du Québec d’aujourd’hui. Et les conservateurs ont su utiliser à bon escient une centaine d’objets soigneusement entretenus, en plus de récolter plus de 80 témoignages se déclinant en vidéos et en textes poignants et inspirants de membres des 11 nations autochtones du Québec.
«Ces objets permettent de mettre en lumière le savoir des personnes qui les ont utilisés et créés. Dans l’exposition, ce sont les Autochtones qui nous font connaître leur vision.»
Après Joyce Echaquan en 2020 et la découverte de sépultures d’enfants de pensionnats autochtones en 2021, cette exposition tombe à point et rappelle l’importance de documenter le passé. En effet, Voix autochtones d’aujourd’hui : savoir, trauma, résilience est un pas vers la connaissance de la vérité. « Ces objets permettent de mettre en lumière le savoir des personnes qui les ont utilisés et créés. Dans l’exposition, ce sont les Autochtones qui nous font connaître leur vision. On comprend alors qu’aujourd’hui il y a un traumatisme quant à la perte de leur savoir-faire. Ils nous démontrent leurs connaissances, liées à ces objets-là aussi », explique Cynthia Cooper.
L’exposition Voix autochtones d’aujourd’hui : savoir, trauma, résilience se dévoile en trois temps et autant de pièces, qui offrent toutes des témoignages de personnes issues des communautés autochtones, sous forme écrite et en capsules vidéos.
On découvre la première phase de l’exposition: une salle éclairée et blanche présentant de nombreux objets des cultures autochtones. Par des témoignages, on nous explique l’importance que chaque objet a dans sa culture. Par exemple, la graisse de béluga était un combustible prisé pour la lampe à l’huile inuite, puisqu’elle ne produit pas de fumée, qualité essentielle pour réchauffer l’igloo les jours de grand froid.
Contrairement à la première pièce, la deuxième est sombre et présente des témoignages gravés en rouge vif sur des murs noirs. Chaque station offre des histoires cuisantes qui illustrent la réalité à laquelle doivent faire face les personnes touchées par la colonisation. Suicide, alcoolisme, vols et abus sexuels sont quelques-uns des thèmes qui sortent de leur bouche. Sortie de la première pièce fascinée par ma découverte d’objets autochtones dont j’ignorais jusqu’alors l’existence et encore plus l’utilité, j’avance tranquillement dans cette deuxième partie de l’exposition avec une meilleure compréhension de certaines situations. Ma vue se couvre d’un mince drap, d’un flou, alors que mes yeux se remplissent doucement de larmes…
Pour boucler la boucle, la troisième pièce porte sur le thème de la guérison et de l’espoir. « Prendre la place qui nous revient » est gravé en gros sur le mur. Des intervenant.e.s autochtones défilent sur un écran circulaire géant en expliquant ce que sont pour eux la rencontre et la vérité. Le concept du travail commun est également abordé pour expliquer les perspectives autochtones.
Une infirme partie seulement des collections du musée est présentée lors des expositions. Le reste est soigneusement entreposé dans des pièces sombres, où le climat est contrôlé et où chaque objet se voit attribuer un numéro et est répertorié dans une banque de données. « Chaque chose est à sa place, car ce n’est pas une mince affaire que de se retrouver dans près d’un million et demi d’images et plusieurs dizaines de milliers d’objets! », lance la chef, Collections et recherche, et conservatrice, Costume, mode et textiles. Lorsqu’ils ne sont pas mis à la vue de tous, nombre de ces objets demeurent néanmoins accessibles via la base de données du musée, ce qui peut être utile pour les personnes qui veulent se renseigner sur un sujet tel l’Expo 67, ou pour celles qui souhaitent en apprendre plus sur leurs ancêtres!
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À l’occasion de ses 100 ans, le Musée McCord vous invite à découvrir ses expositions gratuitement, et ce jusqu’au 19 janvier! Cliquez ici pour en savoir plus.