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Confessions d’un stoner en break – PARTIE II

Je découvre les effets du sevrage de cannabis, un jour à la fois.

Par
Thomas Chenel
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Après cinq ans de consommation quotidienne de cannabis, j’ai décidé de prendre une pause. Je me suis rendu compte que je fumais plus par habitude que par choix, et le moment est venu de mettre le pot de côté pour quelques jours, ne serait-ce que pour avoir un meilleur buzz quand je vais recommencer. J’en profite pour découvrir avec vous les effets de cet arrêt subit sur mon humeur, mon appétit, mon sommeil, ma productivité et mes facultés cognitives.

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Jour 7 : Semaine réussie et petite gâterie

Cher journal,

C’est l’heure du bilan après cette première semaine sans weed. Mon appétit a commencé à reprendre vie à la quatrième journée, pour finalement revenir à la normale au jour 5. J’ai pu observer une réduction drastique de mon anxiété au fil du temps, ce qui me fait réaliser que le cannabis causait probablement plus de mal que de bien en la matière. C’est assez ironique puisque je fumais entre autres pour traiter le problème!

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Outre l’appétit, le sommeil a été l’élément le plus durement touché par mon sevrage. L’insomnie ne s’est jamais vraiment dissipée, et quand je réussis à dormir, c’est d’un sommeil léger troublé par des rêves intenses qui frôlent le cauchemar. Ça ne m’étonne pas vraiment, puisque j’ai toujours eu de la difficulté à m’endormir, et les rêves « vivides » sont l’un des symptômes de sevrage les plus communs.

C’est fou à quel point ma tolérance a chuté en seulement six jours.

Les cravings se sont dissipés en semaine pour revenir en force le samedi. Je me suis rendu compte qu’il était beaucoup plus facile d’arrêter de fumer quand on a de quoi s’occuper; un samedi en confinement, c’est rough sans pot. Je m’accorde donc une puff en soirée pour me féliciter d’être passé à travers la semaine sans problèmes.

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WOW! Je suis complètement défoncé, j’ai de la misère à parler. C’est fou à quel point ma tolérance a chuté en seulement six jours. Je retrouve des effets que j’avais perdus depuis belle lurette : un gros buzz physique accompagné d’une euphorie assez intense. La musique est tout simplement incroyable, j’ai l’impression de pouvoir saisir toutes les subtilités avec une précision inouïe. Je suis capable d’apprécier le weed à sa juste valeur à nouveau. La vie est belle. Je m’endors d’un profond sommeil aussitôt que ma tête touche l’oreiller.

La plus grande surprise pour moi a été l’absence d’effets sur ma productivité et mes facultés cognitives. Je n’ai remarqué aucune différence sur le plan de la mémoire, de la capacité de concentration ou du niveau d’énergie.

Jour 12 : Bénéfices et leçons de vie

Cher journal,

Qu’est-ce que j’ai appris de cette expérience? J’en suis à ma deuxième semaine de pause, et je peux déjà affirmer que ma relation avec le cannabis est complètement transformée. J’ai réussi à me débarrasser des envies impulsives. À partir de maintenant, je vais m’assurer d’avoir une intention claire avant de fumer.

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Cette pause m’a aussi permis de réaliser que ma consommation était problématique : j’étais aux prises avec une forme de dépendance malgré le déni. Je me sens beaucoup mieux depuis que j’ai pris le problème en main. Le seul bémol, c’est que je n’ai toujours pas trouvé de solution à long terme pour mon insomnie. J’ai toujours du mal à m’endormir sans cannabis, mais j’imagine que mon corps va s’y habituer avec le temps.

Toute cette aventure m’a poussé à réfléchir, à essayer de déterminer la source de ma consommation irresponsable. Moi qui suis habituellement très prudent avec les substances psychoactives, comment est-ce que j’ai pu en arriver là? Je pense qu’une partie de la réponse réside en mon adhésion précoce à la culture stoner. J’étais jeune et naïf lorsque j’ai commencé à fumer à 17 ans, et j’étais très frustré par l’hypocrisie et la désinformation qui régnait autour du cannabis. J’ai donc adopté l’attitude un peu toxique selon laquelle le pot ne cause aucun problème : la dépendance au weed n’existe pas, ce n’est pas mauvais pour les poumons, vous voyez le genre. Un peu plus pis j’affirmais que c’est bon pour la santé!

Don’t get me wrong, j’adore toujours le weed.

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Dans le fond, je comprends pourquoi j’ai adopté cette attitude-là. Il est vrai que le cannabis est très sécuritaire quand on le compare à d’autres drogues, notamment l’alcool. Les risques de dépendance sont assez faibles, et quand ça arrive, le sevrage n’est pas si difficile à vivre. Par contre, ça veut pas dire pour autant qu’on doit mettre la prudence de côté quand on le consomme! La modération a bien meilleur goût, pas juste avec la boisson. D’ailleurs, la seule autre substance avec laquelle j’ai déjà eu des problèmes, c’est l’alcool. Le point commun entre les deux, c’est la banalisation : je pense que les drogues qui ont plutôt bonne réputation sont celles avec lesquelles il est le plus facile de baisser sa garde.

Don’t get me wrong, j’adore toujours le weed. C’est une substance qui a apporté beaucoup plus de bien que de mal dans ma vie, et je compte certainement continuer à en bénéficier dans les années à venir. Je devais simplement prendre le temps de ré-évaluer ma relation avec elle.

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Pour finir, je m’adresse à la personne qui a vu sa consommation grimper en flèche au début de la pandémie et qui ne se sent plus en contrôle. Une pause peut sembler insurmontable, mais les bénéfices que vous pourriez en retirer sont à ne pas négliger. Pas besoin d’arrêter pendant deux semaines : ça peut être juste une journée, si vous préférez. L’important, c’est de prendre le temps de vous rappeler pourquoi vous consommez du cannabis. Vous pouvez aussi fumer tous les jours du matin au soir sans que ça affecte votre vie négativement, pis c’est bin correct! Par contre, si votre instinct vous dit le contraire, c’est peut-être signe que c’est l’heure du break.

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