Logo

Comment faire son propre ciné-club pandémique de films de marde

Tout ce qu'il faut savoir et des suggestions de films pour bien démarrer.

Par
Sarah-Florence Benjamin
Publicité

Les soirées peuvent être bien longues après 20h. Avec près d’un an de pandémie dans le corps, il se peut que vous n’en puissiez plus de faire des rénos ou de réinventer votre routine de skincare. Pour ma part, je dois une bonne part de mon semblant de santé mentale au ciné-club hebdomadaire où mes ami.e.s et moi nous rejoignons en ligne pour écouter le meilleur du pire des nanars. Je vous expliquais tout dans un précédent texte à lire ici.

Après des mois et d’innombrables navets, me voilà presque une experte. En attendant que les salles de cinéma et le sous-sol de vos chums soient enfin de nouveau ouverts, voici un petit guide pratique pour organiser la parfaite soirée de film de marde.

1- Des gens

C’est l’élément le plus important de tout bon ciné-club. L’écoute de nanar est avant tout un évènement festif. On parle par-dessus le film, on fait des blagues, on répète la dernière réplique qu’on vient d’entendre. C’est là tout l’intérêt de regarder un mauvais film au départ. Si cette ambiance de Super Bowl est à son apogée dans une salle de cinéma remplie à craquer de fans survolté.e.s du genre, on peut très bien s’en approcher à distance entre ami.e.s grâce à la magie de la technologie.

Publicité

2- Une app de diffusion et de discussion

Il est important de choisir une app qui permet autant la diffusion en direct que la discussion dans votre public. Discord, le logiciel de messagerie instantané et l’application de streaming Kast sont de bonnes options qui permettent à tout le monde de regarder la même vidéo en simultané, tout en s’échangeant des messages dans un chat ou en parlant (au risque de créer une certaine cacophonie). Les deux logiciels sont gratuits, mais offrent des avantages à leurs utilisateurs payants pour peu cher. Il existe également l’application Teleparty (anciennement Netflixparty) qui se synchronise avec les services de streaming comme Netflix, Disney+, HBO et Hulu. Par contre, il faut être abonné.e audit service de streaming pour y avoir accès.

3- Une connexion internet décente…

…Ou une patience à l’épreuve des problèmes techniques si vous n’en avez pas! C’est sûr que lorsqu’on diffuse un film en direct, il peut arriver que l’image gèle ou qu’il y ait un petit délai de son. Heureusement pour vous, vous écoutez déjà un film de très mauvaise qualité au scénario incompréhensible. Tant que votre auditoire est averti, ce n’est pas un drame.

4- La hype

Regarder un nanar, c’est avant tout un évènement. Votre gang d’ami.e.s n’est peut-être pas composée de cinéphiles aguerri.e.s ou de vétérans du festival Fantasia, donc c’est toujours mieux de les préparer un minimum à ce que vous allez leur montrer. Que ce soit par des petits aperçus du film, par des anecdotes de tournages intéressantes dénichées sur Imbd ou par vos meilleurs mèmes, vous pouvez alimenter leur curiosité avant votre “projection”. L’ambiance n’en sera que plus survoltée une fois le film commencé.

Publicité

5- Votre meilleur pire film

La pièce de résistance de votre soirée ciné-club, le parfait nanar est aussi mauvais que divertissant. Comme pour les bons films, c’est avant tout une question de goût. Cela ne m’a pas empêché de sonder fans et experts pour vous offrir leurs suggestions.

La base

The Room (Tommy Wiseau, 2003)

Sans doute un des plus connus des so bad it’s good, The Room doit beaucoup à sa communauté de fans dévouée et à la personnalité énigmatique de son réalisateur (aussi scénariste, producteur, acteur principal, alouette). Difficile de croire que 6 millions de dollars ont été dépensés pour son budget. Aussi confus que mélodramatique, le film est techniquement assez correct, ce qui rend l’écoute somme toute agréable. Un bon exemple de la tendance qu’ont les réalisateurs de nanars à écrire beaucoup trop de scènes de sexe dans lesquelles ils jouent.

Publicité

Troll 2 (Claudio Fragasso, 1990)

Sous un pseudonyme, l’italien Claudio Fragasso a réalisé ce qu’il croyait être un poignant commentaire contre le véganisme. Appelé à assister à une projection de Troll 2, 20 ans plus tard dans le cadre du documentaire Best Worst Movie, il ne comprend pas pourquoi le public rit systématiquement au mauvais endroit. Dans ce film où il n’y a, étonnamment, aucun troll, vous trouverez le parfait mélange d’effets spéciaux cheap, d’adolescents qui surjouent et de répliques surréalistes.

Broche à foin sincères

I Am Here…. Now (Neil Breen, 2009)

Publicité

Tous les films de Neil Breen se ressemblent. Ça ne l’empêche pas d’en faire plus et ça ne nous empêche pas de les regarder. Comme dans tous ses autres films faits avec amour et peu de moyens, Breen joue une figure de messie cybernétique qui sauve le monde de la corruption. Il y a un message profond dans tout le symbolisme des scènes mal-montées de I Am Here…. Now. Si vous le comprenez, appelez-nous s’il vous plaît.

Manos: The Hands of Fate (Harold P. Warren, 1966)

On vous aura averti, il n’y a rien qui fonctionne dans Manos. Le scénario, la réalisation, le son, le jeu, on vous le dit, rien. Même le chien a de la misère à faire sa job dans ses scènes. Il y a cependant quelque chose de très attachant dans ce film réalisé par un vendeur d’engrais très motivé dont la majorité des personnages sont joués par sa troupe de théâtre amateur.

Publicité

Pour nanarophile averti.e

Wicked World (Barry J. Gillis, 1991)

Après avoir vu Wicked World, j’ai dû prendre une douche chaude pour me laver l’esprit. Réalisé par Barry J. Gillis, notre Neil Breen canadien, Wicked World raconte l’histoire d’un tueur en série et d’un policier corrompu. C’est à peu près tout ce qu’on peut retirer de la confusion sanguinolente de ce film d’horreur qui se prend très au sérieux. Ce sera une belle expérience de solidarité de passer à travers le film au complet avec vos pauvres ami.e.s.

Suffer Little Children (Alan Briggs, 1983)

Publicité

Filmé sur VHS et mettant en scène les enfants d’une école de théâtre, Suffer Little Children est un des rares films d’horreur de Pâques. Regarder la majeure partie de ce qui ressemble à une très longue vidéo maison est une véritable épreuve d’endurance. On ne veut pas vous gâcher la surprise, mais la fin en vaut la chandelle. Rassurez-vous, aucun enfant n’aurait été maltraité durant le tournage.

Bonus

Pour bien se mettre en humeur pour un mauvais film, rien de mieux qu’un très mauvais vidéoclip. Cette œuvre aussi psychotronique que pédagogique est une recommandation de Simon Laperrière, co-organisateur des Soirées de la 4e dimension.

« Bon » visionnement!

Publicité