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Ces choses qui n’ont plus d’importance depuis ma trentaine
La semaine dernière, Marie-Lyne Joncas nous parlait de sa trentaine et des choses qui ont changées dans sa vie, depuis qu’elle le prend avec un petit rire de fierté quand un commis de dépanneur la carte pour sortir un six-pack de bières en canettes.
Ça m’a fait réaliser quelques trucs.
Ma trentaine est amorcée depuis quelques années (j’ai 33 ans), je suis un papa qui perçoit l’appréciation des femmes de mon âge en raison de mon statut parental, comme le soulignait Marie-Lyne, et, surtout, plusieurs choses qui étaient ô combien importantes durant ma vingtaine n’ont plus aucune espèce de signifiance dans mon quotidien.
En clair, j’ai abandonné ben des affaires depuis que j’ai rejoint le club des trentenaires qui commencent à se demander c’est quand le point de non-retour vers «le reste de ma vie».
Bref, j’avais envie de partager ça avec vous et avec toi, Marie-Lyne, en guise de réponse à ta liste des choses à savoir sur la trentaine.
Voici donc ces choses dont je me crisse maintenant que j’ai l’âge du Christ.
1. Les goûts et les préférences des autres. À vingt ans, quand j’étais un étudiant snob en littérature comparée, je pouvais complètement discréditer quelqu’un en fonction de ses lectures ou de ses goûts cinématographiques. Pire, j’ai déjà flushé une fréquentation parce qu’elle préférait visionner des films en versions doublées. Maintenant, sérieux, ce que tu aimes t’appartient. On peut coexister sans partager les mêmes goûts, pis c’est ben correct.
2. Ceci dit, il ne faut pas mélanger les goûts et les convictions. Depuis mes trente ans, j’ai arrêté de m’enfarger dans les politesses pour traiter quelqu’un d’imbécile quand il agit de façon répréhensible et/ou dangereuse. Lire ici, il ne faut pas éviter les mots comme «criss d’imbéciles» quand on parle des idiots qui brandissaient des drapeaux nazis à Charlottesville cette fin de semaine. Appelons un chat un chat. À plus petite échelle, on peut aussi dire aux commentateurs «brasse marde» dans nos médias qu’ils disent des crisses de niaiseries. Ça défoule un peu et, qui sait, peut-être qu’ils comprendront le message un jour.
3. Désormais, je suis capable d’aller à l’épicerie en vêtements mous et pas coiffé. Dans ma vingtaine, je ne vivais qu’à travers le regard des autres. Oui messieurs, ce n’est pas un problème exclusivement féminin se soucier de son apparence, vous pouvez arrêter de jouer aux durs. Maintenant, je ne suis plus constamment en train de me demander c’est quoi l’image que je projette quand des inconnus croisent mon chemin ou mon regard. Let it go comme le chantait la reine des neiges.
4. Depuis quelques années, j’ai arrêté de croire que l’espèce humaine allait survivre dans le temps. Je trouve ça prétentieux d’affirmer que notre toute petite existence dans la grande histoire de la planète est suffisamment signifiante pour qu’elle ne soit jamais brisée. Oui, il faut faire attention et ne pas saboter notre environnement immédiat à court terme, mais tôt ou tard, la terre va nous évacuer comme une mauvaise grippe et ça en sera fait de l’histoire de l’Homme. D’une étrange façon, ça allège mon quotidien.
5. Le look des autres, vraiment, qu’est-ce que ça change à ma vie?
6. Dans la même catégorie, la sexualité et l’identité des autres, en quoi ça me concerne? C’est plus facile avoir le droit à la confidentialité pour nos factures de téléphones que pour nos relations sexuelles, c’est quand même alarmant. Si mon voisin fantasme à l’idée de fourrer son tuyau de sécheuse, qui suis-je pour venir lui faire la morale et le faire feeler cheap de le faire?
7. Plus jeune, la publicité m’influençait beaucoup, voire beaucoup trop. Je suis dans la génération qui a connu les annonces de jouets à la télé et tous ces merveilleux G.I. Joe qu’on me promettait plusieurs fois par jour avec des véhicules, des armes et des costumes différents. Si je le voyais dans une publicité, je le voulais. C’était vrai pour les jouets, mais aussi pour les vêtements, la technologie et tout le reste, incluant la bouffe. J’ai maintenant une méfiance presque malsaine envers la publicité que je considère comme un mal nécessaire dans notre société, tant qu’on l’a tient loin des gens moins aptes à la déceler pour la supercherie qu’elle est. Bref, ta montre intelligente avec le Wi-Fi qui peut aller trois kilomètres sous l’eau, je m’en torche un peu.
8. Je rêvais d’avoir une maison, un chalet, une auto et même un bateau plus jeune, j’étais ambitieux de même. Aujourd’hui, l’accès à la propriété me donne de l’urticaire et la possession d’un véhicule est plus un caprice qu’une envie. Reste le chalet que je verrais comme un refuge pour me cacher du monde, mais j’y crois de moins en moins. C’est sûrement parce que j’aime trop les brunchs, pis tous mes amis milléniaux.
9. Ce n’est pas populaire comme position, mais je ne vote plus par conviction depuis longtemps déjà alors que j’étais le premier à casser les oreilles des gens sur l’importance d’exercer son devoir de citoyen. Quand on me demandera de voter pour changer le système et évacuer la politique de l’équation, je ferais la ligne pour ne rien manquer du changement. En attendant, que ce soit Coderre, GND oubedon Ti-Mé Paré, je refuse d’endosser cette séparation claire entre le pouvoir et les gens.
10. Finalement, je n’ai plus honte d’admettre mes erreurs. Vous devriez tenter le coup, c’est étonnamment satisfaisant avoir l’humilité d’avouer à quelqu’un qu’on n’avait pas raison.
Voilà, j’imagine qu’à 44 ans, cette liste sera bien différente, si mon amour pour le poulet frit me laisse vivre jusque-là.