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Céline, Vegas et le hockey
La terre a tremblé ce week-end dans le coin du Nevada, où se déroulait le très attendu repêchage de la Ligue nationale de hockey. Notre journaliste Nathalie Lesage y était, ainsi qu’ô surprise… Céline Dion.
Le moment que je m’apprête à vivre à Las Vegas commence en 2021 au détour d’un blind date, quand j’ai rencontré un Ontarien entraîneur de hockey en Europe.
Comme je le répète souvent : ça ne s’invente pas. Le chéri est devenu fiancé et je me retrouve depuis dans des montagnes russes aussi heureuses qu’originales, comme partir le retrouver à Las Vegas.
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L’épicentre de la démesure accueille le sacro-saint repêchage de la LNH, où tout le gotha international de la puck se donne rendez-vous. Et c’est parti pour un énième épisode improbable de ma nouvelle réalité de mini Wag (« Wives And Girlfriends », soit les compagnes des sportifs professionnels).
Voyage au bout de la nuit
Le voyage est intense, comme si le simple fait de dire « je vais à Vegas » rendait le périple à l’image de sa destination : expérientiel. J’ai pour voisine de bord une teen oxydée en visible partance pour le vice, ainsi qu’une maman-courage dont la poupoune à bajoues roses tripe moyen sur les turbulences. Je ne serais d’ailleurs pas surprise que ses cordes vocales en soient hypothéquées à vie.
J’atterris presque 7 heures plus tard bien fripée, et les 42 degrés du tarmac n’arrangent en rien ma frange.
Je sillonne les couloirs pour retrouver le chéri qui m’attend au bout de la nuit et de la rangée de machines à sous, rouges comme mes joues.
Attention Vegas, les Canadiens sont là.
Viva la Sphère
Samedi midi, direction la Sphère du Venetian Resort où se déroule l’événement.
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C’est connu la LNH think big, et n’allait pas se contenter que de tenir sa foire aux talents dans la ville de toutes les extravagances. Elle s’est carrément offert son plus récent joyau technique, The Sphere (à prononcer in inneglish), une boule-écran qui multiplie les superlatifs ainsi que les records : plus grand bâtiment sphérique au monde (112 mètres x 157 mètres), plus grand écran LED au monde (1,2 million de lumières sur 54 000 m² de surface) et salle de spectacle la plus chère de Las Vegas avec un pharaonique 2,3 milliards de dollars en coût de production.
De quoi faire oublier pour un temps la venue des Kings à Québec cet automne.
Nous sommes des centaines à marcher dans la Sin City toujours aussi trash, vers cette ÉNORME chose aux allures extraterrestres. Une flotte multicolore de fans venus de partout et arborant fièrement les couleurs de leur club.
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Molson saluerait les vrais.
Je porte évidemment ma casquette du CH, menton en l’air, et salue joyeusement d’autres fanatus canadensis comme Chaz et sa cape tout droit arrivé du Nouveau-Brunswick, ainsi que Bob de Québec dont c’est le 3e rodéo-repêchage.
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Le hall de la Sphère est grouillant. Les gros fromages de la LNH passent en bloc dans les corridors, pendant que les jeunes aspirants ceinturés dans leurs beaux costumes, attendent patiemment avec leur famille dans l’espoir de faire leur entrée dans le real deal.
Mon doux parfait ma connaissance en me pointant du nez les bonzes que l’on croise : Phil Pritchard (gardien de la Coupe Stanley), Steve Yzerman (directeur général des Red Wings de Detroit), Julien Brisebois (directeur général du Lightning de Tampa Bay), ainsi que tant d’autres dont je ne retiens pas le nom.
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« It’s time to go baby » (mon Ontarien ne parle pas français, mais juré, c’est son seul défaut). On pénètre en groupe dans cette sphère comme on marche sur la lune ; près de 18 000 têtes en l’air, émerveillées par la constellation de lumières de cette salle hors norme.
Anatomie d’un repêchage
Je prends pleinement conscience du privilège d’être là quand je vois passer l’ancien entraîneur des Canadiens Dominic Ducharme (j’ai osé l’égoportrait) et que le fiancé me présente son old pal Mike Weaver, ex-joueur du tricolore ayant porté le même numéro que Patrice Brisebois. Ça, je le sais : c’est le 43.
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Le parterre a des airs de party de salle paroissiale avec ses 32 tables remplies des têtes dirigeantes des 32 équipes de la LNH en préparation au décollage.
On prend place et de curieuse en arrivant, j’enclenche le niveau excitation de gamine. Ma culture G du hockey a beau s’être améliorée par alliance – qui prend chéri prend game le samedi – mais j’ai dû avoir recours à mon professeur particulier pour comprendre le b.a.-ba de ce qui s’en vient. Le repêchage est une grande messe où se donnent rendez-vous toutes les équipes de la LNH venues recruter de futurs potentiels joueurs, parmi les meilleurs jeunes patineurs au monde.
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L’occasion aussi de quelques échanges et transactions stratégiques ; mais j’ai moins compris ce chapitre de ma formation. Deux jours, sept rondes, 225 joueurs choisis tour à tour par les équipes dans un ordre établi lors d’un tirage au sort. Premier arrivé premier servi, et la 5e position du Canadien de ce jour 1, de ronde 1, alimente les conversations sur toutes les ondes.
C’est Céliiiiine
L’événement commence avec une courte introduction du grand patron de la LNH, Gary Bettman, qui a le chic pour se faire huer. Suivent les équipes qui annoncent leur choix selon l’ordre établi : San Jose, Chicago, Anaheim, Columbus.
Je suis plus fascinée par le spectacle en son et lumière de la Sphère que par les noms énoncés ; puis de toute façon mon cœur appartient aux Canadiens.
Ah, les voilà ! Tous les partisans rouges Ste-Flanelle s’avancent sur leur bout de siège pour attendre l’appel. Le Directeur général Kent Hughes, comme les autres avant lui, s’apprête à inviter une personnalité chère à l’équipe pour annoncer la sélection. On s’attend, comme les autres avant lui (bis), à un ancien joueur moyennement charismatique.
C’était sous-estimer la force de frappe de nos Glorieux et leur sens aigu du spectacle, puisqu’on l’entend plutôt prononcer une phrase surréelle.
« Je suis heureux d’inviter sur scène notre fan numéro un, la seule et unique… Céline Dion. »
Il y a d’abord comme un flottement, puis des Oh ! et des Ah ! Que-wa ? Céline ? Et la mégastar qui arrive, radieuse, au bras de René-Charles, comme les réalisateurs débarquent sur la scène aux Oscars.
De battre, bien des cœurs se sont arrêtés.
De la voir debout et en forme, surtout ; puisque nous avons tous en tête les images-chocs de son récent et poignant documentaire. Elle est belle, elle est drôle, confie être elle-même une hockey mom, et en grande dame, salue la salle d’abord en français avant d’annoncer le fameux 5e choix avec la théâtralité qu’on lui connaît.
Un Russe visiblement assommé par autant de bonnes nouvelles : Ivan Demidov, « qui a vu Titanic ».
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Dualité
Voilà un peu plus de trois ans que je côtoie l’univers du hockey où j’apprends sans cesse sur cet univers à la réalité particulière. Si j’admire la discipline, le sens de l’équipe et la stratégie derrière le jeu ; la place des femmes me confronte à mes valeurs et me travaille le gros nerf.
J’ai pas mal grincé des dents en ce soir de repêchage de les voir si peu présentes parmi la fine fleur du hockey, agglutinée au parterre de Super Sphère. À cet effet, il faut lire la Wag en chef et Québécoise Florence-Agathe Dubé-Moreau, conjointe de l’ex-footballeur Laurent Duvernay-Tardif, qui a mis le feu dans le sapinage avec son essai sur le sujet, Hors jeu. Vous avez peut-être déjà lu d’ailleurs ses billets sur URBANIA.
La LNH nous apprend sur son site que le coup de génie d’inviter la star mondiale et divinité du Québec à annoncer le choix du Canadien de Montréal a été orchestré par l’ancienne journaliste sportive Chantal Machabée ; aujourd’hui vice-présidente aux communications du club et inspirante pionnière à bien des égards (première femme à présenter un bulletin sportif à la télévision, première femme à animer un match des Canadiens de Montréal, etc.).
Il reste beaucoup de chemin à faire, mais je ne peux m’empêcher d’être doublement fière de mes Canadiens qui, en plus de ce talent fou pour faire vibrer les foules en frappant au cœur, s’efforcent de faire place aux présences féminines dans cette Mecque ultra-masculine*.
À quand une entraîneure pour, qui sait, être le premier club à engager une femme derrière le banc, avant Seattle (qui serait sur le coup avec Jessica Campbell) ?
Quel baptême. Merci Céline, merci Chantal Machabée de défricher comme vous le faites… et bienvenue aux nouvelles recrues ! Psst : je sais qu’il n’aimerait pas que je vous le dise, mais mon Ontarien pro-Maple Leafs est sur le point de passer à l’Est.
Le saviez-vous ?
– Au jour 2 du repêchage lors du 70e choix, les Canadiens ont repêché Aatos Koivu, fils de Saku Koivu ; oui, l’ancien capitaine chouchou de l’équipe entre 1999 et 2009.
– Carey Price avait lui aussi été sélectionné en 5e position en 2005. C’est aujourd’hui le gardien ayant récolté le plus de victoires avec le Canadien (361), juste devant Jacques Plante (314).
– C’est à Montréal qu’a eu lieu le premier repêchage de la Ligue nationale de hockey en 1963. Au Reine Elizabeth d’abord, avant de déménager au Forum de Montréal en 1980. L’événement y restera jusqu’en 1985, qui marqua le début des cérémonies nomades.