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« Ça va bien aller » : un an plus tard, comment va celle qui a importé le célèbre slogan pandémique?
Pour souligner l’an un de la COVID-19 au Québec, URBANIA a entrepris un road trip à travers la province au volant d’une rutilante Matrix 2006 et avec une grosse pile de masques dans le coffre à gants. L’objectif? Raconter la pandémie de celles et ceux qui ont fait les manchettes aux côtés de ce virus et témoigner du quotidien des Québécois.e.s avec ce qui n’était pas « juste une grosse grippe » finalement.
Voici le quatrième article de cette série. Si vous avez raté les trois premiers, les voici ici, là et encore ici.
QUÉBEC – Avant de descendre vers le Bas-St-Laurent, j’ai fait un arrêt au parc des Moulins de Charlesbourg, où me donne rendez-vous Gabriella Cucinelli.
Si son nom ne vous dit pas grand-chose, son slogan lui doit vous sonner une cloche voire même générer chez vous quelques pulsions incontrôlables: « Ça va bien aller ».
Elle m’a donc amené ZE dessin original (fait à la gouache par ses deux enfants) au parc, situé près de l’ancien Jardin zoologique de Québec. Une première question s’imposait d’emblée: pis toi Gabriella, ça a bien été? « Les premiers temps, ça allait plutôt bien. Aller au travail me permettait de sortir de la maison, mon chum était en télétravail avec les enfants. L’été, c’était bien aussi, mais ça a commencé à être dur sur le moral vers l’automne… », admet cette éducatrice en garderie originaire des Pouilles en Italie, installée au Québec depuis dix ans.
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C’est d’ailleurs grâce à ses racines que l’arc-en-ciel le plus placardé dans les fenêtres de l’histoire a été importé ici. Gabriella n’a pas inventé le concept, elle s’est plutôt inspirée d’une initiative italienne d’un organisme qui encouragerait les enfants confinés durant la première vague à accrocher à leur balcon un dessin d’arc-en-ciel accompagné des mots « andrà tutto bene », qui signifient « Tout va bien aller » dans la langue de Nicola Ciccone.
«C’est là que je me suis dit: respire, ça va bien aller, tout le monde est dans le même bateau », raconte Gabriella, expliquant la genèse de la version PQ de l’arc-en-ciel.
« C’était la catastrophe en Italie. Quand M. Legault a annoncé que ça s’en venait ici aussi, c’était pour moi la fin du monde. Ma famille habite là-bas et j’avais peur. C’est là que je me suis dit: respire, ça va bien aller, tout le monde est dans le même bateau », raconte Gabriella, expliquant la genèse de la version PQ de l’arc-en-ciel. « J’ai d’abord demandé la permission à l’organisme italien (Projetto Infanzia). J’ai ensuite pris une photo que j’ai mise dans un groupe d’éducatrices sur Facebook. Le reste a fait boule de neige. Tout ça est né d’un partage, il n’y a aucune prétention », assure Gabriella.
Rien pour empêcher des gens avec pas de vie à lui écrire pour critiquer le dessin des ses enfants (six et huit ans). « On m’a dit qu’il manquait une couleur à l’arc-en-ciel et qu’elles n’étaient pas dans le bon ordre… », soupire-t-elle.
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Voyant l’engouement de l’arc-en-ciel et une certaine récupération commerciale, Gabriella a eu l’idée de protéger la marque en déposant le 31 mars dernier une demande d’enregistrement auprès de l’Office de propriété intellectuelle du Canada.
Sa demande est toujours en attente et une autre personne (?!?) aurait fait la même requête. « Après trois semaines, je voyais des arcs-en-ciel en vente sur des tasses, des porte-clés et des t-shirts. Ça n’a pas été fait pour ça, c’est tellement juste quelque chose de spontané, positif », explique-t-elle.
«J’ai voulu leur céder mes droits, parce que c’est juste un mouvement de partage et de bienveillance.»
Gabriella ne veut pas faire un sou en protégeant la marque, ayant plutôt obtenu une licence temporaire à l’organisme de sécurité alimentaire La Cantine pour tous, qui aurait reçu environ 180 000$ en dons depuis un an. « J’ai voulu leur céder mes droits, parce que c’est juste un mouvement de partage et de bienveillance. »
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On gèle dehors, c’est l’heure de reprendre la route en direction du Bas-Saint-Laurent. Avant de partir, Gabriella admet avoir perçu une écoeurantite aiguë et du cynisme envers son slogan, qui laisse un goût amer près d’un an plus tard. « Quand ça va bien, c’est facile de dire que ça va bien. Mais il faut relativiser, essayer de ne pas se laisser abattre. Et puis, ça aurait été quoi l’alternative? Ça va sombrer? On va tous mourir?! », badine Gabriella.
Ouin, vu de même…