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BPM, un nouveau média pour sortir les beatmakers de l’ombre

Les bons producteurs québécois sont nombreux... et souvent méconnus.

Par
François Breton-Champigny
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«On est gayayayayyééé! On est gayayayayayééé!» Si vous n’avez jamais entendu ces paroles issues du méga hit Gayé de FouKi, vous avez probablement passé les trois dernières années caché sous une roche ou du moins bien loin des pique-niques dans les parcs.

«Ça a été fait chez nous dans une chambre. On a rec dans mon garde-robe et dans le garde-robe de FouKi», dévoile Quiet Mike, le producteur de l’ingénieux morceau, dans une récente capsule YouTube produite par Beat par Montréal (BPM), un nouveau média qui tente de démystifier la réalité de ces créateurs méconnus.

On s’est entretenu avec Jean-Thomas Cloutier, aka JT, et Benjamin, aka Benny, deux des membres fondateurs de BPM pour en connaître davantage sur leur initiative.

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Créer du hype autour des beats

Fondé par des «passionnés de production musicale» tels que Jean-Thomas Cloutier, Marc Vincent aka Ruffsound (derrière plusieurs gros hits de Loud et FouKi), Koudjo Oni, Samuel Millette et Benny, BPM veut «mettre en lumière des artistes de l’ombre» à travers différents projets.

«Contrairement aux États-Unis, où des producteurs comme Dr. Dre sont carrément des superstars, ici, les beatmakers ne sont souvent pas ou très peu connus. Avec BPM, on veut vraiment mettre du hype sur les beats en tant que tel», soutient JT.

Et pourtant, ce ne sont pas les gros noms en termes de production musicale qui manquent dans notre Belle Province. On a qu’à penser à Kaytranada, qui est en nomination pour 3 Grammys dont celui pour «Meilleur Nouvel Artiste», Billboard, à l’origine de morceaux pour Madonna et Beyoncé ou Banx and Ranx, créatif duo derrière des beats pour Sean Paul.

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Une publication partagée par @kaytranada

«Ce qui m’a frappé, c’est quand AC (Alexander Castillo Vasquez, un autre producteur québécois) a fait la mi-temps du Super Bowl l’an dernier et que plein de gens d’ici l’ont connu pour la première fois. Pourtant, ce “petit gars de Saint-Michel” avait déjà fait plusieurs tracks pour des stars comme Justin Bieber et Nicki Minaj», raconte pour sa part Benny, qui s’occupe principalement des communications pour le moment.

«Contrairement aux États-Unis, où des producteurs comme Dr. Dre sont carrément des superstars, ici, les beatmakers ne sont souvent pas ou très peu connus»

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Mise à part «redonner les lettres de noblesse» aux beatmakers de la province, BPM compte notamment susciter un «engouement» pour l’univers de la production musicale en créant des capsules vidéos comme celles de Quiet Mike, où des producteurs viennent donner leur «recette» d’un certain morceau particulièrement populaire de leur catalogue à la caméra .

«On va aussi mettre sur pied des produits téléchargeables pour les producteurs de musique et instaurer un volet éducatif sur le domaine puisqu’on a énormément de savoir-faire qui serait très utile pour de jeunes beatmakers en herbe» explique JT.

Quand la COVID sera une chose du passé, le producteur vétéran mentionne également vouloir mettre sur pied des événements de «réseautage». Il ne souhaite cependant pas trop donner de détails sur les futurs projets de BPM pour ne pas «dévoiler trop de punchs».

Un travail d’équipe plutôt qu’une compétition

Le beatmaking a subi d’énormes transformations à travers les décennies. Des scratchs sur les tables tournantes en passant par les sons typiques de la côte Ouest des années 90, les producteurs de musique doivent constamment se réinventer et adapter leur technique pour suivre la cadence.

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De nos jours, un quidam peut décider du jour au lendemain de télécharger un logiciel sur son ordinateur, se lancer dans la production de morceaux et s’autoproclamer beatmaker.

«Si on veut vraiment pousser là-dedans, il faut mettre beaucoup d’énergie»

Lorsqu’on leur demande si cette «démocratisation» de la technique pourrait nuire à leur art ou carrément rendre désuète leur nouvelle plateforme, JT est catégorique. «Oui, il est plus facile maintenant de se procurer des sons et commencer par soi-même, mais si on veut vraiment pousser là-dedans, il faut mettre beaucoup d’énergie. Il faut avoir énormément d’endurance et de détermination pour se rendre où des gars comme Ruffsound se sont rendus, pour remonter la pente après des chutes. Ça n’arrive pas juste comme ça en faisant quelques beats derrière son ordi».

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Une publication partagée par Ruffsound (@ruffyduffy)

Le vétéran du son croit également que pour percer, il ne suffit plus de faire de bons morceaux. Il faut aussi se «brander» et avoir sa propre marque qui se différencie des autres, chose qui nécessite «temps et réflexion» selon JT.

Quoi qu’il en soit, BPM sera au rendez-vous pour fournir des moyens aux producteurs de la relève de réaliser leurs rêves. Benny révèle notamment que Quiet Mike a fait don de 10 sons de sa banque personnelle pour la plateforme «éducative» de BPM. «Il y a une réelle volonté de partage et de savoir dans la communauté et c’est ce que nous voulons mettre de l’avant» souligne-t-il.

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Pour l’instant, les fondateurs de BPM souhaitent d’abord bâtir une audience solide autour de leur concept de vidéos sur leur chaîne YouTube. Pour le reste, on va devoir attendre pour voir ce que le collectif nous prépare.

Mais gageons qu’on aura droit à de bons beats pour célébrer les mois plus chauds cet été.