Même s’il oeuvre surtout dans l’ombre, c’est grâce au beatmaker Ruffsound qu’ont été créés certains des plus grands hits du rap keb. Marc Vincent, de son vrai nom, était de passage chez Jason Bajada pour enregistrer le plus récent épisode du balado Bajada Dialogues. Les gars ont discuté de son parcours de mélomane, de ses collabs folles avec des artistes d’ici et d’ailleurs, et de sa passion pour les sneakers.
Comme toute bonne discussion entre deux tripeux de musique, la conversation s’ouvre sur un hommage au hip-hop des années 1990. C’est la musique avec laquelle Marc a grandi et c’est encore celle qui le fait vibrer aujourd’hui « La musique comme ça qui te rappelle des souvenirs, ça devient la musique que tu affectionnes le plus en général », expliquait Ruffsound à Jason.
Rapidement, ils se mettent d’accord que le golden age du rap a eu lieu pendant les années 1990, ce qui débouche sur les débuts de Ruffsound en tant que beatmaker. « Quand j’avais comme 15 ou 16 ans, en 1999, on a acheté un petit ordinateur à la maison pis l’un de mes amis à l’école m’a dit que je pouvais faire des beats avec un programme, raconte-t-il. J’étais comme “Le beat? Qu’est-ce que tu veux dire” Pis là il m’a dit que c’était le beat en arrière du gars qui chante (rires). J’avais pas encore poussé la réflexion jusque là. »
Marc continue en racontant à Jason que c’est là qu’il s’est mis à vraiment faire des beats et à les vendre. « Je les amenais à l’école et les gars mettaient ça dans l’auto pour faire du freestyle dessus. » À ce moment-là, il était loin de se douter qu’un jour ses beats seraient entendus partout à travers le monde et cumuleraient des millions de plays en ligne.
Les cuistots dans la cuisine
Les deux artistes font un petit détour pour parler du passé en arts martiaux de Ruffsound, avant de revenir sur leur passion commune, la musique. C’est là qu’ils commencent à utiliser une métaphore qui reviendra souvent au cours de leur conversation, celle de la cuisine pour parler du beatmaking.
Jason : « J’ai une vision romantique de toi devant ta collection de vinyles, qui les regardes pis qui fait “Eeny meeny miny moe” pour en choisir un, pis qui écoute ça ben tranquille jusqu’à ce que… something catches your ear pis là : send that shit into Ableton (rires). »
On apprend alors que Ruffsound a plus de 5000 vinyles qui prennent la poussière sur ses tablettes et qu’il sample différent artistes pour trouver les « ingrédients » parfaits pour faire son beat. Une guitare ici, un beat de drum là, tout pour arriver à la meilleure recette. Jason résume la chose ainsi : « You’re the cook in the kitchen. »
Sneakerhead, ou pas
Plus tard dans la conversation, on apprend qu’il n’y a pas que les vinyles que Ruffsound collectionne, il y a aussi les chaussures. « I like sneakers… mais je ne suis pas ce qu’on pourrait appeler un sneakerhead », rigole Marc. Il se justifie en expliquant qu’il n’accorde pas tant d’importance aux années ou aux trends des espadrilles, s’il les aime, il les achète, c’est tout.
Sneakerhead ou pas, le beatmaker à quand même plus de 200 paires de sneakers à la maison. « Certains diraient que c’est une obsession, mais ok… », niaise aussi Jason. « Je connais des gars qui sont vraiment pires (rires), continue Ruffsound. Les shoes que j’aime, je vais avoir le même modèle en 10 couleurs différentes ou trois exemplaires du même juste parce que je l’aime. »
Les collabs
Si à ses débuts, Ruffsound vendait ses beats à des gars de son école pour 50$, les choses ont vite commencé à déboucher pour lui. Avant longtemps, il collaborait avec des gens comme Koriass, Loud Lary Ajust et FouKi. Certains d’entre eux ont des parcours qui sont plus près du sien, comme Koriass. « Du jour où on a commencé à travailler ensemble, j’ai touché à chacune des chansons sur ses quatre derniers albums. Nos carrières sont plus intimement liées. »
Il a aussi grandement contribué au succès de la carrière solo de Loud. « C’est un gars extrêmement talentueux, pis je pense qu’il avait la “vision” de ça depuis longtemps », explique Marc. Du premier EP solo du rappeur, « New Phone », qu’il décrit comme ayant été « fait sur un coin de table », et son hit « 56K » jusqu’au succès de « Une année record » qui a mis Loud sur la map pour le grand public, Ruffsound était toujours là.
Pour entendre le reste de la conversation entre Ruffsound et Jason sur l’usine de beats qu’il a créée dans un chalet, ses autres collaborations, dont celle avec Dua Lipa, et la rencontre entre l’animateur et son invité, écoutez le dernier épisode des Bajada Dialogues ici.