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« Barbenheimer » : une (presque) nouvelle ère cinématographique
J’avais hâte. J’avais vraiment hâte.
Eille, un événement cinématographique comprenant non pas un, mais DEUX films? C’était comme si je me retrouvais en octobre 1994, un mois mythique pour le cinéma où l’on avait le choix entre aller voir Pulp Fiction, Forrest Gump ou Jurassic Park.
Ah, 1994! L’année où Jim Carrey a joué dans The Mask, Ace Ventura et Dumb & Dumber. Et cette année, on a Margot Robbie dans son troisième film en dix mois avec l’unique Stereotypical Barbie.
Depuis maintenant 10 jours, Hollywood a retrouvé son éclat d’antan. Les gens ont laissé de côté les séries, se sont levés de leur divan et ont cessé de dire la phrase : « Rendu là, m’a attendre qu’y sortent sur Netflix, Crave, Prime ou Disney, t’sais! »
C’est mardi soir, je suis dans la salle #1 du cinéma Cineplex Odeon Brossard VIP (#brag), installé sur un gros couch avec mon gigantesque breuvage mixte Fanta/Fruitopia, et j’ai hâte, j’ai vraiment hâte. Je suis dans une salle de projection bondée et c’est ni un film Marvel, ni une suite, ni un remake.
Mes yeux de cinéphile voient à nouveau la vie en pellicule.
Et enfin, Oppenheimer commence… oh shit. Y’a pas de sous-titres. Là, je trahis mes 21 ans.
Le jeune consommateur de streaming et de contenu TikTok en moi, habitué à avoir une transcription écrite de ce que j’entends, essaie désespérément de comprendre les propos (fucking importants) d’Albert Einstein avec son accent allemand, mais en vain. J’ai pas mes chimie-physique de 5e secondaire, l’anglais est ma deuxième langue et mes oreilles sont encore bouchées à cause de mon pool party.
L’expérience Christopher Nolan commence mal.
Le film dure trois heures. Un trois heures qui se ressent, mais pas un looooong trois heures. En fait, disons plutôt que j’en vois 2h37 sur trois heures, parce que mon énorme breuvage rouge-orange me donne comme huit envies de pisser. Je me lève si souvent, c’est clair que les gens de ma rangée, contraints à se squeezer les genoux pour me laisser passer, doivent se demander si j’ai vraiment envie d’être là. Et à chaque fois, le petit gars de la génération Z en moi a juste envie de leur dire : « Ben là, on peut pas faire pause! »
Moi qui pensais être dans l’élite à qui Oppenheimer était destiné, je me surprends à être un autre simple spectateur qui comprend à moitié un film qu’on ne peut pas arrêter.
Le film finit; je ne suis ni déçu, ni sur le cul, je veux juste aller pisser une neuvième fois.
Quarante-cinq minutes plus tard, c’est l’heure de Barbie. J’entre dans la salle numéro 2 du cinéma Cineplex Odeon Brossard VIP (#grosseviesale) et me voilà dans un autre monde. Des groupes d’amis entrent les uns après les autres, tous autour de mon âge, habillés comme si une soirée « rose et pastel » était annoncée juste après au Mile Public House (pour ceux qui ne viennent pas de la Rive-Sud, le Mile c’est comme un Shaker, mais le monde tapent encore plus s’es nerfs). Tout comme dans le film, les filles ont le dress code des Oscars, tandis que les gars ont le dress code Outer Banks.
Ça jase, ça fait des stories (avec le flash) en souriant avec un cocktail à la main et on peut déjà prévoir que demain matin, on lira en quote : « about last night ». On est ailleurs et, mis à part les écrans de téléphones qui illuminent le plafond de la salle tout au long de la projection et les discussions comme si le monde était dans leur salon, l’ambiance est l’fun.
Le film est bon, drôle, coloré : c’est un feel good movie.
Je rentre chez moi un peu racké, mais satisfait de mon Barbenheimer. Et puis le lendemain, BAM! Je me réveille en lisant un article qui annonce que Mattel, la compagnie de jouets produisant les Barbies, et donc le film, prévoit une inteeeerminable série de films basée sur leurs jouets : Polly Pocket, Barney, etc. Certains journaux appellent ça… le Mattel Cinematic Universe.
Aaaargh, tabarnak! J’étais convaincu qu’on assistait à un vent de changement et il s’avère que Barbie est juste un autre live action d’une bébelle qui existe déjà, et qui finalement est le Iron Man d’un autre univers cinématographique!?
Eh la la. Avoir su, j’aurais attendu qu’y sorte sur Crave.