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Voici ce qui attend Montréal en 2023 selon Valérie Plante, des expert.e.s et une tireuse de tarot

Pour ne plus avoir de mauvaises surprises, on a essayé de connaître l'avenir.

Par
Alice Miquet
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Est-ce qu’on est optimiste ou pessimiste pour Montréal? Ces trois dernières années, la COVID-19 nous a obnubilé.e.s puis écoeuré.e.s; puis la crise du logement nous a angoissé.e.s et fâché.e.s avec ses variantes allant de la surchauffe du marché immobilier aux « rénovictions ». On a même touché le fond du baril de l’angoisse en 2022 avec la prolifération des armes à feu… au secours!

J’ai voulu chercher du réconfort et de l’espoir pour notre métropole montréalaise chérie en sondant l’avenir afin d’y dénicher des prédictions concernant la nouvelle année. Mais avant de donner la parole à la mairesse Valérie Plante et à plusieurs expert.e.s qui s’y connaissent en affaires montréalaises, regardons déjà si la technologie a véritablement réponse à tout.

Le futur perçu par les robots

Puisqu’il est bien connu que l’intelligence artificielle va sauver le monde, commençons par demander à ChatGPT, ce logiciel d’intelligence artificielle créé par OpenAI, ses prédictions pour 2023 :

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Chatbot : Je suis désolé, mais je suis dans l’incapacité de fournir des prédictions. En tant que modèle de langage, ma fonction première est de fournir de l’information et de répondre aux questions au meilleur de ma connaissance, mais je n’ai pas la capacité de faire des prédictions ou des prévisions. Y a-t-il autre chose que je pourrais faire pour vous?

Moi : Bon, bon, tu dois bien avoir lu quelque part des prévisions, non?

Chatbot : En tant que modèle de langage… [blablabla, refus de se prononcer].

Moi : Pourrais-tu alors me raconter une blague sur Montréal?

Chatbot : Bien sûr : pourquoi le Montréalais a-t-il acheté une voiture rouge? Parce qu’il voulait être capable de trouver son chemin à travers les nids-de-poule!

Comprenez-vous le punch, ici? On va quand même lui donner un point pour la référence aux nids-de-poule qui font la renommée internationale de Montréal.

Bon, assez niaisé avec les mirages de la technologie. Posons maintenant cette question à des humain.e.s : « Que va devenir Montréal en 2023? »

Optimisme prudent ou pessimisme total?

Tout le monde semble s’entendre sur le fait que l’année 2023 ne s’annonce pas folichonne, ce qui n’est pas un spoiler. En cause : la morosité économique, la récession et la guerre en Ukraine qui s’éternise. « L’inflation est présente, on va parler de récession, de pénurie de main-d’œuvre qui a un impact sur l’économie, surtout pour le secteur du commerce du détail », met ainsi la table la mairesse Valérie Plante.

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Qu’en est-il de la crise du logement? Continuera-t-elle de défrayer les manchettes en 2023? Gérard Beaudet, professeur titulaire en urbanisme à l’Université de Montréal, n’est pas vraiment optimiste sur ce point. « Il n’y a rien qui nous permette de penser que l’on pourrait en un an apporter une solution viable à cette crise-là », craint-il.

«Parmi les choses qui s’en viennent : le registre des loyers, la certification propriétaire responsable.»

Marie-Sophie Banville est penseuse de l’urbain, doctorante en droit à l’Université de Victoria et spécialiste des questions de (non) propriété du territoire et d’habitations non spéculatives. Elle nous suggère de prendre un pas de recul pour analyser et comprendre cette crise de manière systémique. Selon elle, il faut absolument se poser des questions sur « la financiarisation du logement, les mécanismes ayant créé la crise, la responsabilité des régulateurs fédéraux dans la création de la situation actuelle ».

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Quant à Valérie Plante, elle promet que son administration souhaite « aider à construire, faire des montages financiers pour faire du logement abordable » en mettant en place des outils comme le registre des loyers ou encore « la certification propriétaire responsable ».

Pour Jeanne Corriveau, journaliste du Devoir spécialisée en affaires municipales, la réception des nouveaux comptes de taxes foncières va être un « choc » autant pour les propriétaires que pour les locataires. Bien que des augmentations de valeurs foncières aient été annoncées à l’automne, la claque promet d’être un peu plus douloureuse lorsque la facture arrivera.

Un climat tendu

Autre enjeu qui ne va pas aller en s’améliorant : les changements climatiques et leur impact sur la métropole. L’urbaniste Gérard Beaudet annonce ainsi avec fatalisme qu’il n’y aura « rien [de] réglé en 2023, on n’aura même pas commencé à entreprendre ne serait-ce que ce qui serait nécessaire pour limiter les dégâts. » Ça part mal!

Jeanne Corriveau anticipe également «une tempête, une inondation, un drame». Ouf!

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La mairesse prévoit pour sa part que les prochains « soubresauts » climatiques seront d’origine naturelle. « Ça se peut qu’on voie de nouvelles choses. Il y a eu le virus de la COVID, il pourrait y avoir d’autres choses, pressent-elle. Même chose pour les insectes, il y a eu l’agrile du frêne, c’est une question de temps avant qu’il n’y ait un autre parasite. » Jeanne Corriveau anticipe également « une tempête, une inondation, un drame ». Ouf!

Et si on demandait à la Boule magique 8 – vous savez, cette boule de billard noire à laquelle on peut poser toutes nos questions et qui donne des réponses vagues?

Q : Est-ce qu’on va avoir un ou plusieurs épisodes de désastre climatique en 2023?

BM : Tu peux compter dessus.

Q : Est-ce qu’il va y avoir des inondations au printemps?

BM : C’est non.

Q : Des vents violents?

BM : Essaie plus tard.

Q : Un tremblement de terre?

BM : Pas d’avis.

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Q : De fortes précipitations?

BM : Le sort en est jeté.

Q : Une ou des canicules?

BM : D’après moi, oui.

Canicule à Montréal? Rien de nouveau sous le soleil, comme on dirait.

La sécurité avant tout

Rien de nouveau non plus du côté de la sécurité routière, surtout après la mort de la jeune écolière Mariia Legenkovska qui a marqué les esprits en décembre dernier. Jeanne Corriveau prédit que « tout ce qui touche à la place du vélo, la sécurité des piétons et le partage de la route, on va encore en parler en 2023. […] Il y a eu beaucoup de morts de piétons récemment. »

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Valérie Plante juge pour sa part que des drames tels que celui de la mort de la petite Mariia mènent à « une grande mobilisation quand on parle de la sécurité et des aménagements [et] une réflexion plus profonde sur la façon dont les villes ont été conçues. »

«Ça crée beaucoup d’espoir dans la population, une nouvelle vision de la police.»

Toujours dans le filon de la sécurité, la mairesse estime qu’en dépit des statistiques concernant la violence armée pointant vers une diminution des incidents, celle-ci va continuer à « accaparer beaucoup les policiers ». Son administration entend donc « autant travailler sur la répression, que sur la prévention : comment on garde les jeunes à l’extérieur de ça, comment on amène plus d’équité territoriale en matière d’infrastructures sportives, de verdissement, de transport dans certains quartiers. »

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Jeanne Corriveau suggère d’ailleurs de suivre Fady Dagher, le nouveau directeur du SPVM. « On surveillera comment il réussira à gérer la question des évènements violents, la gestion des armes à feu, la lutte au profilage racial aussi, liste-t-elle. Ça crée beaucoup d’espoir dans la population, une nouvelle vision de la police. Ça sera tout un changement de culture à faire, c’est un gros défi pour la nouvelle année! »

Toujours une histoire d’argent

Dans un autre ordre d’idée, le sujet des finances publiques va également prendre de la place. Jeanne Corriveau reconnaît que la mise en service du REM au printemps a été une étape importante pour le transport en commun dans la région métropolitaine, mais souligne que le coût final n’a jamais été communiqué. Petite bombe à prévoir…

Elle devine aussi que les difficultés financières de la STM vont revenir sur le tapis : « Québec n’aide pas tant [les sociétés de transport] que ça. C’est un thème récurrent depuis tellement longtemps. » Gérard Beaudet anticipe lui aussi « des tensions très fortes entre le Gouvernement du Québec et les administrations métropolitaines. Les attentes des villes sont énormes, et jusqu’à maintenant, les réponses reçues ne semblent pas être en concordance avec l’urgence des problèmes. »

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En l’absence de soutien financier de la part de Québec, il ne faudra donc pas s’étonner si la fiscalité municipale devient un sujet à la mode, selon Jeanne Corriveau.

Les cartes ont le mot de la fin

Tout ceci est bien beau, mais est-ce vraiment ce qui va se dérouler en 2023? Pour en avoir le cœur net, j’ai interrogé Shanti, une tireuse de tarot. Bougie allumée sur fond d’air parfumé au palo santo, celle-ci me demande de tirer quatre cartes tout en gardant ma question à l’esprit.

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Première carte tirée : la Force, inversée. Elle évoque la peur et le manque de contrôle. Shanti interprète que la pandémie et les multiples crises ont créé en nous fatigue, perte de contrôle et éloignement les uns des autres. Ma foi, ce n’est pas faux.

Deuxième carte : le 9 d’Épée, inversé. Cette carte prédit la fin d’un moment tragique pour Montréal. Parle-t-on de la fin de la pandémie, des violences armées ou bien de l’économie? Ça, ce n’est pas précisé.

La suivante nous amène déjà ailleurs : un 4 de Denier, inversé. Ce signe prévient que Montréal a trop dépensé et a de la difficulté à maintenir une situation financière stable. Difficile de ne pas relier cela à la carte précédente et y voir l’impact de la pandémie sur les finances publiques de la ville! Les cartes corroborent les propos des expert·es : Montréal a fini de gratter le fond de ses poches et doit être plus rigoureuse… ou plus créative pour chercher des sous.

La quatrième carte est le 8 de Coupe inversé – encore! Ça a l’air d’être mauvais signe… et pourtant, cette carte est positive, car elle appelle à un retour aux reconnexions humaines. Après le long épisode de pandémie et d’isolement, le moment est venu de se mélanger avec les autres pour retrouver un peu joie.

Les cartes de tarot confirment donc assez bien les évènements difficiles qui sont derrière nous.

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Tiens tiens, c’est ce que prévoit aussi Marie-Sophie Banville : « Montréal a toujours été exceptionnelle pour la qualité du voisinage, des ruelles. C’est quelque chose qui pourrait prendre une teneur plus significative dans l’année à venir pour sortir de l’isolement de ces dernières années. »

Comme je reste un peu sur ma faim et surtout effrayé par le mauvais augure des signes inversés, je demande à Shanti la faveur de tirer une ultime carte. C’est le Cavalier de Denier qui sort et à l’endroit, cette fois-ci. Ouf, le mauvais sort est rompu!

Shanti annonce qu’un nouvel horizon prospère et serein se dessine. En lien avec la précédente carte, la tireuse de tarot prédit que la prospérité promise doit passer par l’entraide. C’est dit!

Les cartes confirment donc assez bien les évènements difficiles qui sont derrière nous, mais rejoignent également les avis des expert.e.s sur l’état des finances publiques. C’est d’une justesse perturbante! Elles annoncent enfin qu’il est non seulement prévu, mais aussi nécessaire que nous nous reconnections les un.e.s avec les autres pour se prêter solidairement main forte. Et ça, ça me tente!

Allez, bonne année Montréal!

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