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Alcoholica : 25 ans de passion et de gros métal sale
Le soir n’a même pas fini de tomber qu’une file commence à se former sous la marquise du Club Soda de Montréal où le band Alcoholica tenait le haut de l’affiche, samedi.
Le groupe hommage à Metallica est probablement l’un des plus connus à travers la province, en plus de battre des records de longévité avec plus de 25 ans de gros metal sale derrière le micro.
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Le quatuor a joué devant près de 40 000 personnes à Woodstock en Beauce, 10 000 personnes à Jonquière en musique et des centaines de milliers de téléspectateurs et téléspectatrices à l’émission Le Banquier, en plus de remplir ses salles partout où il passe.
Ce sera le cas ce soir, où environ 1000 fans ont répondu à l’appel dans un Club Soda chauffé à bloc et rempli à craquer.
Le groupe se produit jusqu’à une centaine de fois par année, sillonnant les routes à bord du véhicule de leur gérant/roodie/chauffeur et homme à tout faire JF Goyette, tirant derrière le matériel du band dans sa remorque.
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J’ai vu le groupe plusieurs fois et à plusieurs endroits depuis leurs débuts. Même si je sais à quoi m’attendre, je n’ai jamais été déçu et c’est pour moi un plaisir (nostalgique) sans cesse renouvelé de les retrouver sur scène. Je les ai même accompagnés en tournée au Saguenay avec ma super collègue Ninon il y a quelques années pour La Presse, témoignant aux premières loges de leur popularité et de cet engouement qui rendrait jaloux plusieurs artistes établi.e.s.
« C’est toujours plein, le monde est fou! »
Bref, j’ai voulu profiter du retour des concerts hommage au Club Soda pour aller saluer des vieux chums. Surtout qu’il y a du nouveau au sein d’Alcoholica avec le départ récent du vétéran guitariste Chris Joly parti relever de nouveaux défis artistiques.
À mon arrivée au Club Soda, les gars placotent dans la loge exiguë après avoir terminé leur soundcheck. Les deux autres groupes à l’affiche avant eux s’entassent dans les loges voisines, mais un vent de camaraderie souffle dans le sous-sol un brin glauque de la mythique salle de spectacles qui a connu ses heures de gloire dans les années 40, sous le nom de cabaret Crystal Palace.
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Le chanteur Pierre St-Jean m’accueille avec chaleur. Également chanteur et guitariste de Heaven’s Cry, NonHuman Era (en plus d’un bref séjour chez Voivod), c’est sur une scène qu’il se sent sur son X.
Les soirs de show, il capote. « Pendant la pandémie, on a arrêté pendant neuf mois. Ça a été ça, le pire. Ensuite, on a recommencé à tourner dans les Hôtels Jaro et pour des concerts privés », raconte l’immense Pierre, gentil comme tout malgré son look de métalleux. « Depuis qu’on a recommencé, c’est toujours plein, le monde est fou! », constate pour sa part le bassiste JF Vincenti qui a fondé le groupe en 1997 sans se douter d’à quel point son projet traverserait le temps.
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Pierre St-Jean (guitariste/chanteur)
Pendant que leur infatigable batteur Sébastien Dubuc s’échauffe dans un coin, je rencontre le nouveau guitariste Jérémy Lupien, AKA Jay, jeune virtuose de 27 ans diplômé en musique débauchée du groupe Undercover Legends of Rock. La recrue avait deux ans quand son nouveau groupe plaquait ses premiers riffs sur scène. « Je connais le band de réputation depuis que j’ai 16 ans. Je sais que j’ai des gros souliers à chausser », reconnaît-il, à propos du flamboyant Chris Joly qui en menait large sur la scène.
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Le p’tit nouveau, Jérémy Lupien.
Mais bon, après huit ans auprès d’Undercover Legends of Rock, ses études universitaires en jazz et son rôle au sein d’un groupe hommage à Megadeth (MecaniX), disons que Jay a tout ce qu’il faut pour mériter un poste chez Alcoholica. « C’est pas tous les guitaristes qui peuvent faire du Metallica. Il faut jouer vite et maîtriser le down picking. Jay est venu chez moi et j’ai vite compris qu’on avait trouvé », souligne le chanteur au sujet de son nouveau poulain.
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Mentionnons que le groupe explore le vieux matériel de Metallica tiré d’albums cultes de trash metal et se tient par la même occasion bien loin des ballades sirupeuses qui ont fait fuir plusieurs fans de la première heure.
Mais le nouveau guitariste ne jouera que quelques pièces, ce soir. Le groupe laisse courtoisement la scène à Sam qui a brillamment assumé l’intérim après le départ de Chris Joly.
Pour des raisons personnelles, le jeune homme doit mettre un terme à l’aventure Alcoholica, non sans leur avoir rendu de fiers services. « J’ai connu le band à 14 ans et les membres me laissaient jouer avec eux parfois, quand j’allais à leurs shows. C’est vraiment une belle rencontre! », s’exclame le musicien saguenéen qui conservera de beaux souvenirs de son passage éclair dans le groupe. « On connaît ses parents, qui ont notre âge en plus! », plaisante affectueusement Pierre.
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Le batteur Seb Dubuc s’ennuiera aussi du guitariste qui a joué dans un hommage à Maiden et, dans un autre dédié à Pantera, a même fait du drum. « Il me garde en shape. Il est plus jeune, il augmente la cadence et me challenge », admet-il.
Par chance, Jay a tout ce qu’il faut pour continuer à propulser un vent de jeunesse chez Alcoholica. « Son arrivée nous redonne du jus! », résume JF Vincenti qui n’a aucunement l’intention d’accrocher son instrument.
Même chose pour Pierre dont le marasme passager accompagnant sa crise de la quarantaine a vite été chassé pour le laisser embrasser ce qu’il considère être la meilleure job du monde.
Le secret de leur succès : avoir du fun
Après un quart de siècle à piocher des solos de Fade to black et beugler des « Die! Die! MF Die! » sur Creeping Death, est-ce qu’on se tanne d’interpréter les mêmes reprises? Les pièces d’un autre band, de surcroît?
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Les vétérans du groupe dodelinent de la tête de gauche à droite. Je ne dois pas être le premier à leur demander. Pierre assure avoir autant de plaisir à jouer, ajustant leur setlist pour briser la routine au gré des albums. « Ça fait 25 ans qu’on le fait et on a encore autant de fun. C’est pas plus compliqué que ça », résume le chanteur.
Seb ne se tanne pas non plus du catalogue du groupe de metal le plus connu de la galaxie. « C’est encore un super feeling de passer de Enter Sandman à Whiplash ou The call of Ktulu », explique le batteur.
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(JF Vincenti, Basse)
Il faut dire que le public aussi continue à être au rendez-vous, honorant de manière énergique (et nettement plus économique) l’histoire d’amour entre Metallica et son public québécois. « C’est vraiment des die hard fans », s’émerveille JF Vincenti.
Au sommet des faits saillants de l’histoire d’Alcoholica traîne sans conteste leur rencontre avec le groupe original, en 2004. Un moment marquant pour les musiciens. « Ils nous connaissaient de réputation et nous ont dit : “You keep the spirit alive while we are away” », cite Pierre St-Jean.
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(Seb Dubuc, JF Vincendi, James Hetfield, Pierre St-Jean et Dan Mongrain (Martyr, Voivoid))
Un spectacle hommage à Metallica symphonique fait avec l’orchestre du programme Arts-Études musique de l’École secondaire de Rivière-du-Loup fait aussi partie des moments forts de leur prolifique histoire.
Comme une tonne de briques
Bon, assez parlé, place aux hostilités.
Mais d’abord, Goyette et Jay doivent courir dehors bouger leurs véhicules de place, une dépanneuse vient de les prendre en défaut dans une zone interdite sur le boulevard Saint-Laurent. Sexe, drogue & rock’n roll!
Le groupe s’amène ensuite sur scène sur les notes de The Ecstasy of Gold d’Ennio Morricone, reproduisant ainsi la même tradition que Metallica.
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Avant la levée du rideau, le groupe multiplie les accolades et les high five. Pierre, visiblement fébrile, s’étire pendant que le rideau s’ouvre sur une salle survoltée au son des premiers accords de Battery, premier titre de l’album culte Master of Puppets. Une des pièces favorites du chanteur avec Fade to Black et Master.
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JF, lui, ne jure que par One, une toune complète à ses yeux. Jérémy a pour sa part dû suivre intensément le cours Metallica 101 ces dernières semaines pour se mettre à jour. « Je ne connaissais pas Damage, Inc., mais je l’écoute dans mon char depuis deux semaines et je crisse ça dans le tapis », note la recrue qui jouera Ride the Lightning et Creeping Death ce soir.
Le concert sonne déjà comme une tonne de briques. Le public de tout âge chante, hurle, trash et se démène, le poing levé. Un spectateur se casse même la gueule sur Enter Sandman en sautant de la scène dans la foule… qui se tasse.
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