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À la prochaine man!

Par
Jonathan Roberge
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C’était un soir d’hiver de 2007, alors que je revenais de donner un show d’humour à Trois-Rivières. Je calculais mes profits une fois l’essence payée, mon café Tim Horton payé, mon bagel plein goût beurre et fromage à la crème payé (mon seul repas de la journée). Je calculais le temps que j’avais passé à écrire mon numéro versus ce qu’il m’apportait financièrement parlant. Bien sûr, il m’apportait le bonheur de faire ce que j’aimais dans la vie, mais le bonheur, ça paye mal un loyer. Mon magasin de jokes n’était pas rentable…

Sur la 40 ce soir-là, c’était frette. C’était frette dehors pis dans le char. Dans le film de ma vie ,j’aimerais que durant cette scène ce soit « Experience » de Ludovico Einodi en trame sonore et qu’il pleuve sur le pare brise.

(Même si c’était en décembre, la pluie ça fait toujours plus drama.)

À la hauteur de Louiseville, j’ai enfin pu prendre une première gorgée de mon café trop chaud et je me suis questionné sur la possibilité de réaliser mon rêve…

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Mon rêve étant le même depuis la maternelle. Réaliser des films comiques que j’aurais préalablement écrits. Si c’étaient des films humoristiques, je voulais aussi jouer dedans.

UN PETIT RÊVE!

Bon, à l’âge de sept ans, je trippais sur le film Kick Boxer avec Van Damme et je disais à tout le monde que j’allais réaliser des films de karaté. J’ai aussi eu ma phase “Je veux être goaler dans la ligue nationale” mais en gros… J’ai toujours voulu faire des films comiques.

Je n’avais pas les moyens ni le temps de retourner sur les bancs d’école pour étudier la réalisation et je ne voulais pas aller me mettre en ligne avec les autres jeunes réalisateurs comme je le faisais déjà avec l’humour. Comme mon père me l’a toujours dit depuis le temps où moi-même j’étais un jeune fiston : “N’attends après personne et va le chercher toi-même.”

Comme je terminais mon bagel inégalement beurré de fromage à la crème du genre On te calisse une motte de Philadelphia dans le coin en haut pis dans le trou du bagel, arrange-toé avec ça chose!, je me suis questionné : “Qu’est-ce qui pouvait me permettre de faire rire le plus de gens possible? De commencer à apprendre la réalisation?”

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Dans les semaines qui ont suivi, j’ai tout abandonné et je me suis trouvé une job d’assistant de production sur un plateau de tournage. En gros, je roulais des fils et j’apportais du café aux autres. Dans mes temps libres, je continuais d’écrire de l’humour, des scénarios et de faire de l’impro.

D’une impro m’est justement venue l’idée de Contrat d’Gars. Comme Alex Champagne partageait la même opinion que moi pour ce qui était de faire des heures de routes pour quelques dollars et un minimum de visibilité, nous avons mis sur pied le projet de la web série et quelques mois plus tard, nous avions des millions de visionnements, deux Olivier et autres prix sur la tablette. Nous avions joué dans le salon des gens sans jamais avoir attendu après qui que ce soit pour nous produire. Nous n’avions plus besoin de faire des heures de route pour aller jouer devant 9 personnes dans un souper spaghetti de Chertsey.

Nous avions réussi à obtenir de la visibilité et marquer les gens.

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J’ai multiplié les contrats d’écriture dans le milieu de la télé suite à cette réussite, mais je conservais toujours mon travail derrière la caméra qui était maintenant rendu : “Assistant-caméraman”.

Mes deux carrières avançaient parallèlement jusqu’à temps que ma santé en prenne un coup comme je l’ai déjà écrit dans le texte Tomber dans le rack à pastilles.

J’ai dû recommencer presque à zéro… Après 2 ans d’absence en humour, ce qui est l’équivalent de 3 siècles en année showbiz, j’ai voulu être publié. J’écrivais un livre qui s’appelait Fiston dont le concept était un père qui lègue un testament de conseils stupides à son fils… Je n’étais pas assez connu d’après ceux que je rencontrais… “Qui allait acheter mon livre?” me disaient-ils…

J’ai décidé qu’il était temps de prendre les choses en main et de croiser mes deux passions.

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Humour et réalisation. La web série “Fiston” a vu le jour. Plus de 100 épisodes qui aujourd’hui frôlent le 15 millions de visionnements dans toute la francophonie m’ont permis de me familiariser avec le sens du timing en tant que réalisateur.

S’en suit l’aventure Urbania, trente-six textes dont certains m’ont aidé à grandir, à avancer.

Des lecteurs/lectrices formidables qui m’ont écrit, se sont confiés. Vous avez été tellement généreux en compliments, merci. Les gentils ont fait de l’ombre aux formidables haters qui remettaient en question tout ce que j’écrivais. Des insultes gratuites et violentes qui les propulsent dans le top trois des haters du farweb québécois, c’est certain.

J’ai adoré vous faire rire. Il n’y a jamais eu de prétention dans mes textes, je ne suis pas un écrivain. Je le sais. Je ne le serai jamais. Je suis et resterai le gars qui veut simplement vous divertir.

Pourquoi je quitte?

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Dernièrement, l’humoriste en moi veut remonter sur scène et parcourir le Québec pour vous faire rire en vrai, pas derrière vos écrans d’ordinateur, de cell ou d’iPad. Je vous veux dans ma face (pas sexuellement). Je veux vous entendre avoir du fun quand je vous raconte des niaiseries, et pour ça je dois arrêter de tout vous raconter et en garder pour ce que je vous prépare…

Fiston (le livre) verra le jour, enfin, à l’automne 2015. Je termine présentement l’écriture. Ça me demande beaucoup de mon temps.

Après avoir gouté à la réalisation au courant des dernières années, le rêve d’un jour vous faire rire avec un film n’a fait qu’accroitre. Je fais mes classes présentement en publicité et je termine l’écriture de mon premier film qui j’espère verra le jour dans un avenir rapproché. Vous serez les premiers avertis!

Ce soir-là de décembre 2007, sur la 40, j’ai pris des décisions qui aujourd’hui ont d’énormes répercussions positives sur ma vie. Je n’ai jamais abandonné. Gagner sa vie avec son art, c’est la même chose que démarrer une entreprise. Ce sont des sacrifices, des échecs et des pentes à remonter pour un jour payer son loyer, avec du bonheur et une stabilité financière.

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J’encourage tout le monde à foncer tête première, peu importe le domaine. Avancez et réalisez-vous… M’a arrêter ça là, j’ai l’air d’un gars de conférence sur le bonheur!

Bref, je ne vous quitte pas… Ce n’est qu’un :

À la prochaine, man!

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Pour lire un autre texte de Jonathan Roberge : Ne touche pas mon bébé.