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7 mois, 35 000 km et 2 pompes à eau

Chronique d'un (pas si vieux) camper van.

Par
Mélanie Leblanc
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Avec les chroniques d’un (pas si vieux) « camper van », Mélanie Leblanc vous emmène sur la route, la vraie. Des chemins sans filtre Instagram, pas toujours glam, souvent bordéliques, mais ô combien divertissants. À bord de John Mel & Camper, son truck de 21 ans (pas de rouille, pas de trou), c’est un départ vers la liberté… et le chaos.

Depuis le jour 1, j’ai su que ce mode de vie était le mien. La meilleure façon de voyager ever. La liberté, mais avec ta maison. Ton chez-toi n’importe où. La consommation raisonnable, chaque chose a son utilité et a sa place. Je suis jalouse de ceux qui ne doivent pas dealer avec le climat pour vivre à temps plein dans leur van. Je suis jalouse des Étatsuniens parce qu’ils sont proches du Mexique et qu’ils peuvent rouler toute l’année sans devoir changer de pneus (et se transformer en bloc de glace dès la mi-novembre). Je suis aussi jalouse de leurs forfaits de données Internet en itinérance, mais un peu moins, par contre.

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Je me trimballais le coeur dans l’eau sachant qu’on faisait tranquillement face à l’inévitable. On s’arrête dans une station pour mettre du propane, la préposée absolument pas charmante nous pointe le dessous du truck. On est sur le point de repartir et là, on la voit. LA flaque jaune. Et non, le réservoir d’eau sale ne fuit pas, c’est pas de la pisse. Ça sent mauvais. Mauvais dans le sens de : « fuck, c’est quoi ça? » Le mari de la pas charmante vient nous voir avec un grand sourire à la Yves Corbeil, comme quand il annonce à la madame de la Côte-Nord qu’elle vient de gagner le gros lot: «vous avez trop roulé? Il fait chaud, faut prendre soin de votre camion si vous voulez qu’il dure longtemps.» Pauvre monsieur. C’est pas de sa faute, mais c’est pas nécessaire. Je l’ai regardé et j’ai juste répondu un « whatever » avec la main dans le front de découragement.

Pour nos 40 ans, Antoine et moi on s’est offert du temps. On s’est permis de lâcher prise et d’évoluer dans la liberté. L’agenda vide.

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Heureusement, on est au pays du pick up (yeah, des garages qui ne nous demanderont pas de vider tous nos réservoirs, de peur que leur lift cède sous le poids!), qu’il y a un garage à un kilomètre d’où on se trouve. On s’y rend un peu stressés, le moteur ne chauffe pas et faut que ça reste ainsi! On roule vitesse escargot, on rentre au garage et on est pris en charge dès notre arrivée. Comme si les gens sur place nous attendaient. Comme si la vie s’était arrangée pour ne pas nous faire trop chier. Verdict: la pompe à eau (du moteur cette fois-ci, pas celle du lavabo) est finie. 600$ beaux dollars. Ouch.

C’est quoi les chances que la seule fois où on tombe en panne, on est à quatre heures de la maison? Comme si le truck ne voulait pas rentrer, pis je le comprends. J’ai beau me convaincre que je dois rester dans le positif, me concentrer sur la fierté du voyage, j’ai un peu le coeur broyé et je suis même pas rentrée!

Au pays des cônes orange

Et POW, dans notre face, comme pour nous narguer « ah ah, vous pensiez que les travaux seraient terminés, ben non, on est là, couuuuuucou! » Les cônes orange comme fiers de régner sur le trafic et de faire sacrer les automobilistes. On est rentrés à Montréal par une douce soirée d’été. Sorti tout le linge sale, vidé les fonds d’armoires et de frigo, les souvenirs et l’âme du truck. Et c’était terminé. Comme ça. 35 000 km, cinq pays, presque sept mois. La fin. Sans doute le début d’autre chose, mais surtout la fin.

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Cette soirée de retour comme un tremplin, les orteils dans le vide, avant de sauter dans le tourbillon de la vraie vie. Vraie vie qu’on aime, mais vraie vie dont on ne s’était pas tant ennuyé. Pour nos 40 ans, Antoine et moi on s’est offert du temps. On s’est permis de lâcher prise et d’évoluer dans la liberté. L’agenda vide. On s’est offert le plus beau trip de notre vie. Maintenant, faut apprendre à revenir et à se grounder dans le vécu. Surtout, faut savoir comment aller plonger dans les réserves de WOW et de OUF, jusqu’au prochain départ !

Une belle dose d’amour sucrée, pour notre welcome back party

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