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4 autres affaires gossantes qui n’arrivent qu’aux personnes racisées
L’autre jour, j’étais en show à l’extérieur de l ’ile de Montréal où l’animateur monte sur une scène que de temps à autre. Au moment de m’introduire, voici ce qu’il a dit aux spectateurs de la façon la plus candide possible :
« Le prochain, vous le connaissez pas, j’y ai demandé kessé que tu veux que je dise sur toi, comment tu voudrais que je te présente? J’ai dit “es-tu Québécois d’origine?” il a le teint un peu basané, je pense qu’y’a un accent. Il m’a dit qu’il a été adopté. Fak vous le savez, ceux qui ont été adoptés ont besoin d’amour. Fak essayez de l’encourager tant que vous pouvez! Qu’est-ce que vous diriez de commencer dès maintenant à l’applaudir : Pierre-Luc Racine! »
Je parle d’une façon unique et rapide, mais appeler ça « un accent », c’est tiré par les cheveux.
« Dis que je suis drôle ». C’est ça que je lui avais dit de dire. Juste de mentionner que je suis drôle. Pas besoin d’avertir les gens qu’un humoriste né ailleurs allait venir devant eux comme une sorte de trigger warning.
Aussi, je sais que je parle d’une façon unique et rapide, mais appeler ça « un accent », c’est tiré par les cheveux.
Mais ça arrive. Être différent vient avec un traitement différent. J’ai déjà écrit 4 affaires gossantes qui n’arrivent qu’aux personnes racisées, en voici quatre autres :
Se faire aborder en anglais
Une affaire qui a été écartée lors du gros débat du Bonjour/Hi, c’est d’offrir la possibilité à l’interlocuteur de répondre dans la langue de son choix.
J’aimerais souligner au passage que ma mère vient de la Beauce et mon père de Rimouski. Aille speak ine Engliche witte a véri biggue axcent botte aille canne old a conneverséchonne.
Lorsqu’on essaie de solidifier une société inclusive, c’est étrange d’exclure a priori des gens en fonction leur apparence.
Ce qui est gossant, c’est de se faire aborder en anglais par des francophones. Comme si le fait d’être plus foncé que la moyenne m’excluait automatiquement d’être un Québécois qui parle en français.
Lorsqu’on essaie de solidifier une société inclusive, c’est étrange d’exclure a priori des gens en fonction leur apparence.
Mine de rien, ça fait quand même 35 ans que je vis ici. J’ai toutes les connaissances de la culture québécoise, d’Éric Lapointe aux Boys comme n’importe qui qui est né ici, avant ou après moi.
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Se faire blanchir par Instagram
La photo du centre est l’originale prise dans une loge par ma collègue et amie, l’humoriste Ariane Famelart. Celles autour sont le résultat de différents filtres offerts par Instagram.
Instagram encourage des standards d’esthétisme à travers ses filtres et encore une fois, un teint blanc est un synonyme de beauté.
Une très grande majorité de ces modifications me blanchissent à un degré variable. Je ne suis pas le seul à l’avoir remarqué. Je le sais que ça a l’air niaiseux, mais se faire blanchir a une symbolique différente que de se faire assombrir.
Instagram encourage des standards d’esthétisme à travers ses filtres et encore une fois, un teint blanc est un synonyme de beauté.
Et comme je disais dans mon autre article, nous, les autres, on ne se retrouve nulle part. Notre manque de représentation nous heurte directement.
Maintenant, même sur internet, on se fait dire qu’on serait mieux plus pâle. Déjà qu’il existe des produits pour tenter de blanchir la peau, c’est plate de perpétuer l’idée que la beauté est blanche.
Être l’ethnie de service
Les sujets raciaux sont toujours sensibles. Il nous vient parfois l’envie de questionner une personne concernée pour savoir son opinion sur le sujet, ce qui est vraiment cool.
Il faut simplement garder en tête que l’opinion d’une personne n’équivaut pas à celle d’une communauté au complet. C’est pour ça que j’aime particulièrement la série Spectrum de Jubilee où des gens du même casting discutent de leurs opinions divergentes.
Parfois, dans nos discussions de la vie courante, on peut entendre « Mon ami noir trouve ça drôle quand je l’appelle par le n-word fak ça devrait pas déranger personne que je l’utilise. » Nope, on ne peut pas extrapoler à partir d’un seul témoignage.
Certains utilisent le fameux « j’ai un ami noir » comme une carte « Sortez De Prison » au Monopoly lorsqu’ils se font prendre à dire quelque chose de douteux, mais désolé, on ne peut pas parler à la place des autres.
Avoir peur d’être un stéréotype ambulant
Qu’un stéréotype soit positif ou négatif, ça peut être malaisant de s’inscrire dans l’un de ceux-ci parce que parfois, ça peut nous revenir au visage. « Que les Asiatiques soient bons en math, c’est positif! Où est le problème? »
C’est que j’ai déjà entendu une amie asiatique se fait dire qu’elle était bonne en math parce qu’elle est asiatique. Ce qui discrédite absolument toutes les heures qu’elle a investies à étudier et à faire des exercices.
Je suis drôle et fin, même si j’ai un teint basané et que j’ai un « accent ».
Dans le cas des stéréotypes négatifs, on ne veut pas renforcer les légendes qui se propagent à propos de notre ethnicité. L’autre jour, on pensait qu’un collègue haïtien allait arriver en retard à un meeting. Devinez quelles sont les jokes plates qui ont été faites avant son arrivée.
Et il est finalement arrivé à l’heure, mais personne ne l’a souligné parce que ça serait weird de le faire.
Le truc à noter ici, c’est le biais de confirmation. C’est que les gens remarquent uniquement lorsque qu’on entre dans un stéréotype, mais ils ne s’en rende pas compte lorsqu’on s’en distance.
Voilà, c’était 4 autres affaires gossantes qui n’arrivent qu’aux personnes racisées. Si jamais j’en oublie, n’hésitez pas à me partager ce que vous vivez sur ma page Facebook! Je suis drôle et fin, même si j’ai un teint basané et que j’ai un « accent ».