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Vendredi soir, j’ai fait de l’insomnie à cause d’un souci. Je ne suis pas habitué aux soucis, j’ai une vie très simple, principalement par choix. En plus de cela, j’étais en vacances depuis les trois derniers mois. Pendant ce temps, ma vie n’était que loisirs, siestes et projets personnels. Certes, parfois je pensais à l’argent et au jour inévitable où, avec ce rythme de vie là, il finira par en manquer. Voyez-vous, je ne suis pas encore tout à fait indépendant de fortune, mais qui l’est vraiment?
(Aviez-vous lu le 37e épisode?: La saison des opportunités)
En voulant simplement arrêter l’hémorragie qui sévit dans mon compte épargne depuis que je ne travaille plus, j’ai fait le tour de mes contacts afin de rétablir un équilibre fonctionnel dans ma vie. J’étais prêt à faire presque n’importe quoi. Pas réellement, mais quand on passe des mois sans travailler, on a parfois cette impression. Être prêt à tout pour de l’argent, quelle drôle d’idée!
Mes contacts sont principalement des gens qui travaillent dans les bars, les restaurants et les évènements. Dans ces domaines, il y a bien sûr toujours de la place pour les gens d’expérience, ce que je suis.
En deux jours, je me suis donc trouvé trois emplois et ils sont tous très intéressants. Bel horaire, bel environnement de travail, bonne paye. Là n’était pas le souci, je n’ai pas dormi cette nuit-là, car en disant oui à tout, certains de ces emplois se sont retrouvés en conflit d’horaire. L’un finit trop tard, l’autre commence trop tôt et l’autre ne permet aucun des deux autres pendant dix jours. Comme c’est souvent le cas, tout arrive en même temps. Il n’y a rien qui se passe pendant longtemps et du jour au lendemain, tout débloque.
Les trois personnes qui m’emploient sont des amis à moi alors j’ai l’impression que je dois prendre soin de deux aspects de la relation en même temps : professionnelle et personnelle.
Je ne veux pas être cet employé qui change d’idée à la dernière minute, ni cet ami qui nous laisse tomber sans grand préavis.
Je comprends que les gens soient hésitants de s’engager. Se désister laisse toujours un petit goût amer, comme si on refusait d’être associé à quelqu’un qui laisse tomber. Nous sommes phobiques que les gens puissent dire de nous que nous sommes lâcheurs, pas fiables.
Pendant un moment on pense à comment il serait possible de tout faire. On s’imagine faire des semaines de plus de quarante heures (complètement cinglé), de ne dormir que quelques heures et de prendre sa douche chez des amis entre deux quarts. Manger sera bien sûr optionnel.
Nous sommes prêts à mettre notre propre vie de côté pour ne pas décevoir, pour ce que les autres pourraient penser de nous. On ne veut rien lâcher. Par contre, on peut mettre facilement de côté l’entrainement, notre vie sentimentale et nos projets personnels sans problème. On prend tout sur nous et se faisant, on met de côté l ’important. On remet encore à plus tard nos ambitions, on met notre vie en pause pour retomber dans l’attente et dans les promesses que le futur n’a jamais su tenir.
En cherchant une solution, je n’ai pas dormi cette nuit-là.
Le lendemain, ce souci était déjà plus petit. J’ai pris les choses en main. J’ai trouvé un remplacement pour le contrat et parlé à mes employeurs pour trouver un horaire qui convient. Les angoissent viennent souvent des pensées qui tournent en rond, les solutions se trouvent toujours dans les actions, les décisions.
S’il y a une chose que j’ai apprise dans mon voyage, c’est que la dernière personne qu’il faut décevoir ou encore laisser tomber, c’est nous même. Surtout si c’est pour ne plus avoir de temps pour soi, surtout si c’est juste pour de l’argent, surtout si c’est pour ce que les autres vont penser de nous.
Voilà ce qui cause des insomnies, dans une vie sans grand souci.
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David Malo
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Le 39e épisode est ICI!