Urbex, deux regards sur un monde abandonné
L’urbex, ou exploration urbaine, c’est comme ouvrir une capsule temporelle. Un mélange d’histoire figée et de désolation contemporaine. Pour Godefroy et J-F Loyer, deux passionnés de ce passe-temps marginal, c’est une aventure pleine d’adrénaline, de découvertes et, parfois, de dangers bien réels.
Entre fascination et danger
« Des fois, c’est comme si tu te retrouvais dans les années 40 ou 60 », confie Godefroy. Mais souvent, le charme est remplacé par le chaos. Bâtiments pillés, vandalisés ou simplement oubliés. Il évoque un frisson unique : celui de braver l’interdit en respectant le lieu. Pas de vol, pas de dégradation, juste des traces de pas dans la poussière.
Pour Jean-François, l’exploration a commencé tôt. Enfant, il s’aventurait déjà dans des maisons incendiées ou abandonnées. « On a la folie de la jeunesse », dit-il en riant. Aujourd’hui, il ne peut s’empêcher de s’arrêter devant une maison vide au bord de la route, attiré par ces vestiges laissés par l’exode rural.
Une quête esthétique
Depuis 2014, Godefroy s’intéresse à l’exploration urbaine pour capturer la beauté de la décrépitude. « Moi, c’est l’image que je cherche », explique-t-il. Peinture écaillée, rouille incrustée, textures abîmées : il y trouve une poésie unique. Ce goût pour les lieux désaffectés a même influencé ses shootings photo.
Jean-François, lui, a commencé en photographiant des graffitis, sans vraiment savoir qu’il faisait déjà de l’urbex. « Tu vois un graffiti au sixième étage, tu te dis : si lui a réussi à monter là, moi aussi je peux. » Ce défi l’a mené à découvrir une communauté dédiée à cette pratique. Mais attention, le secret est essentiel. Révéler un spot, c’est le condamner au vandalisme.
Une sécurité essentielle
Les dangers sont nombreux dans l’urbex. Clous rouillés, planchers instables, obscurité trompeuse : il ne faut jamais partir sans équipement. « J’ai toujours un gros sac à dos avec des gants, une trousse de premiers soins », explique Godefroy. La règle d’or : ne jamais explorer seul.
L’héritage en péril
Les explorateurs comme Godefroy et Jean-François ne se contentent pas de visiter ces lieux, ils en témoignent. Ce sont souvent des maisons ancestrales, construites avec soin, par des maîtres sans diplômes mais riches d’un savoir transmis. Ces charpentes solides, tenon-mortaise, étaient faites pour durer des siècles. « Aujourd’hui, on détruit des églises pour faire des condos », déplore Jean-François, qui travaille sur des chantiers modernes et dénonce leur manque de qualité.
Pour ces passionnés, l’urbex est une manière de sauver la mémoire d’un patrimoine oublié. C’est aussi un cri du cœur pour une architecture plus durable et respectueuse. Comme quoi, l’exploration urbaine, ce n’est pas juste des photos glauques sur Instagram. C’est une manière de reconnecter avec l’histoire, une poussière à la fois.
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