Une école de sumo au Québec?
« Faut vraiment que tu leur donnes une raclée », me glisse mon collègue derrière la caméra.
« Man, c’est sûr que je me fais péter », lui dis-je en sueur et terrifié.
Dans ma courte vie, jamais je n’aurais cru un jour enfiler l’uniforme (ou plutôt la couche) pour me chamailler dans un Dohyō (périmètre où ont lieu les combats de Sumo) contre des adversaires qui faisaient, probablement, deux fois mon poids. Malgré leur imposante posture, tous les participants ont l’air bien gentil, et surtout, très heureux d’être là. Un des combattants est même descendu de Québec pour suivre le cours. Mes attentes sont élevées (et je ne parle pas de mes performances ici).
Pourquoi me mettre au défi ainsi?
Voulais-je reconstituer le fameux duel de David contre Goliath? La réponse facile serait de vous dire que c’est mon patron qui a eu la brillante idée de m’envoyer pour un reportage inédit dans LA seule école de Sumo au Québec un vendredi soir, me dérobant ainsi toutes possibilités d’aller vivre ma jeunesse sur la rue Saint-Laurent comme le font plusieurs aventuriers nocturnes de mon âge.
Mais la vraie réponse, c’est que j’ai une soif inébranlable pour les histoires qui pourraient redessiner les frontières du journalisme moderne. Et s’il faut que je prenne des claques pour le faire, je le ferai.
Donc, entre vous et moi, troquer une tournée de shots de tequila entre boys contre une tournée de corps à corps musclés entre boys, c’est ce que j’appelle du dévouement pour la profession.
C’est dans un petit centre d’entraînement du quartier Hochelaga qu’on nous a donné rendez-vous. L’objectif était simple : se joindre aux élèves le temps d’une soirée tant pour s’initier à la pratique que pour mieux la comprendre, et surtout, démocratiser ce sport qui semble jalousement gardé par le pays du soleil levant.
Dans le cadre de ce reportage, j’ai rencontré Agustin Gimenez, qui a justement découvert sa passion pour le sumo lors d’un voyage au Japon. Depuis, il a fondé la petite école dans laquelle nous nous sommes rendus afin de populariser la pratique au Québec.
À ce sujet, du sumo, au Québec, il en existe, mais contrairement à notre sport national sur glace, c’est une discipline qui est peu pratiquée et qui est présentement orpheline de fédération sportive. Malgré tout, Gimenez représentera bientôt le Canada aux championnats mondiaux de sumo en Pologne. J’ai donc eu droit à un véritable master class avec, on pourrait dire, le meilleur sumo de la province.
Pendant qu’il m’installe le mawashi, une seule pensée hante mon esprit : « Est-ce que mon genou va me lâcher? ». La dernière fois que celui-ci a décidé de sortir de son socle, c’était durant une partie de badminton assez intense. Je peux donc vous dire qu’avec certitude que toute épreuve physique qui dépasse la force nécessaire à l’exécution d’un service met en danger ma rotule.
« OK tout le monde, on va commencer », ordonne le prof.
Ah pis fuck mon genou, ça fera de bonnes images s’il lâche.
Une immersion où sueur, blessure et collision ne font qu’un.
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