Un Meunier chez les meuniers
Saint-Eustache, ses souvenirs d’enfance, et un moulin vieux de 260 ans. C’est là qu’Hugo Meunier nous emmène pour découvrir un métier en voie de disparition, mais en plein regain d’intérêt : celui de meunier. Avec son nom prédestiné, Hugo plonge dans l’univers fascinant de la farine artisanale et des traditions qui survivent grâce à des passionnés.
L’art d’entrer dans un moulin
Première leçon : entrer du pied droit. Pourquoi? Parce que, selon une tradition que personne ne semble remettre en question, ça porte chance et ça réalise les vœux. Hugo, sceptique mais intrigué, joue le jeu. Une fois à l’intérieur, il est accueilli par Martin, meunier et gardien de ce savoir-faire unique. Ici, tout repose sur les cinq sens. L’ouïe pour ajuster le rythme des meules, l’odorat pour détecter la qualité de la farine, et le toucher pour affiner la texture.
« Le métier de meunier, ça s’apprend pas dans les livres. C’est du compagnonnage », explique Martin, réglant les mécanismes à l’oreille avec une aisance déconcertante.
Entre tradition et modernité
Mais être meunier, c’est bien plus que faire tourner des pierres. Martin joue tous les rôles : réception des grains, production, livraison. Il est l’âme du moulin. Son parcours? Rien de classique. Diplômé en histoire, il est tombé amoureux du moulin Légaré en y travaillant comme guide. Un jour, on lui propose de prendre les rênes. Depuis, il vit sa passion et porte la responsabilité de préserver cette institution.
Face à un manque de relève dans la meunerie artisanale, une formation a été mise sur pied par le Conseil québécois du patrimoine vivant. Vingt-cinq apprentis ont récemment complété le programme, ravivant l’espoir de voir cette tradition perdurer.
Le moulin : une machine écologique
Ce qui rend le moulin Légaré unique, au-delà de son âge respectable, c’est son fonctionnement. Alimenté par l’eau, il utilise des turbines pour moudre les grains, une énergie 100 % renouvelable. Les grains, eux, viennent du Québec. La farine produite est vendue localement, fermant la boucle d’une économie écoresponsable.
Chaque étape du processus est pensée avec soin. De la meule de blé, encore équipée des pierres d’origine, jusqu’au système de bluteau qui sépare les composantes de la farine, tout est minutieusement orchestré.
Le cœur de Saint-Eustache
Pour les habitants, le moulin Légaré est bien plus qu’un lieu de production. C’est un symbole, une mémoire vivante. « C’est l’âme du village », confie une habituée. En pleine visite, Hugo découvre que ce moulin, le plus vieux en Amérique du Nord encore en activité, incarne un sentiment d’appartenance profond.
Une promesse pour l’avenir
En quittant le moulin, Hugo réalise un vœu en silence : longue vie au moulin Légaré. Et il n’est pas le seul. Pour Martin, la mission est claire : faire en sorte que cette histoire, vieille de 260 ans, continue pour les générations futures.
Alors, Saint-Eustache, ses souvenirs et son moulin ont peut-être encore bien des secrets à rév éler. Mais une chose est sûre : la farine artisanale, c’est pas juste une mode. C’est une tradition vivante qui, grâce à des passionnés, semble avoir encore de beaux jours devant elle.
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