STAT ou Occupation Double : laquelle de ces séries est aux soins intensifs?
« T’as pas de télé? », s’exclame Nathalie Petrowski, incrédule.
Le journaliste au Devoir Étienne Paré, à cheval entre la génération des milléniaux et des Gen Z, est bien de son temps.
En effet, la télé, c’est plus pareil qu’il y a 5, 10 ou 20 ans. Si la télé québécoise a connu de grosses années pendant la pandémie, on dirait que la tendance se renverse. Qui regarde encore OD, au fait?
La seule chose qui n’a pas changé, c’est peut-être qu’on produit toujours autant d’émissions policières.
On a convoqué les chroniqueuses Nathalie Petrowski et Eugénie Lépine-Blondeau, le journaliste Étienne Paré et le YouTuber Mounir Kaddouri, mieux connu sous le nom Maire de Laval, pour une discussion autour de nos habitudes par rapport à la télé. Et si on en retire une chose, c’est que celles-ci ont beaucoup évolué au fil du temps.
Entre fictions et téléréalités : un débat qui roule en boucle
« C’est quoi l’intérêt d’une téléréalité par rapport à une bonne fiction? », demande Nathalie Petrowski, avec la ferveur qu’on lui connaît. La réponse n’est pas si simple. C’est comme choisir entre un gros steak juteux et une bonne vieille poutine : les deux sont satisfaisants, mais pour des raisons différentes.
La téléréalité, c’est du drame sur commande, une sauce épaisse de moments WTF et de situations scénarisées, mais avec de vrais gens. « C’est de la manipulation, c’est dégueulasse! », s’exclame Nathalie, choquée.
Pourtant, ça marche! Comme téléspectateur, on est accro à ces moments surjoués où on se demande si c’est arrangé ou pas avec le gars des vues.
Mais quand on parle de fiction, force est d’admettre qu’on touche à quelque chose d’encore plus intime. Comme l’explique Nathalie : « C’est scénarisé, c’est réfléchi, c’est joué par des acteurs. » Mais bon, on va pas se le cacher, la téléréalité aussi, c’est scénarisé, comme le souligne Eugénie Lépine-Blondeau.
Le binge-watching : le nouveau rituel du confort
D’emblée, Eugénie admet avoir binge-watché STAT pendant son congé de maternité. « J’avais des soucis de grossesse et STAT, ça l’a fait », confie-t-elle. La télé, dans ce contexte, devient presque thérapeutique, une échappatoire bien méritée dans une journée un peu compliquée.
Le binge-watching, c’est devenu notre nouvelle messe télévisuelle : un épisode en entraîne un autre, et soudain, vous avez passé votre fin de semaine en mou devant un écran, sans même vous en rendre compte.
Mais c’est là que la magie telle que décrite par Eugénie opère : renouer avec ce vieux plaisir, celui d’un rendez-vous à 19 h, même si on est en 2024 et que les rendez-vous télé, ça paraît un peu vieux jeu.
Diversité et représentation : y a encore du chemin à faire
Et la diversité là-dedans? Eugénie Lépine-Blondeau le dit bien :
« J’en cherche encore, des histoires de lesbiennes, en prime time. »
Parce que oui, même si on aime bien nos polars pas de police (PPP, pour les intimes), il y a encore du travail à faire pour que tout le monde soit bien représenté à l’écran.
Comme le souligne Mounir Kaddouri, alias Maire de Laval : « La vraie diversité, c’est quand y aura des gens aux postes décisionnels. »
Tant qu’on laisse les mêmes têtes blanches produire les émissions, impossible d’entrevoir de nouvelles propositions plus éclatées, différentes. D’ici là, la télé québécoise semble condamnée à répéter les mêmes schémas, et c’est de là que vient son côté un peu trop prévisible.
Trop de télé, pas assez de temps
Regarder la télé, c’est aussi un luxe, en termes de temps. En ce sens, le journaliste du Devoir Étienne Paré s’avoue désemparé : « il y en a trop », et que souvent, après avoir cherché trop longtemps quelque chose à regarder, il finit par ne rien écouter parce que l’offre est tellement vaste que ça en devient intimidant.
Ironique, non? On vit dans une ère où le choix est plus grand que jamais, mais on finit par vouloir revenir à des valeurs sûres, comme le direct à l’ancienne, ou des shows qui génèrent de la discussion en ligne (les favoris de Mounir Kaddouri).
En gros, cette conversation, c’est la preuve qu’on a tous un rapport différent à la télé. Que vous soyez fan de Star Académie ou que vous préfériez binge-watcher vos séries en solitaire, la télé reste cet objet un peu magique, qui connecte, qui divise et qui, surtout, continue d’évoluer avec nous.