Poignées d’amour – Épisode 1 : Introduction aux corps gros
Grandir dans un corps gros : entre jugements et acceptation
Qu’est-ce que ça veut dire, grandir dans un corps gros? Pour plusieurs, c’est un parcours semé de prises de conscience parfois douces, parfois brutales. Dans Poignées d’amour – Épisode 1, plusieurs participant.e.s racontent comment ils et elles ont appris à voir leur corps différemment et à naviguer dans une société obsédée par l’apparence.
Le moment où on comprend qu’on est “grosse”
Rosalie, 17 ans, a su qu’elle était grosse le jour où elle a essayé des vêtements et que rien ne lui faisait. Pourtant, elle ne s’est jamais trouvée laide : « Je me suis toujours trouvée belle, même après avoir réalisé que j’étais grosse. »
D’autres participantes ont vécu cette prise de conscience à travers le regard des autres. Pour l’une, c’est sa mère qui semblait plus gênée de son corps qu’elle-même. Pour une autre, c’est lors de ses cours de patinage artistique, où elle devait porter des tailles adultes à seulement 7 ans.
Puis, il y a celles qui ont grandi en voyant leur propre mère se critiquer devant le miroir. « Je la voyais se trouver grosse alors qu’elle était mince. Et moi, je me comparais, réalisant que j’étais différente. »
L’école et les clichés sur les personnes grosses
À l’école, le poids devient souvent un facteur de stigmatisation. Une participante se rappelle comment, en théâtre, elle était systématiquement choisie pour jouer « la grosse », la voisine envahissante qui mange tout le temps. « C’était “drôle” de voir une grosse voisine manger du jambon entier… »
Ce genre de rôle n’a rien d’anodin : il façonne l’image que la société projette sur les personnes grosses. Et surtout, il montre à quel point leur corps est rarement perçu comme neutre.
L’obsession du poids et des régimes
Difficile de parler de l’image corporelle sans parler des régimes. Plusieurs participantes racontent comment, dès l’enfance, elles ont été exposées à la culture de la minceur.
« Ma mère me disait que j’étais belle, mais elle faisait des régimes, et j’embarquais avec elle. Un jour, j’ai mangé uniquement de la soupe au chou pendant deux mois. J’ai perdu 60 livres… et j’en ai repris 80. »
C’est un cycle infernal : vouloir maigrir pour être acceptée, y arriver temporairement, puis reprendre du poids et se sentir coupable. Tout ce temps perdu à contrôler son apparence, alors qu’on aurait pu faire autre chose qu’on aime.
Reprendre le pouvoir sur son image
L’une des premières étapes pour se réapproprier son corps, c’est de normaliser le mot gros. « Je suis rousse, je suis grosse, je porte des lunettes… Ce sont juste des descriptions. Il faut enlever la connotation négative. »
Pourquoi est-ce que « gros » est perçu comme une insulte quand on parle d’une personne, mais pas quand on dit « je vais te faire un gros cadeau », remarque une participante.
Aujourd’hui, ces jeunes personnes apprennent à aimer leur corps autrement. Pas juste en le maquillant ou en essayant de le transformer, mais en prenant soin de lui. En bougeant par plaisir, pas pour maigrir. En s’entourant de discours positifs, plutôt que de critiques.
Comme le dit Rosalie : « Je ne sais pas si j’aime mon corps plus qu’avant. Mais je l’aime mieux. » Et c’est peut-être ça, la vraie victoire.
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