Pierre-Luc Racine
Quand t’es adopté et que ton chien a un nom plus latino que toi
Pierre-Luc Racine, c’est le gars qui a grandi québécois, qui a des origines colombiennes… et qui s’appelle Pierre-Luc.
Ses parents ont vu un bébé latino et ont décidé de l’appeler comme un enfant né dans une cabane en bois en Mauricie. Pendant ce temps-là, leur chien, lui, s’appelait Esteban.
Déjà, on sent l’absurde dans son histoire. Et ça tombe bien, parce que Pierre-Luc a cette manière bien à lui d’observer la vie et d’en faire des blagues aussi réfléchies que complètement éclatées.
Un retour en Colombie (et une prise de conscience québécoise)
À force de se faire demander « T’es québécois… mais pourquoi t’as l’air latino? », Pierre-Luc a voulu reconnecter avec ses racines et est retourné en Colombie pour la première fois.
Et là, révélation :
« J’ai acheté un chandail “Bogotá, Colombie”… et j’ai réalisé que j’étais 100% québécois. Parce que faut être vraiment québécois pour acheter un chandail de touriste dans son propre pays de naissance! »
Si jamais vous croisez quelqu’un avec un t-shirt « Montréal, Canada » sur Sainte-Catherine, vous savez maintenant qu’il est probablement né au Québec.
Le combat d’une vie : bien parler
Pierre-Luc a toujours eu des problèmes de diction. Il bredouille. Mais il a trouvé une technique pour contourner son trouble d’élocution :
« Si je parle super vite et que je n’arrête jamais… alors je n’aurai jamais de problème! »
Une logique béton. Un peu comme dire :
« Je ne vais jamais me chier dans les culottes… si je ne porte pas de culottes! »
Le plus dur dans tout ça, c’est le manque de modèles médiatiques pour les gens qui ont des troubles de langage.
Son seul repère? Sean Paul.
« Lui, il a une carrière internationale… et personne comprend ce qu’il dit! »
Comme quoi, tout est possible quand on y croit (et qu’on marmonne avec assez de confiance).
Accents régionaux et médias québécois : un manque flagrant
Autre constat de Pierre-Luc : les accents régionaux sont trop absents des médias.
Il imagine alors des versions alternatives de certaines émissions québécoises :
« Le Tricheur… mais animé par un gars de Joliette? Ça devient… L’Tricheux! »
« Des kiwis et des hommes… en Gaspésie? Ça devient… Des fruits de mer et des pêcheurs! »
« Comment c’est fait… au Saguenay-Lac-St-Jean? Ça devient… À cause c’est fait d’même, là! »
Avouez que ça rajouterait du piquant.
Quand l’anglais contamine le français québécois
Comme tout bon Québécois qui passe trop de temps sur Internet, Pierre-Luc constate que l’anglais a infiltré notre vocabulaire du web.
On « download » des fichiers.
On « refresh » une page.
On fait du « streaming ».
Et ça sonne toujours cool. Mais essayez de traduire ça en québécois…
« Netflix and chill »? Stylé.
« Tou.tv et doigter »? Moins efficace.
« Club Illico et dildo »?
« RDS touche mes fesses »?
Ou pire…
« Canal D-foncé. »
Disons que ça donne une vibe très… awkward.
Bredouiller, être latino-québécois et survivre aux médias : mission accomplie
Pierre-Luc Racine a une identité compliquée, un trouble de langage, un humour tranchant… et zéro tabou.
Et clairement, ça fonctionne. Parce que même s’il bredouille, on ne voudrait pas qu’il ralentisse.