Reportage
On visite Le Musée de la bière Minervois
Rien n’annonce vraiment qu’en plein cœur de La Minerve, petit village des Laurentides, se cache un trésor insoupçonné pour les amateurs de bière. Depuis 1990, un musée entièrement consacré à la culture brassicole y prend racine, fruit de la passion dévorante d’un collectionneur que l’on pourrait qualifier, avec plaisir, de sympathique écureuil. « Quand tu es collectionneur, c’est ça, ils appellent ça le syndrome de l’écureuil. Tu ramasses, tu ramasses… et il manque de murs », confie André Paradis, le fondateur du Musée de la bière.
Le réalisateur Jules Falardeau a accompagné la fondatrice du blogue La Petite bière, Émilie Leclerc dans sa visite.
Dans ce musée inattendu, près de 6000 canettes et bouteilles de bière sont soigneusement classées. Un chiffre impressionnant auquel s’ajoutent les cendriers, verres, enseignes lumineuses, étiquettes et autres objets promotionnels. On ne parle pas ici d’un simple hobby, mais bien d’un engagement total envers l’univers brassicole.
La bière comme passeport
Émilie Leclerc est l’une des nombreuses personnes à être tombée sous le charme du musée. Blogueuse spécialisée en dégustation de bières — avec ou sans alcool —, elle sillonne le Québec pour faire découvrir à sa communauté le meilleur des produits artisanaux locaux.
André Paradis explique que la bière a toujours été une bonne façon de connecter avec les gens : « En voyage, la bière, c’est un moyen de connaître le monde. » Le musée est justement structuré par zones géographiques : Mexique, Angleterre, Belgique… Chaque coin est un petit pays, un fragment liquide de mémoire et d’histoire. Émilie Leclerc mentionne au passage la brasseuse belge qui, pendant 46 ans, était la seule femme à brasser au sein de la célèbre brasserie Liefmans.
Le clou du spectacle : une Stubby’s format géant
Parmi les objets les plus insolites, une bouteille « stubby » agrandie 200 000 fois attire tous les regards. Haute de 42 pieds, cette œuvre monumentale rend hommage à l’une des bouteilles les plus emblématiques au Canada. Et comme le dit en riant le collectionneur : « C’est qui le raisin en haut qui va mettre le bouchon ? »
Mais la collection ne se limite pas à l’absurde. Une pièce rare du début des années 1900 — un growler antique accompagné de sa pancarte d’origine — témoigne aussi de l’histoire méconnue de certaines pratiques, aujourd’hui tendance dans les microbrasseries, qui existaient pourtant bien avant l’engouement pour le « local » et l’« artisanal ».
Un musée vivant
Même si le collectionneur affirme ne plus vouloir ajouter de nouvelles pièces, il reconnaît qu’il ne pourrait pas résister à l’appel d’un cheval Black Horse autrefois juché sur une bâtisse de brasserie. Certaines reliques continuent d’alimenter sa passion.
Et pour ceux qui pensent que l’univers de la bière est réservé aux buveurs invétérés, détrompez-vous. Ce musée est une immersion dans un pan de culture populaire trop souvent sous-estimé. Il nous rappelle que derrière chaque bouteille, il y a une époque, un territoire, des traditions — et bien souvent, une très bonne histoire. Alors, la prochaine fois que vous ouvrirez une bière, souvenez-vous : il se cache peut-être, quelque part dans le Québec rural, une version géante de cette bouteille, veillant silencieusement sur des milliers d’autres témoins mousseux de notre époque.
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