Olivier Arteau et Bruno Marchand : la culture à Québec
Québec, ville figée dans son image de capitale sage ou terrain fertile où tout est à réinventer ? Pour Olivier Arteau, comédien, metteur en scène et directeur artistique du Théâtre Le Trident, la réponse est claire : ici, tout est à bâtir, tout est à recréer constamment.
C’est ce regard audacieux qui l’a mené à la tête du Trident en 2022, à seulement 32 ans. Lors d’une discussion avec le maire de Québec, Bruno Marchand, il a partagé sa vision d’une culture qui ose, bouscule et surtout, rassemble.
L’audace comme moteur
Olivier Arteau est-il le cauchemar des conservateurs du milieu théâtral ? On pourrait le croire, mais lui nuance : « On me demande souvent si je veux choquer, mais ce n’est jamais mon intention. Je veux utiliser l’audace pour rejoindre le plus de gens possible tout en abordant des enjeux sociaux challengeants. »
Ce qui l’inquiète davantage, ce sont les silos idéologiques, ces murs invisibles qui cloisonnent les idées et empêchent le dialogue. Selon lui, on peut être à la fois audacieux et rassembleur.
Et Québec, dans tout ça ? Pourquoi avoir choisi d’y ancrer son travail plutôt que de céder à l’appel de Montréal ? « Il y a toujours des gens pour dire : “Ce serait plus facile à Montréal.” Mais c’est Québec qui m’a formé. Ici, il y a un potentiel infini. »
Un regard en mutation
Le maire Bruno Marchand le souligne : « On entend parfois dire que la culture à Québec est perçue comme une culture de région. Sens-tu ce regard-là ? »
Olivier ne se défile pas. Historiquement, les rôles principaux étaient souvent confiés aux artistes de Montréal, tandis que ceux de Québec se retrouvaient à jouer les poignées de porte. Un héritage lourd, mais en transformation. « On voit aujourd’hui une vraie fraternité entre les artistes, un plaisir de jouer qui transcende les anciennes divisions. »
Ce désir de renverser les codes, Olivier l’a depuis longtemps. Enfant queer, confronté à l’intimidation, il a appris à captiver son audience pour exister. « L’art est une manière de communiquer, de briser les barrières. »
Faire briller Québec
Mais comment propulser la scène artistique de Québec sur la scène internationale ? Pour Olivier, il faut être stratégique face aux géants du numérique et mettre en place des conditions favorables pour garder les talents ici.
Le maire Bruno Marchand abonde dans le même sens : « On doit inviter les gens à tourner ici, à découvrir notre talent. Ce qu’on doit réussir, c’est garder nos artistes en leur offrant un avenir à long terme. »
À la fin de la discussion, une question plus intime : que dirait Olivier à un ado qui ne se sent pas à sa place ? Sa réponse est immédiate : « Crée ! »
Et à lui-même, à 15 ans ? « Tu ne sais même pas ce qui t’attend… »
Un conseil qui résonne fort, autant pour lui que pour la scène culturelle de Québec, en perpétuelle transformation.