Reportage
Nathalie Provost: survivante et députée
« Il reste tout de la militante. Cet apprentissage-là, je ne pourrai pas l'oublier. C'est une manière de travailler. »
C’est avec cette conviction que Nathalie Provost, survivante de la tragédie de Polytechnique et figure marquante de la lutte pour le contrôle des armes à feu, a embrassé une nouvelle carrière : celle de députée libérale fédérale dans la circonscription de Châteauguay—Les Jardins-de-Napierville.
Un an après son élection, elle revient sur ce tournant de sa vie, où l’engagement citoyen rencontre l’action politique.
Un renouveau à presque 60 ans
Nathalie Provost n’est pas une novice de l’engagement, mais son entrée en politique active est un nouveau chapitre. Pendant 15 ans, elle a mené de front deux vies : celle de fonctionnaire et celle de militante. La vie politique constitue une nouvelle étape.
« C’est extraordinaire de vivre un renouveau à presque 60 ans. Commencer une nouvelle vie, » confie-t-elle, rayonnante. Après avoir étudié l’ingénierie et travaillé dans la fonction publique, cette nouvelle carrière s’ajoute à un parcours déjà riche, marqué par un événement qui a façonné son identité publique : la tragédie de Polytechnique en 1989.
Le devoir de mémoire
Si le mot « militante » peut parfois inspirer la méfiance, Nathalie Provost insiste sur l’importance de son approche pragmatique. Elle se définit avant tout comme une ingénieure, une femme de solutions, et non comme une personne dogmatique.
Alors que l’on se prépare à commémorer les 36 ans de la tragédie de Polytechnique, Nathalie Provost évoque un devoir de mémoire. Ce fut un événement qui a profondément marqué la société québécoise, où des femmes ont été tuées parce qu’elles étaient des femmes, au cœur d’une des sociétés les plus progressistes en matière d’égalité.
Selon elle, la tuerie est survenue parce que l’avancement des femmes « dérangeait ». C’est un rappel constant que rien n’est acquis, et que l’égalité des droits et le respect des droits humains sont des combats quotidiens.
Sa transition vers la politique est une extension de cet engagement. Nathalie Provost demeure un symbole de la lutte contre la violence faite aux femmes, une cause qui résonne au-delà de sa propre expérience, car « il n’y a pas une femme […] qui n’a pas été d’une façon ou d’une autre en contact avec la violence conjugale. »
Une députée ancrée dans sa communauté
Comme députée, son action se concentre sur l’écoute de ses électeurs et la recherche de solutions concrètes pour améliorer la vie dans sa circonscription. Elle aime être en relation avec ceux qui « font bouger la vie » dans son comté.
« C’est à moi d’être à l’écoute d’eux, puis de trouver des solutions pour répondre à leurs problèmes, puis faire avancer les questions pour que la communauté avec qui je vis aille de mieux en mieux. C’est merveilleux ça. »
Bref, Nathalie Provost se sent comme un « poisson dans l’eau » dans ce nouveau virage qui la passionne.

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