Mehdi Agnaou
Mehdi Agnaou : le Marocain le plus québécois
Mehdi Agnaou, humoriste d’origine marocaine débarqué au Québec à l’âge de six ans, nous livre ici un stand-up qui frappe par son humour tranquille et ses observations bien senties sur l’immigration, l’intégration et les petites absurdités de la vie quotidienne. Avec son charme discret et un sourire adorablement timide, il se présente comme « le Marocain le plus blanc du monde » – un « white ass Arab », selon ses propres mots. Mais au-delà de l’anecdote, il incarne à merveille ce mélange culturel, les deux pieds bien enfoncés dans le sol québécois, mais le cœur toujours un peu partagé.
D’entrée de jeu, Mehdi nous avoue être le genre de gars qui suit les règles. « Plate », comme il dit, un vrai de vrai Québécois qui respecte les normes sociales, même quand ça devient un peu rigide. Après cet aveu, il enchaîne avec une série d’anecdotes où sa marocanité et son côté « straight-laced » typiquement québécois se confrontent, souvent de manière hilarante. Comme dans le classique jeu de party « Je n’ai jamais », où il se retrouve sans rien à boire, mais avec trop d’informations sur ses nouveaux amis, du type Kevin qui sort des confidences un peu trop croustillantes sur son secondaire.
Le numéro s’enchaîne sur les conseils de sa mère qui l’a encouragé depuis tout jeune à se faire des amis québécois. Pour elle, les Québécois sont des gens organisés et disciplinés. Les compagnons idéaux pour son fils, quoi. Un peu naïve, sa mère? Probablement. Mais elle pousse son fils à apprendre des meilleurs, même si, selon lui, elle les a « un peu surévalués ». Ça donne un Mehdi qui se fait un point d’honneur à respecter les convenances locales, au point de devenir celui qui rembourse systématiquement ses amis – une manie qui lui vaut d’être gentiment taxé de faux Arabe par ses nouveaux amis maghrébins.
L’un des moments forts du numéro, c’est le récit d’un transfert Interac entre lui et son coloc, Oussama. Mehdi décrit la scène : les deux gars complètement high, tentant de compléter une transaction bancaire. La simple question de sécurité devient alors un casse-tête digne de la NASA, et Mehdi pousse l’absurde jusqu’à répondre « l’année du tigre » comme réponse. On rit avec lui, non pas seulement parce qu’il est drôle, mais parce qu’il sait capturer ces moments de quotidien qui semblent anodins et les transformer en petites scènes théâtrales irrésistibles.
Au fond, Mehdi est un peu un grand simp québécois, qui n’ose jamais dire non. La peur de déranger ou de décevoir est tellement ancrée en lui qu’il est prêt à accepter n’importe quoi, même une coupe de cheveux atroce, juste pour ne pas heurter la coiffeuse. Ce trait de personnalité, qui est à la fois une gentille caricature de certains Québécois et une pointe d’autodérision, montre bien à quel point il est intégré dans sa société d’accueil, presque trop si on se fie à ses amis marocains.
Avec ce qu’il appelle sa « simplicité généralisée », Mehdi Agnaou nous livre une belle réflexion humoristique sur l’identité, l’appartenance et la dualité culturelle. Il parvient à jouer habilement de ses différences pour rassembler le public entier autour de la même réalité : celle des incongruités de la vie d’immigré, certes, mais aussi celle de la maladresse humaine, universelle et profondément touchante. Avec ses punchlines bien placées et son style doux-amer, Mehdi réussit à nous faire rire, mais surtout, à nous faire apprécier la richesse des mélanges culturels qui forment le Québec d’aujourd’hui.
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