Martin Lauzon
Martin Lauzon
Platistes, grille-pains et humour anglophone
Attention, on s’apprête à dire quelque chose de controversé, mais Martin Lauzon est sans contredit le meilleur humoriste qu’on a eu à Notre-Dame du Stand-up… qui fait du jiu-jitsu. En même temps, on avoue être impressionné par n’importe qui capable de dire « jiu-jitsu » sans se fouler la langue et deux plombages. Dans son plus beau pull et à côté de notre beau sapin de Noël (ça été filmé en décembre, on n’est pas une gang de mous), Martin relève des absurdités de la vie comme les gens qui croient que la Terre est plate et le nombre de fentes dans les grille-pains. Vous, êtes-vous team 2 fentes ou 4 fentes?
Martin Lauzon : Platistes, grille-pains et blagues borderline
Martin Lauzon débarque sur scène avec une énergie décontractée, prêt à décortiquer les absurdités du quotidien. Entre les conspirationnistes de la Terre plate, les grille-pains et l’humour anglophone, il enchaîne les réflexions absurdes avec une facilité déconcertante. Son passage à Notre-Dame du Stand-up est un condensé de stand-up québécois à la fois mordant et provocateur.
La Terre est plate… vraiment ?
D’entrée de jeu, Martin Lauzon s’attaque aux adeptes de la théorie de la Terre plate. Mais attention, il ne juge pas. « C’est bon d’être curieux… mais des fois, tu te poses un peu trop de questions. » Il souligne l’évidence : si la Terre avait une forme loufoque, comme une guitare électrique, là, on pourrait commencer à se poser des questions. Mais non, elle est ronde, comme toutes les autres planètes. Ça fitte.
D’ailleurs, il remarque que personne ne remet en question la forme des étoiles. « Qui c’est qui catch que les étoiles ne sont pas en forme d’étoile ? » Un bon point.
Grille-pains et autres questions existentielles
L’un des fils rouges du spectacle, c’est l’obsession incompréhensible des gens pour leur grille-pain. « Par applaudissement, qui ici possède un grille-pain à la maison ? Ok, vous avez de l’argent. »
Mais la vraie question : pourquoi certaines personnes débranchent leur grille-pain après usage ? Est-ce qu’ils pensent vraiment que l’appareil pourrait exploser ? Et surtout, pourquoi cette obsession ne s’étend-elle pas à la cafetière, qui reste pourtant branchée 24/7 sans que personne ne s’en inquiète ?
Dans sa logique absurde, Martin va encore plus loin : il décrète qu’il devrait être illégal de ne manger qu’une seule tranche de pain à la fois. « Si ton grille-pain ne prend qu’une seule tranche, je ne veux pas être ton ami. »
Les étoiles, plus nombreuses que les grains de sable ?
Puis, il revient sur une statistique qui l’a marqué : il y aurait plus d’étoiles dans l’univers que de grains de sable sur Terre. Vrai ou pas, il s’en fout. Ce qui l’intéresse, c’est l’échelle. « Mais combien il y en a de plus ? Genre, si c’est juste six planètes de plus que de grains de sable, on peut recompter. »
C’est ce genre d’observation qui définit bien son style : une capacité à souligner l’absurdité d’une information scientifique en la ramenant à un raisonnement terre-à-terre… et légèrement niaiseux.
L’humour anglophone, meilleur que le francophone ?
Arrive un sujet un brin plus délicat : l’humour québécois versus l’humour anglophone. Martin ne s’en cache pas : il trouve que l’humour d’ici est trop facile. Il rêve de New York, d’Austin, où l’humour est, selon lui, plus affûté.
Il illustre son point avec un exemple : en anglais, le dimanche s’appelle Sunday, ce qui évoque une journée ensoleillée. En français, on ne dit pas « Journée ensoleillée » pour désigner le dimanche. Ça ne marche tout simplement pas aussi bien.
Un peu mince comme argument, mais on saisit l’idée : selon lui, l’anglais a un punch plus naturel pour le stand-up.
Une blague qui passe mal
Puis, il tente d’adapter son matériel en anglais et revient… au grille-pain. Après avoir refait son sketch sur les grille-pains devant son public bilingue, il lâche une blague qui frôle dangereusement la ligne rouge. Il suggère que si quelqu’un veut vraiment ne manger qu’une seule tranche de pain, il devrait attendre 30 minutes, mettre un fil électrique dans son bain et se suicider.
Silence gêné dans la salle ? Rires jaunes ? Impossible à dire, mais ce genre de blague en dit long sur la tendance actuelle du stand-up à tester les limites de la provocation.
Liberté d’expression et double standard
Martin termine en se félicitant de pouvoir dire ce qu’il veut sur scène, contrairement à Montréal, où tout serait devenu trop politiquement correct. Ce discours, on l’entend souvent dans le milieu de l’humour ces temps-ci.
Mais le vrai malaise arrive à la toute fin. Après les remerciements d’usage, il demande de fermer les caméras parce qu’il a envie de dire quelque chose qu’il ne veut pas voir filmé.
Et là, il balance : « C’est raciste, ce que je veux dire. »
Joke ou pas joke ? Provocation ultime ou véritable intention de balancer un truc douteux ? Dans tous les cas, il laisse son audience avec un drôle d’arrière-goût.
Martin Lauzon : humoriste absurde ou provocateur calculé ?
Avec ce spectacle, Martin Lauzon mélange habilement l’humour absurde et l’humour provocateur. Il est capable d’observer des absurdités du quotidien avec une naïveté feinte, mais il aime aussi tester les limites du malaise.
Jusqu’où peut-on aller en humour aujourd’hui ? C’est une question qui semble l’obséder. Une chose est sûre : il ne veut pas que son humour soit un long fleuve tranquille.