L’histoire de Boucar Diouf illustrée par l’artiste Kezna Dalz
La série animée Pour une histoire des Noirs au Canada retrace le parcours de 20 personnalités incluant des figures historiques comme Viola Desmond et des personnages contemporains, comme l’inimitable Boucar Diouf.
Biologiste, humoriste, écrivain, grand conteur d’ici et d’ailleurs, il incarne ce métissage culturel qui enrichit le Québec.
Nous avons réuni le Boucar en chair et en os et l’artiste qui l’a dessiné pour la série, Kezna Dalz. La talentueuse illustratrice, qui est aussi peintre et muraliste, en a profité pour partager son expérience en tant que personne à l’identité métissée et pour discuter de l’importance d’avoir des modèles. Avec son humour toujours aussi brillant, Boucar revient sur ses racines, son héritage et l’importance de transmettre.
Une jeunesse entre science et contes
Avant d’être le Boucar qu’on connaît aujourd’hui, il était un petit garçon du Sénégal qui racontait des blagues… à des bœufs. Littéralement.
« Même quand j’enseignais la biologie, je regardais une vache brouter et je lui expliquais la photosynthèse! »
Dès son plus jeune âge, il développe ce talent pour la narration, inspiré par les grands conteurs africains. Et contrairement à ce qu’il a longtemps dit, ce n’était pas son grand-père qui lui racontait le plus d’histoires… mais bien sa grand-mère.
« C’est un biais culturel. J’ai grandi dans une société patriarcale, donc j’ai toujours dit “Mon grand-père disait…” Un jour, j’ai réalisé que c’était faux et qu’il fallait rendre à César ce qui appartient à César. »
Une belle manière de reconnaître l’importance des femmes dans la transmission des savoirs et des récits.
Québéciser et sénégaliser en même temps
Boucar Diouf a reçu plusieurs distinctions, dont le titre de chevalier de l’Ordre national du Québec. Une belle reconnaissance, mais pour lui, l’important, c’est ce que ça représente.
« L’objectif, c’est accepter de se québéciser, mais en retour, « sénégaliser » les autres! »
Une phrase qui résume bien sa vision du vivre-ensemble : l’échange, le partage, et l’idée qu’une culture ne doit pas effacer l’autre, mais plutôt l’enrichir.
L’importance des modèles pour la jeunesse
Si Kezna Dalz a ressenti une pression immense en illustrant Boucar, c’est parce qu’elle sait à quel point ces histoires comptent.
« Imagine un jeune qui regarde ces capsules colorées et se dit : “C’est possible. Cette personne me ressemble!” »
C’est aussi pour ça que le Mois de l’histoire des Noirs est essentiel : il permet de découvrir des parcours inspirants, de mieux comprendre les luttes du passé et d’ouvrir des portes pour l’avenir.
« L’histoire des Noirs en Amérique est une histoire douloureuse, mais essentielle. La résilience, ça ne s’efface pas. »
Un portrait, une signature, un diastème
À la fin de la vidéo, Boucar découvre le portrait dessiné par Kezna. Mais un détail manque : son diastème (l’espace entre ses dents), ce qu’il considère comme sa signature.
« Ma mère espérait que ça se resserre en vieillissant… Mais non! Ça fait mon charme! »
Comme quoi, qu’il s’agisse d’un sourire ou d’une culture, ce sont les particularités qui nous rendent uniques.
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