Balado URBANIA
Le nouveau chapitre de Valérie Plante
Le nouveau chapitre de Valérie Plante
« Je ne suis pas fatiguée, je suis juste prête à passer le flambeau. »
Cette semaine, Hugo Meunier reçoit la mairesse de Montréal, Valérie Plante.
À quelques mois de la fin de son mandat, Valérie Plante, la première femme élue mairesse de Montréal en 2017, revendique un legs qui a transformé la ville. À travers une entrevue riche en confidences, elle est revenue sur ses réalisations, ses défis et la manière dont elle espère que Montréal se souviendra d’elle. Entre son rire contagieux et son pragmatisme politique, elle évoque une volonté inébranlable de mettre les Montréalais au centre des décisions, même si tout n’a pas été facile.
Une ville plus verte et sécuritaire
Parmi les accomplissements dont elle est la plus fière, Valérie Plante cite sans hésiter le verdissement de Montréal. Sous son administration, la métropole a doublé ses espaces verts, planté des arbres et développé des « parcs-éponges » pour contrer les impacts des changements climatiques. Ces initiatives, en plus de promouvoir une meilleure qualité de vie pour les citoyens, visent aussi à préparer Montréal aux défis environnementaux à venir.
Les rues, elles aussi, ont connu une transformation majeure. L’élargissement des trottoirs, la création de rues piétonnes emblématiques comme l’avenue Mont-Royal, et l’intégration de pistes cyclables ont jeté les bases d’une ville axée sur des déplacements sécuritaires et durables. Plante souligne que malgré la controverse initiale – notamment en ce qui concerne la rue Saint-Denis –, ces initiatives ont favorisé une revitalisation économique et renforcé le sentiment de sécurité des usagers.
« Les gens doivent se sentir en sécurité, que ce soit en voiture, à pied ou en vélo », insiste-t-elle. À titre d’exemple, la réduction des collisions sur certaines artères montre que ses politiques ont porté leurs fruits.
Un héritage féministe
Valérie Plante affirme avoir également marqué Montréal par sa volonté d’accroître la représentation féminine dans l’espace public. L’inauguration de la Place des Montréalaises incarne cet engagement : un lieu central qui célèbre 21 figures féminines ayant marqué l’histoire de la ville. Montréal devient ainsi la deuxième ville après Montevideo en Uruguay à consacrer un espace d’envergure aux bâtisseuses – un geste hautement symbolique dans une ville encore largement dominée par des toponymes masculins.
Cette reconnaissance des femmes dans la ville ne s’arrête pas là : une banque de toponymie féminine a été créée pour favoriser la nomination d’espaces publics en leur honneur. Pour Valérie Plante, il s’agit d’un pas nécessaire pour briser les traditions patriarcales et reconnaître les contributions historiques des femmes, souvent reléguées dans l’ombre.
Une résilience face aux doubles standards
Si Valérie Plante a été acclamée pour certaines de ses idées audacieuses, sa trajectoire politique n’a pas été de tout repos. Dès ses débuts, elle a dû affronter de nombreux doubles standards liés à son genre. On lui a reproché son rire, son attitude jugée trop enjouée ou encore une supposée fatigue, des critiques rarement adressées à ses homologues masculins.
« Oui, les doubles standards existent », admet-elle avec franchise. « On m’a souvent demandé comment je conciliais travail et famille, alors que jamais cette question n’est posée à mes collègues masculins. » Malgré tout, elle insiste : elle n’a jamais changé qui elle était. Ce choix d’authenticité, dit-elle, a été déterminant pour maintenir le lien avec les citoyens, particulièrement lors de moments difficiles comme la pandémie.
Les défis : ce qui aurait pu être fait autrement
Bien sûr, tout n’a pas été une réussite. L’échec de la ligne rose du métro, projet phare de sa première campagne, reste un regret. Faute de financement provincial, ce métro destiné à désenclaver plusieurs quartiers, notamment dans l’est de l’île, est resté sur la planche à dessin. Avec une pointe de déception, Plante admet que « certains rêves sont freinés par la bureaucratie », tout en espérant que ce projet revive un jour.
Elle a également dû composer avec des critiques virulentes sur les réseaux sociaux, où le climat d’agressivité et d’intimidation l’a poussée à fermer la section commentaires sur X (anciennement Twitter). Elle milite aujourd’hui pour une meilleure régulation des discours misogynes en ligne : « On ne devrait pas pouvoir attaquer les femmes publiquement sans conséquences. »
Une page qui se tourne
Alors qu’elle s’apprête à quitter l’hôtel de ville, Plante se réjouit de recevoir des messages de remerciements de citoyens reconnaissants, qu’elle garde précieusement dans un livre. Pour elle, l’important reste d’avoir dirigé avec conviction : « Je voulais bâtir une ville où on pense à l’avenir, même si les choix ne sont pas toujours populaires. C’est ce qui fait un leader. »
Valérie Plante termine avec un mot d’espoir pour les femmes en politique, les invitant à persévérer malgré les défis. Son départ ne signe pas la fin de son engagement envers Montréal, mais plutôt un passage de relais : « Le pouvoir, on ne le garde pas. On le transmet. »
Identifiez-vous! (c’est gratuit)
Soyez le premier à commenter!