Le mouvement féministe coréen 4B expliqué en 1 minute
Si la perspective de passer votre vie avec un homme, d’avoir des enfants, d’aller en date, ou même de toucher un gars avec un bâton ne vous enchante pas, le « 4B » pourrait bien être pour vous. C’est le nom d’un mouvement féministe coréen, devenu viral, qui prône le refus total de la présence masculine dans la vie des femmes. Et même si tout le monde n’est pas prêt à dire bye bye aux hommes, le courant est devenu si puissant en Corée qu’il a des répercussions sociales et économiques concrètes.
Le 4B ou « four Bs » vient des mots en coréen signifiant « non ». Les femmes coréennes, de plus en plus nombreuses à adhérer au mouvement, disent « non » quatre fois : pas de mariage avec un homme, pas d’enfants, pas de relations amoureuses avec des hommes, et même pas de contact avec eux. C’est une prise de position féministe inédite qui reflète un ras-le-bol généralisé face aux inégalités et violences sexistes.
Pour comprendre d’où vient cette tendance, il faut regarder le contexte social en Corée du Sud. En 2024, les statistiques parlent d’elles-mêmes : 157 écoles en Corée du Sud n’ont aucun élève en première année de primaire, un signe alarmant de la baisse de natalité. Le pays affiche l’un des taux de fertilité le plus bas au monde, et bien que plusieurs facteurs expliquent cette réalité – une culture de travail extrême, le coût de la vie, etc. – le 4B y contribue aussi, apparemment.
La montée du 4B peut être attribuée à plusieurs frustrations qui affectent les femmes coréennes : des violences sexistes banalisées, un plafond de verre qui persiste et un risque constant d’être filmée à son insu sous sa robe ou aux toilettes. Ces réalités poussent plusieurs Coréennes à réévaluer leurs choix de vie et à se demander si les relations avec des hommes valent vraiment le coup.
Ce n’est pas le seul courant féministe à explorer de nouvelles avenues pour les femmes. Parallèlement au 4B, on voit également le mouvement du « decenter men », qui encourage les femmes à ne plus mettre les hommes au centre de leur vie, ainsi que le « female gaze » au cinéma, une manière de filmer qui privilégie le point de vue féminin, en contraste avec le regard masculin omniprésent dans l’industrie.
Alors, est-ce qu’on assiste à une conspiration féministe mondiale visant à éliminer la gente masculine d’ici 2027? Peu probable. Mais ce mouvement traduit une réaction radicale – mais prévisible – face à une misogynie persistante. Les femmes coréennes, à travers le 4B, prennent leurs distances du patriarcat de façon inédite, même si cela secoue les normes traditionnelles. Que l’on partage ou non l’idéologie, le phénomène soulève des questions sur le futur des rapports hommes-femmes dans une société où le modèle traditionnel est remis en question comme jamais.
Alors voilà, la prochaine fois que vous entendrez parler du 4B, vous saurez que ce n’est pas juste une tendance passagère. C’est une remise en question profonde des structures patriarcales en Corée, un miroir des combats féministes internationaux, et peut-être bien un signe que les femmes, de Séoul à Montréal, en ont assez de faire des compromis.
***
Pour d’autres explainers tout aussi intéressants (ou pour flasher vos nouvelles connaissances à vos amis), abonnez-vous à notre chaîne YouTube et suivez-nous sur Instagram et TikTok pour ne rien manquer!