Le handicap avec Dominic Tardif
À 14 ans, le journaliste et animateur Dominic Tardif a dû faire face à une décision aux conséquences lourdes : se faire amputer une jambe pour guérir d’un cancer. Près de 25 ans plus tard, il revient sur le long parcours qui l’a mené à accepter sa condition… et à porter des shorts en été.
Dans la vie, certaines épreuves frappent comme un train à pleine vitesse. Dominic Tardif, journaliste, s’en souvient bien. À quatorze ans, il s’est retrouvé devant des mots plus grands que lui : « chimiothérapie », « masse imposante », et, pire encore, « amputation ». La chimio n’avait pas réduit assez la tumeur pour qu’on la retire sans toucher à sa jambe. Quand le chirurgien lui a parlé de cette option radicale, Dominic a été confronté à l’idée brutale de perdre un bout de lui-même pour sauver le reste.
Il a fait le saut. Après l’opération, Dominic a dû réapprendre à vivre avec une jambe en moins, un corps redéfini. Il y a eu les douleurs, le regard des autres, puis celui qu’il portait sur lui-même. Dans ce processus, il s’est mis à « nier » qu’il était une personne handicapée. Après tout, il arrivait à marcher, souvent sans que ça paraisse trop. Ce handicap, presque invisible, lui laissait le luxe de jouer à faire comme si tout était « normal ».
Mais le quotidien a vite rappelé à Dominic qu’il ne pouvait pas tout contrôler. Quand ses collègues lui proposaient des activités en groupe, comme des glissades d’eau, il devait expliquer que ce genre de sorties n’était pas idéal pour quelqu’un dans sa situation. Même les petits bonheurs simples devenaient compliqués. Assister à un spectacle ? Un banc au fond de la salle était devenu une nécessité. Et l’été, sous 35 degrés, Dominic restait fidèle à ses pantalons longs, préférant endurer la chaleur que d’exposer sa prothèse au monde.
Puis, un jour, on lui propose d’animer une émission de télé. Pas le show de ses rêves à MusiquePlus (RIP), mais quelque chose qui finit par avoir un effet inattendu. À travers ses invités, toutes des personnes en situation de handicap, Dominic découvre des histoires qui chamboulent sa perception. Ces personnes lui enseignent à voir son propre parcours autrement, à comprendre que ce n’est pas lui, le problème. Ce qui pose problème, c’est la société, avec ses infrastructures et son regard parfois biaisé, qui n’a pas encore appris à vraiment inclure la différence.
Malgré tout, il reste encore du chemin à faire. Dominic le sait, ce processus d’acceptation est un job à temps plein, et même là, le soulagement n’est jamais complet. La douleur et les moments de détresse reviennent. Ce sentiment d’impuissance qu’il a ressenti à quatorze ans, il l’a dompté un peu, mais il ne s’en libérera jamais complètement.
Puis arrive un autre changement de vie : Dominic devient père. Sa fille, curieuse et vive, commence à poser des questions sur sa jambe, sur cette « chose » qu’il porte, sa prothèse. Et c’est là, à travers ses yeux d’enfant, qu’il trouve une nouvelle force. Grâce à elle, il en vient enfin à porter des shorts en été, à se libérer peu à peu du regard des autres, à célébrer l’essentiel : la chance d’être encore en vie, avec toutes les embûches que cela implique.
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