Le déneigement sexiste, écrire en minuscules et un fraudeur amoureux repenti
Le déneigement sexiste, écrire en minuscules et un fraudeur amoureux repenti
Cette semaine, Gab s’intéresse à la nouvelle politique de déneigement de la ville de Montréal, Flo se demande pourquoi les jeunes haïssent les majuscules pis la ponctuation et elles accueillent leur collègue Marie-Ève Martel, qui a rencontré un ancien escroc repenti de la Côte d’Ivoire pour jaser de son passé criminel.
Florence : écrire en minuscules
Gab, cette semaine, j’avais envie de m’intéresser à une mode que j’ai déjà adoptée mais que j’ai abandonnée quand j’ai commencé à me sentir adulte : écrire sans majuscules ni ponctuation. Là ça peut avoir l’air anodin, la façon dont on écrit, mais selon un article du Guardian et ma source préférée TIKTOK, ça en dit pas mal plus sur nous que ce qu’on pense.
Depuis quoi, 2013-14, on dirait qu’on a décidé, collectivement, qu’écrire en minuscules, et oublier que les virgules pis les points ça existe, c’était juste plus cool. Écrire de façon grammaticalement correcte, c’est un peu une affaire réservée aux milléniaux, ou à nos textos à nos patrons ou nos courriels de job.
Les minuscules on en serait fans parce que ce serait pas juste plus beau visuellement, ce serait aussi plus rapide, mais surtout, plus relax. Beaucoup ont l’impression que quand ils sortent les lettres majuscules, ils sonnent plus formel, autoritaire – même fachés.
Tellement que la Gen Z préfère se donner le trouble de cliquer sur capslock pour les toutes occasions où elle veut mettre une lettre en majuscule plutôt que de retourner dans ses réglages pour réactiver l’option « capitalisation automatique ».
Écrire en minuscules c’est aussi un marqueur culturel. Y’a beaucoup d’artistes qui connaissent assez bien leur audience, qui se sont dit : « ma génération s’exprime en minuscules au quotidien, faq pourquoi pas créer en minuscules ». J’pense à Billie Eilish qui met pas de majuscules à plusieurs de ses titres de chanson ou Charlie XCX avec son album brat, écrit en minuscules, qu’on a vu partout dans la dernière année.
Pis là ça s’arrête pas là : y’a des marques, genre de vêtements ou de produits de soins personnels, qui ont décidé d’écrire leurs noms en minuscules, y’a des playlist Spotify aussi qui boudent les majuscules pour se donner un look plus jeune et cool.
Bref, ce genre de subtilités-là dans la façon dont on communique, en ligne, ce serait une façon de montrer à quelle génération on appartient pis c’est quoi notre ton. Toi Gab, tu écris en minuscules mais t’es une millénariale. Est-ce que c’est pour te sentir plus jeune?
Gabrielle : le déneigement sexiste
Avec toute la neige qui nous est tombée sur la tomate la semaine dernière, soit près de 74 cm en moins de 4 jours, je t’annonce qu’une nouvelle affaire est sexiste sans que tu ne le saches et j’ai nommé… le déneigement.
La neige ne discrimine personne, mais le déneigement lui, oui! Je ne te niaise pas : les femmes, les enfants et les personnes âgées ou à mobilité réduite sont souvent pénalisées par les stratégies de déneigement des villes.
Ce n’est pas une discrimination consciente : c’est plus que la majorité des personnes qui prennent les décisions d’aménagement urbain et de gestion du déneigement sont des hommes. Inconsciemment, ces gens-là prennent des décisions en fonction de leurs priorités, et de leur réalité.
Faut dire que les hommes et les femmes ne circulent pas de la même manière en ville : au Canada, les femmes font généralement plus de déplacements à pied ou en transport en commun que les hommes. Elles vont aussi avoir tendance à travailler plus près de leur domicile et à faire plus de déplacements sur de courtes distances, principalement pour des activités liées aux soins, aux enfants et aux commissions.
Parce que oui, au Canada, les femmes consacrent encore 1h de plus par jour que les hommes aux tâches non rémunérées, y compris le transport des enfants vers leurs activités comme l’école, les cours de soccer ou les rendez-vous médicaux.
Donc là j’en reviens au déneigement : dans la plupart des villes, on déneige d’abord les artères principales puis les rues résidentielles, et les trottoirs en dernier. Ça, ça veut dire que de se rendre au bureau via une grande rue, c’est plus facile que se rendre à pied à la garderie.
Tu vas probablement me demander : mais Gab, comment ça se passe ici à Montréal ? Eh bien en avril 2024, donc il y a moins d’un an, une nouvelle politique de déneigement a uniformisé et centralisé les stratégies de déneigement sur l’île. La priorité est maintenant accordée au déneigement des trottoirs pour les rendre sécuritaires à la circulation. Bonne nouvelle, quoi!
Pourtant, la priorité de déneigement reste aux grandes artères et aux rues commerciales (niveau 1) avant les rues locales (niveau 3). On déneige donc les trottoirs en même temps que les rues, mais on met l’accent sur les grandes rues avant les rues résidentielles.
C’est le premier hiver avec cette nouvelle méthode, donc les résultats restent à voir. On est dans une situation exceptionnelle en ce moment, c’est sûr, mais je me demande à quel point la nouvelle stratégie de la ville avantage réellement les personnes qui font la majorité de leurs déplacements à pied.