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Jean-Philippe Pleau : la vie en équilibre entre deux chaises
Jean-Philippe Pleau : la vie en équilibre entre deux chaises
Du succès en librairie à la scène, l'auteur de « Rue Duplessis » revient sur une année mouvementée.
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Lorsque Jean-Philippe Pleau a publié son livre « Rue Duplessis » chez Lux en avril 2024, il ne s’attendait pas à un tel engouement. Tiré initialement à 3 000 exemplaires, le roman autofictionnel s’est retrouvé en rupture de stock en seulement quatre jours. Ce récit, qui navigue entre introspection et critique sociale, a résonné chez d’innombrables lecteurs, en particulier parmi ceux qu’on qualifie de « transfuges de classe ». Pour Jean-Philippe, ce concept évoque son cheminement personnel, une transition entre des milieux sociaux et culturels différents. Cependant, il ne s’est jamais douté que son histoire, empreinte d’une singularité toute personnelle, trouverait un tel écho.
« Rue Duplessis » n’est pas seulement une œuvre littéraire : c’est aussi un point de départ pour des conversations profondes. L’auteur confie que le processus de dialogue avec son public lui a permis de mieux comprendre pourquoi son récit touche autant. Les lecteurs s’y reconnaissent à travers leur propre prisme, qu’il s’agisse d’un parcours économique, social ou culturel similaire ou simplement d’un rapport commun à la vulnérabilité et à la résilience.
Le théâtre comme miroir d’une histoire universelle
Le succès littéraire ne s’est pas arrêté là. Une adaptation théâtrale de « Rue Duplessis », mise en scène par Marie-Ève Milot et David Laurin, est présentée chez Duceppe jusqu’en octobre. Dans cette forme hybride mêlant théâtre et narration, Jean-Philippe monte sur scène non pas en tant qu’acteur traditionnel, mais comme une extension de lui-même. Pourtant, ce défi scénique n’a pas été sans obstacles. Ayant souffert de troubles de panique et d’agoraphobie par le passé, se produire devant un public de 800 personnes constitue une forme de thérapie autant qu’un engagement artistique.
« Je le fais pour moi, mais aussi pour les anxieux et anxieuses qui m’écrivent pour me dire à quel point mon livre leur a donné le courage de sortir de leur zone de confort, ne serait-ce qu’un peu », explique-t-il.
Malgré les doutes initiaux et les anxiétés parfois ravivées, ce projet théâtral se révèle une expérience salvatrice. « Chaque représentation me permet de m’alléger un peu plus, d’apprivoiser cette peur et d’en faire une force. »
Entre Anxiété, Authenticité et Intégrité
Au fil de l’entretien, Jean-Philippe Pleau met en lumière une série de transformations personnelles. L’anxiété, qui jadis le paralysait, trouve aujourd’hui une place dans sa vie. Il apprend à dialoguer avec elle, à la canaliser de manière constructive — un apprentissage qu’il applique également dans son rôle de père.
L’auteur et dramaturge insiste également sur l’importance de l’authenticité, tant dans sa vie professionnelle que personnelle. S’affranchir des jugements, accepter ses origines et réconcilier ses multiples identités sont devenus des moteurs essentiels dans son processus créatif.
Un appel à la réflexion collective
Jean-Philippe porte aussi, de manière assumée, une mission sociale. À travers ses œuvres, il questionne les notions d’inégalités et de mépris de classe tout en invitant à repenser notre rapport à l’autre. Il espère voir émerger une prise de conscience collective parmi les transfuges de classe, afin de créer une communauté solidaire et énergisée par des récits partagés.
Ses projets à venir ? Poursuivre cette exploration du dialogue par l’écriture et l’art, tout en répondant aux critiques — même les plus dures — avec ouverture et respect. En fin de compte, « Rue Duplessis » et son adaptation théâtrale symbolisent bien plus qu’un triomphe artistique : c’est une œuvre qui unit, inspire et transcende les barrières.
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