Notre-Dame du Stand-Up
Jason Beaulieu
Jason Beaulieu
Les pours et les contres d'être héroïnomane
Fraîchement diplômé de l’École nationale de l’humour, Jason Beaulieu a le vent dans les voiles : après avoir affronté la scène du Gong Show, il frôle maintenant celle de Notre-Dame du Stand-up pour le plaisir des employés d’URBANIA et d’une gang de perdus qui se demandaient quoi faire, un mardi soir, sur Notre-Dame. Bon, Jason est humoriste, mais on ne sait pas si c’est encore pour longtemps.
Dans un monde où l’inflation fait des acrobaties, les loyers grimpent comme des grimpeurs sous coke et les lendemains sont aussi incertains qu’un concert de jazz en improvisation libre, Jason Beaulieu débarque avec une philosophie de vie aussi douteuse que délirante : si tout foire, direction le dessous d’un pont, une seringue dans le bras et un petit solo de sax imaginaire.
Sur scène, Jason jongle avec l’absurde, flirte avec la dépression et nous fait mourir de rire avec son ton de prof de HEC qui aurait trop écouté Billie Holiday. Fraîchement sorti de l’École nationale de l’humour, il attaque 2025 avec un déni assumé et une passion douteuse pour les proverbes préfabriqués.
« Une mer calme ne fait pas de bons marins », dit-il, en parlant de l’état du monde. Puis, devant la crise économique, il enchaîne : « Mange ta main, garde l’autre pour demain. » Deux jours plus tard, il te reste deux moignons et aucun plan de secours.
Mais c’est quand il amorce son fameux « plan B » que Jason plonge dans le grotesque sublime : vivre en dessous d’un pont et se shooter à l’héroïne. Pas par désespoir total, non, par esthétisme. Il y voit un « petit côté romantique, un petit côté jazz ». Comme Billie Holiday, Chet Baker, Miles Davis… sauf Michael Bublé, qui, selon Jason, bénéficierait peut-être d’une petite pichenette d’opiacés pour pimenter ses albums de Noël.
Avec une logique implacable de gars en chute libre, mais avec le sourire, il dresse la liste des pour et des contre de son projet existentiel. Parmi les avantages : les rencontres spontanées (bonjour la sociabilité underground), redécouvrir l’art urbain (graffitis inclus), et une maîtrise zen du moment présent (merci, l’héro).
Mais la réalité le rattrape. Parce que sous un pont, c’est pas le spa de son appart avec diffuseur d’huiles essentielles et purificateur d’air. Parce que les dealers sont hypocrites, les toilettes se font nature et les beaux-parents ne sont pas trop fans du virage toxicomane. Et puis, faut pas oublier le danger de s’endormir dans le métro post-fix et se réveiller à la station Monk douze heures plus tard. Dommage collatéral de l’horaire flexible.
Bref, avec quatre avantages contre cinq inconvénients, la conclusion est sans appel : c’était une fausse bonne idée. Jason va devoir trouver un autre plan de vie, quelque chose entre l’humour noir et la résilience de quartier.
Parce que oui, on peut rire de tout, même de la galère, mais tant qu’à être dans la marde, aussi bien le dire en riant. Et Jason, lui, le dit avec le sourire en coin d’un gars qui a encore un peu d’espoir, même sous le pont.
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