GHB : De la fête à la perte de conscience, une drogue imprévisible
Le GHB, souvent surnommé « drogue du viol », est généralement associé aux agressions sexuelles en raison de sa capacité à rendre une victime vulnérable sans son consentement.
Mais au-delà de cette dimension criminelle, il a émergé dans les années 1990 comme une drogue festive, prisée dans les raves pour ses effets désinhibants. Ce dépresseur du système nerveux central, généralement consommé sous forme liquide ou en poudre, provoque une ivresse rapide et à faible coût, ce qui en fait un choix populaire pour ceux qui cherchent à amplifier leur expérience de la fête.
Cependant, la face sombre du GHB réside dans son imprévisibilité et son danger, surtout lorsqu’il est mélangé à de l’alcool. Facilement dissimulable en raison de son absence de couleur, d’odeur et de goût, son usage a été détourné pour en faire un outil insidieux dans les cas d’agressions sexuelles, souvent sans que la victime ne se rende compte qu’elle en a consommé. Une substance à plusieurs visages.
Pourtant, comme le souligne la docteure Marie-Ève Morin, spécialiste en dépendances, « 95 % des utilisateurs consomment du GHB de manière récréative, principalement pour danser ou alimenter leur sexualité. » Malgré cette utilisation plus commune, la dépendance à la substance peut s’installer rapidement, et ses effets peuvent varier considérablement en fonction de la dose, augmentant la notion de risque à chaque consommation.
La question du dosage est particulièrement délicate. Le GHB, ou son dérivé, le GBL, souvent fabriqué artisanalement, varie en concentration, rendant chaque dose incertaine.
Janie, une ancienne consommatrice issue de la scène nocturne LGBTQIA+, témoigne : « Le GHB procure les mêmes sensations que l’alcool, mais à moindre coût. Pourtant, chaque prise est un coup de dés, une mise en danger volontaire. » En effet, la fine frontière entre euphorie et perte de conscience expose les consommateurs à des comportements à risque, allant de relations sexuelles non protégées à des actions dont ils ne se souviendront peut-être pas.
Olivier Ferlatte, professeur à l’École de santé publique de l’Université de Montréal, ajoute que le GHB est également lié à la pratique du « chemsex », où des drogues comme le GHB, la kétamine ou le crystal meth sont utilisées pour prolonger et intensifier les rapports sexuels, un phénomène qui, bien qu’encore peu documenté au Québec, touche environ 12 % des hommes dans la communauté LGBTQIA+.
Bien que le GHB soit principalement utilisé dans des contextes récréatifs, ses dangers, qu’ils soient liés à la dépendance ou à ses effets sur la santé mentale ou physique, sont bien réels. Nombreux sont ceux ayant connu de mauvaises expériences après en avoir consommé.
Mettre davantage en garde contre ces risques pourrait aider à limiter les comportements imprudents, et à mieux encadrer ceux qui, conscients des dangers, choisissent tout de même de le consommer pour la fête ou dans le cadre d’un rapport sexuel.
Si vous souhaitez en apprendre davantage sur le sujet, l’épisode de la série documentaire Substances consacré au GHB est disponible dès maintenant sur la plateforme de Savoir Média juste ici.