Êtes-vous… hétérophobe?
On le sait, Internet adore une bonne polémique. Dernière en lice : le concept d’« hétérophobie ». Oui, vous avez bien lu. Ce terme étrange, qui ne désigne ni un parc aquatique ni une nouvelle mode de yoga, fait de plus en plus parler de lui. C’est l’artiste américaine Doechii, en plein succès musical, qui a lancé le débat lors d’une interview virale sur l’émission Hot Ones. Elle y a affirmé que pour elle, un certain comportement des hommes hétérosexuels constituait un red flag — autrement dit, un signal d’alarme à ne pas ignorer en amour. Et là, c’est le drame : une vague de réactions outrées, souvent masculines, l’a accusée d’« hétérophobie », un terme utilisé pour dénoncer des discriminations dont se diraient victimes les personnes hétérosexuelles.
Alors, discrimination pour les hétéros ? Vraiment ? Dans un monde où les luttes pour l’égalité se concentrent généralement sur les minorités, cette accusation peut sembler… décalée. Pourtant, selon certains, ces discriminations seraient bien réelles : se faire insulter en public pour avoir simplement tenu la main de son partenaire, ou pire, être catalogué comme un « red flag » lors d’une émission de dégustation de sauces piquantes (oui, ça existe). Le point de départ d’un débat qui agite les réseaux sociaux : comment concilier liberté d’expression, respect et sensibilités ?
Rappelons qu’il y a peu, une tendance TikTok virale révélait que beaucoup de femmes préfèreraient se retrouver seules en forêt avec un ours plutôt qu’avec un homme. Une image forte qui illustre bien la défiance envers certaines masculinités toxiques. De quoi comprendre que se faire cataloguer de « red flag » — expression à la mode pour désigner un comportement potentiellement dangereux ou toxique — puisse faire mal. Mais de là à y voir un complot contre tous les hétéros, il y a un pas que le bon sens invite à ne pas franchir.
Pourquoi cette colère alors ? Parce qu’au-delà de la simple « vexation », Doechii ne balance pas ces propos à la légère. En tant qu’artiste bisexuelle, elle ne déteste pas les hommes. Non, ce serait trop simple — et faux. Plus vraisemblablement, elle exprime un ras-le-bol des attentes et des comportements masculins qu’elle juge problématiques, notamment dans le cadre des relations amoureuses et sociales. Préférer fréquenter quelqu’un qui comprend sa réalité de femme queer sans avoir à faire un « PowerPoint de 28 slides » sur ses expériences, ça peut se comprendre. C’est un choix, pas un acte de haine.
L’emploi du terme « red flag » est d’ailleurs lié à la notion de danger potentiel, parfois de violences psychologiques ou physiques. Une mise en garde, pas une condamnation de tout un groupe. C’est un cri d’alarme face à des comportements répétitifs qui posent problème, comme on en voit souvent dans les profils de rencontre : « femme idéale doit peser tant », « ne pas sortir après telle heure », « être un 9 sur 10 en beauté », etc. Quand ces exigences deviennent des critères stricts et rigides, ne sont-elles pas elles-mêmes des red flags ?
Le débat ne se résume donc pas à une simple attaque contre les hétéros. C’est une invitation à écouter, à comprendre que certaines paroles peuvent heurter, mais qu’elles reflètent aussi des expériences vécues. Plutôt que de s’enfermer dans la colère, pourquoi ne pas essayer de se poser la question : qu’est-ce que ces mots disent vraiment ? Et surtout, comment améliorer les relations humaines, au-delà des clichés et des jugements faciles ?
Alors, hétérophobie ou signal d’alarme ? La réponse est peut-être dans la nuance — celle qui nous rappelle qu’une opinion, même vexante, peut aussi être légitime.