Est-ce que la musique d’ici joue dans nos magasins?
Est-ce que la musique d’ici joue dans nos magasins?
Le 4 mars dernier, l’animateur Sébastien Diaz lançait un défi à son ancien employeur, la Maison Simons, sur Instagram : jouer plus de la musique d’ici dans ses magasins. Un message qui a rapidement pris de l’ampleur à travers le Québec.
Notre journaliste Salomé Maari s’est rendue au centre-ville de Montréal pour rencontrer l’instigateur du mouvement. Ensemble, ils ont discuté de la résonance de son cri du cœur et sont allés faire une tournée des commerces canadiens, vérifier ce qui joue dans les haut-parleurs.
UNE RÉPONSE À LA GUERRE TARIFAIRE
Dans le contexte de la guerre tarifaire avec les États-Unis, l’animateur souligne que tout le monde en vient à se demander ce qu’il peut faire. « Oui, consommer local, mais c’est dur d’acheter local. C’est un peu abstrait et c’est plus grand que nous. Mais la musique, j’ai fait : il me semble que c’est quelque chose de tellement à la portée de tout le monde dans les magasins. »
De plus, alors qu’il a l’impression qu’on « est beaucoup dans la colère » face à l’incertitude du climat politique actuel, Sébastien Diaz a voulu amener quelque chose de positif. « Je pense que ça a résonné. »
DES ANNÉES PASSÉES DANS LES MAGASINS
Avant d’être animateur, réalisateur, monteur, producteur, compositeur et auteur, Sébastien Diaz a longtemps travaillé dans les magasins. Durant son temps comme vendeur et gérant, il a souvent remarqué le manque de musique canadienne et québécoise dans les commerces d’ici.
« Entre vendeurs, on se disait souvent : “C’est-tu moi ou on a l’impression d’être à Las Vegas ou à Miami en ce moment?” », se souvient-il.
Alors qu’il travaillait dans un magasin qu’il préfère ne pas nommer, il raconte avoir changé de poste de radio, voulant faire jouer de la musique locale. « On m’avait dit : “Enlève ça tout de suite. […] Ça fait pas vendre, la musique d’ici.” Pis ça, je t’avoue que ça fait 25 ans, je pense, que c’est arrivé, cette affaire-là. Je comprends toujours pas. »
L’animateur aimerait aussi que les magasins québécois puissent se différencier avec une ambiance musicale locale, que les clients puissent se sentir ici, à Montréal, et pas aux États-Unis. « J’ai l’impression qu’avec ça, on pourrait un petit peu retrouver une saveur puis une fierté locale. »
UN MESSAGE QUI A RÉSONNÉ JUSQU’AU SAGUENAY
Le cri du cœur de Sébastien Diaz a largement circulé, autant sur les réseaux sociaux que dans les médias.
L’animateur assure qu’il a reçu des milliers de réponses, majoritairement positives. « Au Saguenay, en Abitibi, plein de gens ont embarqué », dit-il, enjoué.
Le message a effectivement résonné jusqu’au Saguenay–Lac-Saint-Jean, où des centres commerciaux se sont mobilisés. La Place du Saguenay, le Centre Jonquière, le Centre Alma et le Carrefour Jeannois ont décidé de diffuser majoritairement de la musique québécoise et canadienne.
En entrant dans la succursale de la rue Sainte-Catherine de la Maison Simons avec Salomé, l’animateur doutait qu’il allait entendre de la musique locale. Mais contre toute attente, c’est un artiste montréalais que l’on pouvait entendre dans les haut-parleurs.
Son message semble donc avoir porté fruit.