Entrevue avec Pierre Lavoie : faire bouger les enfants en temps de grève
Entrevue avec Pierre Lavoie : faire bouger les enfants en temps de grève
Le Grand sportif québécois incite les parents à faire sortir les jeunes dehors.
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Avec la grève des employés de la fonction publique qui est en cours depuis mardi le 21 novembre et les écoles qui ne peuvent plus recevoir leurs élèves pour une durée indéterminée, la plupart des enfants se retrouvent à la maison. Vacances forcées, flashback de pandémie ; la sédentarisation guette ces jeunes privés des cours d’éducation physique et des récréations à l’extérieur qui les forcent habituellement à bouger.
J’ai donc décidé d’aller en parler avec Pierre Lavoie qui, tout en appuyant le mouvement des employés de la fonction publique, souligne l’importance de continuer à faire sortir les enfants dehors, puisque bouger est l’un des facteurs primordiaux de leur épanouissement. Il mentionne notamment qu’il y a des fenêtres de développement chez les enfants, et qu’une fois que celui-ci grandit, le moment est perdu à jamais. Les apprentissages deviennent difficiles à rattraper. « Bouger, c’est inné », dit-il, en ajoutant que le développement de la littératie physique globale à un jeune âge est essentiel puisqu’il apprend aux enfants à aimer à bouger pour le reste de leur vie. « Et je ne parle pas de spécialisation dans un sport comme le hockey, le plongeon ou le baseball, je parle du mouvement en général. Il faut donner aux enfants des éléments de base à mettre dans leurs coffres à outils. »
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Une publication partagée par Le Grand défi Pierre Lavoie (@granddefipierrelavoie)
Pierre Lavoie encourage donc les grands-parents qui garderont leurs petits-enfants cette semaine à les emmener dehors et à exploiter le grand terrain de jeu qu’est l’extérieur. Il en profite pour ajouter que selon lui, au Québec, on n’utilise pas assez le « dehors », et que les professeurs d’éducation physique devraient penser à faire leurs cours au grand air plus souvent. « Un gymnase, ça coûte cher. Au Québec, on a 2300 écoles primaires et 650 écoles secondaires. On ne peut pas faire un gymnase pour chacune des écoles, on n’a pas les moyens. Mais l’extérieur, c’est gratuit. Alors, sortons dehors », propose-t-il avant de citer cet exemple : « Je viens de prendre une marche d’une heure et demi avec mon chien. Mon chien et moi, dans un gymnase, on se serait ennuyés. Mais dehors, c’était extraordinaire. »
Pour motiver les enfants à bouger malgré l’emprise qu’ont les écrans sur eux, Pierre suggère de mettre l’activité physique à l’horaire de la journée. Ainsi, on lui réserve du temps et on programme les sorties. Il ajoute : « il faut être psychologue, dans le sport. Les motivations intrinsèques d’un jeune, c’est le plaisir et les amis. » Si ces deux facteurs sont présents lors des sorties, on met toutes les chances de notre côté pour que les enfants veuillent bouger. Selon le sportif, les jeunes devraient être actifs au moins une heure par jour. Et les habituer tôt à aimer bouger, c’est leur apprendre à le faire pour la vie.
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Pierre demeure conscient que ce n’est pas à la portée de tous, de prioriser l’activité physique pendant la grève, et que ce ne sont pas tous les environnements qui y sont favorables. Comme le système d’éducation a un grand rôle à jouer dans le développement des aptitudes physiques des jeunes, il espère une résolution rapide du conflit. « La force du Québec, c’est son système d’éducation et ce, depuis 1960. À l’époque, on avait appelé ça la Révolution Tranquille. Aujourd’hui, je pense qu’il faut faire une mini Révolution Tranquille. Il faut réinvestir massivement en éducation, parce que c’est comme ça que tu corriges tes problèmes de société. »
« Consolidons le système d’éducation et les gens qui la prodiguent. Si le personnel scolaire est bien traité, après ils sont plus aptes à faire passer le message environnemental et à transmettre des bonnes habitudes de vie à leurs élèves. Les enseignants ont besoin d’être soutenus par la société québécoise. »