Du death metal contre la fonderie Horne
C’est avec des chansons comme « Capitale de l’Arsenic » et « Glencorruption » que Simon Turcotte crie sa colère envers la Fonderie Horne. Le chanteur et bassiste du groupe de death metal abitibien Guhn Twei milite sans relâche contre l’entreprise de Rouyn pointée du doigt depuis des années en raison de la pollution qu’elle génère.
Guhn Twei : du métal, du militantisme, puis un peu d’arsenic
Quand Simon monte sur scène avec Guhn Twei, c’est pas juste pour crier dans un micro. C’est pour crier contre quelque chose. Contre la pollution. Contre le silence. Contre une Fonderie qui empoisonne l’air et les gens de Rouyn-Noranda depuis des décennies.
Et dans son cas, c’est pas une métaphore. C’est un gars qui a eu cinq tumeurs, puis qui a fini par perdre une jambe. Le métal, chez lui, c’est pas juste un style. C’est sa façon de pas virer fou.
« J’ai eu le cancer. J’suis rendu amputé à cause de ça. J’veux juste que personne vive ce que j’ai vécu. »
C’est dit. Et ça dérange.
Vivre à 600 mètres de la Fonderie Horne
Dans les chansons de Guhn Twei, on ne respire pas la liberté. On respire le soufre, littéralement. Quand le vent est dans le mauvais sens, tu te réveilles avec un goût d’allumette dans la bouche. « Ça goûte la mine », comme ils disent là-bas.
Rouyn-Noranda, c’est une ville construite autour d’une mine, par une minière. Noranda Mines. Et ça paraît encore. La fierté locale a des relents de poussière toxique.
« Quand tu critiques ça, les gens, y le prennent personnel. »
Simon, lui, a travaillé à la Fonderie. Il venait de lâcher l’école, il avait besoin d’argent, et il n’avait pas cinquante options. Il comprend ceux qui ne parlent pas trop pour garder leur job. Parce que quand on a juste un secondaire 2, c’est tough d’aller ailleurs.
Un groupe censuré, puis célébré
Guhn Twei, c’est pas le genre de band qu’on invite à un party d’entreprise. L’année passée, ils se sont fait annuler d’un festival, puis menacer de mort après leur clip « Capitale de l’arsenic ». Quelqu’un leur a même écrit à Simon qu’il allait lui couper l’autre jambe.
Puis, ironie de la vie, le même band a gagné l’album métal de l’année au GAMIQ. Mais même là, Simon a mangé une claque : il s’est planté en montant sur scène, rattrapé par le stress, les souvenirs d’hôpitaux pis le fantôme de ce qu’il a vécu.
« Tu viens de te planter, c’est juste le handicap. T’es plus au GAMIQ, t’es revenu à l’hôpital dans ta tête. »
Guérir en hurlant
Les textes de Guhn Twei, Simon les a écrits couché sur un lit d’hôpital, entre deux traitements. Son band, c’est son cri de rage, son cri de vie. Son moyen de rester debout, même avec une jambe en moins.
Et malgré tout, il sourit.
« Partir en tournée, jouer partout au Québec, même si c’est dark… C’est le fun. C’est mon fun à moi. »
Pis ça fait du bien de l’écouter, ce cri-là. Parce que ce qu’il vit à Rouyn, ça se vit aussi ailleurs. Des Fonderie Horne, y en a partout.