Depuis quand tout le monde est obsédé par le skincare?
C’est nous ou bien tout le monde est rendu complètement obsédé par les soins de la peau?
Sur TikTok, Instagram et YouTube, les célébrités ainsi que les jeunes des générations millennial, Z et Alpha dévoilent compulsivement les secrets de leur routine miracle.
Rétinol, glass skin, essence d’escargot, produits coréens, niacinamide, clean girl makeup : qu’est-ce qui se cache derrière la quête de la peau parfaite?
Le « skincare » : entre rituel de soin et machine à cash
Depuis quelques années, le « skincare » s’est transformé en phénomène de société. Ce qui était jadis une simple routine pour nettoyer son visage est aujourd’hui une industrie de 144 milliards de dollars, propulsée par des tendances virales et des influenceurs qui nous vendent l’idée d’une peau parfaite. Mais à quel prix?
La montée en flèche du culte du « self-care »
Pendant la pandémie, le « self-care » est devenu un incontournable, et avec lui, la folie des routines de soins de la peau. Selon les données, le marché atteindra 186 milliards de dollars d’ici 2028. Des mots-clics comme « skincare routine » explosent sur TikTok, amassant des milliards de vues. En 2023, même les routines de Selena Gomez figuraient parmi les contenus les plus vus sur la plateforme.
Gabrielle, une Montréalaise de 25 ans, témoigne de cette frénésie : « Je vois une essence d’escargot sur TikTok? Hop, dans le panier! Des fois, c’est impulsif, je réfléchis même pas. » Pour elle, le « skincare » a commencé par un complexe lié à l’acné. Après avoir essayé toutes les crèmes imaginables – et même le médicament Accutane –, prendre soin de sa peau est devenu un réflexe quotidien.
Mais cet engouement peut vite tourner à l’obsession. Sandrine, 16 ans, l’admet : « Dans ma tête, avoir une belle peau, ça va me rendre plus belle. Mais quand ça va pas, je capote. » À son âge, le regard des autres est omniprésent, et l’acné peut devenir un poids énorme. « C’est dans ta face, c’est la première chose que les gens voient », ajoute Alexandra, 18 ans.
Une industrie qui carbure sur nos insécurités
Pierre-Marc Hurtubise, bachelier en chimie cosméceutique, est bien placé pour décortiquer cette machine à cash. « Les marques exploitent notre manque d’éducation et nous bombardent de produits qu’on pense essentiels. La vérité, c’est que la peau a besoin de trois choses : être nettoyée, hydratée et protégée du soleil. Le reste, c’est comme du gravy sur ta poutine. »
L’expert souligne également un problème de transparence. Entre collaborations payées par des marques et promesses de résultats miracles, il est difficile de s’y retrouver. « L’industrie manque de rigueur scientifique. Une nouvelle tendance apparaît chaque semaine, mais la science, elle, ne va pas aussi vite. »
Un équilibre fragile entre rituel et consommation
Pour plusieurs, le « skincare » reste un moment de pause bénéfique. Léa Bégin, maquilleuse et fondatrice de Beauties Lab, croit en son pouvoir apaisant : « Prendre soin de soi, c’est ramener son énergie vers soi après une journée où on l’a donnée à tout le monde. »
Cependant, elle garde un pied sur le frein. « C’est facile de créer des complexes en beauté. Si je te propose un cache-cernes alors que t’as jamais remarqué tes cernes, je viens de t’en donner un. »
Finalement, le « skincare » est autant une quête personnelle qu’un piège marketing. La morale? Garder un esprit critique. Comme Gabrielle le dit si bien : « Tu peux pas acheter tout ce que tu vois sur TikTok, sinon t’es perdue. »
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