Chronique
Comprendre le « Liberation Day »
Le grand retour du « America First »
Mercredi 2 avril, Donald Trump a prononcé un discours enflammé devant un parterre d’ouvriers de l’industrie automobile à Détroit. Avec un ton mi-nationaliste, mi-provocateur, il a proclamé cette date comme le « Liberation Day » : une journée censée marquer le renouveau économique des États-Unis. À grand renfort de rhétorique patriote, l’ancien président a dévoilé un plan économique visant un objectif clair : taxer massivement les importations pour relancer l’industrie locale.
Son plan? Imposer des droits de douane d’au moins 10 % sur tous les produits venant de l’étranger, avec des taux différenciés selon les pays : 20 % pour les produits européens, 24 % pour ceux du Japon, 34 % pour la Chine… Petite exception notable : le Canada et le Mexique restent relativement épargnés. C’est le retour fracassant du « America First ».
Une thérapie de choc pour soigner l’économie US
Selon Trump, cette pluie de taxes douanières permettra de rapatrier des usines, relancer la production nationale, rembourser la colossale dette américaine… et remplir les caisses de Washington. Le tout, en exploitant la position des États-Unis en tant que plus grand marché mondial.
Mais derrière ce volontarisme affiché, la réaction du monde économique est loin d’être unanime. De nombreux économistes, y compris dans les rangs républicains, tirent la sonnette d’alarme. Ils pointent les effets secondaires : flambée des prix, inflation galopante, perte de pouvoir d’achat, ralentissement économique et même… menace de récession.
Un exemple concret dans votre panier ricain
Prenons une simple bouteille de vin français. Avant le Liberation Day, une bouteille de 10 $ subissait une taxe négligeable d’environ 20 cents. Aujourd’hui, c’est une surtaxe de 2 $ qui s’applique. Résultat : cette bouteille se retrouvera à 18 ou 20 $ chez votre caviste, contre 15 $ la veille.
Mais ne vous y trompez pas : ce n’est pas le vigneron français ou Emmanuel Macron qui paie cette taxe, c’est bien l’importateur américain. Ensuite, la facture grimpe à chaque étape de la distribution… jusqu’à atteindre votre portefeuille. Conclusion : pour la même bouteille, vous allez payer plus cher ou vous tourner vers un vin californien, non taxé.
Bienvenue dans le nouveau visage du protectionnisme.
Un impact mondial, une poudrière prête à s’enflammer
Ce protectionnisme ne s’arrête pas au vin. Voitures japonaises, vêtements vietnamiens, café colombien, cosmétiques européens, pièces automobiles mexicaines… tous les produits étrangers sont dans le viseur américain. Et ce sont les consommateurs américains — notamment les plus modestes — qui verront leur pouvoir d’achat fondre.
Mais au-delà des frontières américaines, ce Liberation Day a fait réagir les marchés. Premiers signes : chutes boursières et tensions diplomatiques. Car si les États-Unis frappent, les autres pays pourraient bien riposter. Et c’est peut-être là que réside le plus grand danger : une montée des représailles commerciales et l’émergence d’une véritable guerre commerciale mondiale.
Derrière les slogans aux accents de superproduction hollywoodienne, les conséquences du Liberation Day risquent d’être bien réelles. Si les prochaines semaines confirment cette escalade, le monde entier pourrait en ressentir les secousses. Vous voilà prévenus.

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