Courrier recommandé
Claudia Bouvette et Lou-Adriane Cassidy
Claudia Bouvette et Lou-Adriane Cassidy
« J'ai vraiment réalisé mes rêves qui étaient de vivre de ma musique »
Lou-Adriane Cassidy et Claudia Bouvette : deux musiciennes pleines d’affinités, mais complètement différentes. Elles ont discuté de leurs rêves brisés, de leur côté un peu provocateur et de comment elles envisagent le fait de vieillir.
Le passé orthodontique comme symbole d’insécurité
« J’avais des broches », lance Lou-Adriane Cassidy, immédiatement suivie de souvenirs gênants de sourire forcé, lèvres contractées pour cacher les broches brillantes et les lunettes imposantes. Ce retour dans le passé adolescent, teinté de maladresse, d’image de soi fracturée, et de désir d’être vue, trace les contours d’une jeunesse à la fois banale et marquante. « Je voulais avoir de l’attention », confesse Claudia Bouvette, qui adorait avoir des broches et des lunettes. Des accessoires involontaires de l’adolescence qui deviennent, avec le recul, des symboles d’une quête d’amour et d’acceptation.
Il est fascinant de voir comment ces éléments – les broches, les lunettes, les vêtements, nos goûts musicaux d’ado – finissent par tisser une cartographie émotionnelle de nos jeunes années. Pour plusieurs d’entre vous, ce sont peut-être les premiers frenchs à la bouteille, le sentiment d’être « en retard » sur les autres, ou l’excitation d’un spectacle scolaire qui se grave dans la mémoire comme de vrais jalons identitaires.
L’alignement des étoiles… ou des albums
Entre deux confessions, Lou-Adriane et Claudia réalisent un détail limite troublant : leurs albums respectifs s’intitulent Journal d’un loup-garou et Diary for the Lonely Hearts. Deux journaux intimes musicaux, deux univers personnels, nés de la solitude, de la vulnérabilité et peut-être de leur signe astrologique commun : Cancer. Ce lien inattendu renforce une chose : l’art, au-delà de son esthétique, peut devenir un espace en soi, une extension de nos carnets personnels, là où l’intime devient un outil de communication universelle.
Des rêves réalisés… et d’autres mis de côté
Oui, certains rêves se concrétisent. Accompagner Hubert Lenoir sur scène à 21 ans, c’est grand. « Je voulais aller à Broadway », ajoute Lou-Adriane, qui s’identifiait jadis à Rachel de Glee. Mais il y a aussi des rêves brisés, doucement laissés de côté — comme devenir une danseuse de hip-hop qui freestyle sur une piste. « Je me suis trouvée un peu lame », avoue Claudia Bouvette. Le saut vers l’inconnu, vers une scène où l’on n’est pas encore expert·e, demeure souvent inaccessible quand le doute nous freine.
Vieillir, mais comment ?
Arrivées à la question : « De quoi aurons-nous l’air à 70 ans ? », les visions divergent. L’une rêve de campagne, de poterie, de pieds dans un ruisseau et d’un sentiment de paix. L’autre pense d’abord à son apparence. Elle souhaite incarner un vieillissement naturel, à l’image de Céline Dion qu’elle admire pour sa transparence — linéaire, mais sans excès. La transformation physique, Lou-Adriane l’appréhende : « J’ai une nouvelle ligne dans la face… c’est très confrontant », dit-elle.
Cette discussion fait apparaître un souhait que plusieurs d’entre vous partagez : celui de vieillir sans renier la personne que vous avez été, tout en acceptant celle que vous devenez. Dans un monde souvent obsédé par l’apparence, l’idée de revendiquer son âge, dans toute sa complexité, devient en soi un acte de résistance.
Confrontation ou expression ?
Être artiste, est-ce provoquer ou s’exprimer ? Claudia Bouvette navigue entre impulsion intérieure et réponse aux attentes sociales, admettant que son passage dans le système médiatique dès l’adolescence (ah, Mixmania!) a sans doute freiné un potentiel côté « trash ». Lou-Adriane se décrit foncièrement en réaction. Pour elles, la confrontation n’est pas un objectif, mais parfois un passage obligé pour reconquérir la narration de leur propre histoire. Provocation assumée ou affirmation discrète, les deux manières ont leur place comme outils de survie créative.
Adolescence : le berceau de l’identité
Terminons avec trois mots qui résument leurs jeunesses respectives : « Trouble de l’opposition », « hyperactive », « gang d’amis » pour Claudia ; « gêne extrême », « insécure », « musique » pour Lou-Adriane. Car c’est souvent à cette période que se cristallise notre sensibilité, notre besoin de comprendre le monde, et surtout de s’y implanter.
Une chose reste claire : que ce soit devant une foule, au bord d’un ruisseau ou seule dans son salon, la quête reste la même — ressentir, créer, et à travers cela, se retrouver. Vous aussi, peut-être, portez en vous ces journaux intimes déguisés en rêves, en souvenirs ou en rides.
Identifiez-vous! (c’est gratuit)
Soyez le premier à commenter!