Bonjour! La Terre crame!
Apprendre en 2024 était l’année la plus chaude jamais enregistrée depuis 1880 n’a peut-être pas suffi à nous mettre la puce à l’oreille. C’est pourquoi, depuis début 2025, la nature n’a de cesse de nous envoyer des signes plus alarmants les uns que les autres, des fois que nous serions tentés de continuer à faire l’autruche.
Au Québec, ces indices de perturbations climatiques croissantes ont pris la forme d’apparition de neige en dehors des périodes habituelles ainsi que d’un grand froid qui, partout dans les médias, prendra le brave nom de « vortex polaire ». Chez nos voisins du Sud, ces signes ont pris la forme d’incendies de forêt ravageant dès janvier la Californie bien qu’en temps normaux, ils ne commencent à frapper qu’aux premières heures de l’été.
Mais ces dérèglements nous concernent finalement tous, qu’importe où l’on se trouve sur le globe, qu’importe si l’on nie l’existence même d’un globe et de sa dégradation à vue d’œil, ou que l’on perçoive les enjeux liés à l’environnement comme un privilège réservé à ceux qui auraient le temps et les moyens de s’en soucier.
L’argument du désintérêt écologique pour des questions de privilèges reste toutefois intéressant à creuser, en particulier lorsque tous les enjeux ayant trait à la Terre mourante sont souvent considérés comme des « trucs de Blancs » ou des « trucs de riches » au sein de certaines minorités ethniques ou sociales.
Peu de chance, en effet, qu’une quelconque campagne de sensibilisation fonctionne au sein de communautés aux vies conditionnées par des luttes immédiates pour la sécurité financière et le bien-être familial.
Là où la survie quotidienne prime, l’écologie ne peut donc être érigée qu’au rang de luxe.
Une part de cette résistance à la lutte environnementale provient également d’un sentiment de responsabilisation injuste que ressentent nombre de personnes originaires de pays en développement. « Pourquoi sommes-nous faits responsables d’un désastre écologique qui est bien plus made in USA et autres pays occidentaux bien plus riches que nous? », se demande-t-il.
Et à raison, bien souvent ; rien qu’en 2020, la revue américaine Science Advances décernait aux États-Unis la couronne mondiale de la pollution.
« Ces résultats contredisent l’idée largement répandue selon laquelle le problème mondial de la pollution plastique est dû aux pays asiatiques, dont la Chine, l’Indonésie, les Philippines, la Thaïlande et le Vietnam. […] Les pays riches comme les États-Unis expédient souvent leurs déchets à l’étranger, vers des pays à faible revenu qui ne disposent pas de méthodes de recyclage adéquates », analyse également la revue Yale Environment 360.
Mais le contraste devient plus frappant encore lorsque l’on considère cette fois-ci les pays où des pratiques écologiques sont déjà bien établies ; comme en Tanzanie et au Maroc, par exemple, où l’utilisation de sacs plastiques a été interdite bien avant la pandémie, et le recyclage est plus systématique que dans les pays plus développés. Tout ceci vient contredire l’idée d’un retard en matière d’écologie.
Pour que le message de prévention écologique ne soit pas que des mots sans échos, mais invite à de réels changements, il est donc important de le rendre le plus adapté possible à diverses réalités culturelles et historiques, afin que la discussion cruciale d’une Terre à collectivement ne laisse personne de côté.