Reportage
Avant la finale : les coulisses des feux d’artifice
Avant la finale : les coulisses des feux d’artifice
Immersion chez les artificiers de l’International des Feux Loto-Québec
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Chaque été depuis 39 ans, les Montréalais lèvent les yeux vers le ciel. Et pendant quelques minutes suspendues, la nuit s’embrase sous les feux de l’International des Feux Loto-Québec, présenté à La Ronde. Mais derrière les « wow » du public se cache un chantier d’envergure, une chorégraphie de câbles, de poudre et de stress millimétré. Car transformer le ciel en ovation demande des mois, voire des années de travail.
Cet été, on a suivi les pas de Blue Star Pyro, firme canadienne chargée de représenter le pays à ce que plusieurs considèrent comme la plus grande compétition pyrotechnique au monde. Un événement qui rassemble six nations, chacune venue rivaliser d’inventivité pour remporter les grands honneurs. Mais avant d’impressionner, il faut planifier. Imaginer le concept, choisir les effets, concevoir la trame musicale, puis traduire tout ça en une suite de commandes précises. Un feu d’artifice de 30 minutes, c’est plus de 3 000 déclenchements, parfois à la fraction de seconde près. Et tout doit être parfaitement synchronisé.
« C’est un peu notre laboratoire », confie un membre de l’équipe. « On y teste de nouvelles idées, de nouveaux effets, des agencements qu’on n’oserait pas ailleurs. » Le ciel de Montréal devient ainsi un canevas géant où l’art pyrotechnique flirte avec l’expérimental.
Sur le site, c’est une fourmilière. Des centaines de mètres de câbles, des kilomètres de fils électriques, des plateformes flottantes disposées sur le fleuve, chacune reliée à une console de tir. C’est là, dans la régie, que tout se joue. Une horloge centrale orchestre le tir automatique des projectiles, coordonné à la bande-son. Et même si tout est programmé, les techniciens gardent l’œil collé aux écrans. Le moindre court-circuit, une alerte système, et la magie peut virer au silence, ou au chaos.
Il faut composer avec l’humidité, les vents capricieux, les délais serrés. Parfois, les tests doivent être refaits en urgence. Les pièces arrivent du Japon, d’Italie, de Chine, emballées avec soin. Chacune a ses propriétés, son éclat, sa durée, sa couleur. L’équipe les connaît comme on connaît une palette de peinture.
Le budget ? Environ 200 000 dollars pour une seule soirée. Un montant qui reflète l’ampleur du défi : logistique, artistique, technologique. Et émotionnel, aussi. Car même après des années d’expérience, les membres de l’équipe avouent avoir des papillons dans le ventre. L’instant est toujours fragile. Quand le décompte s’enclenche – 5, 4, 3, 2, 1 – il n’y a plus de retour en arrière.
Et puis, la nuit s’illumine. Le ciel se gorge de couleurs. Le rythme des explosions épouse la musique, le public retient son souffle. Pendant trente minutes, c’est l’émerveillement. Puis, tout retombe.
Pour le public, le feu est terminé. Mais pour ceux qui l’ont imaginé, il est l’aboutissement d’un an et demi de travail. Une œuvre éphémère, partie en fumée, mais gravée dans la mémoire de ceux qui l’ont vue… et construite.
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